
Indécence, BCE et crowdfunding : les 3 actus de Céline Mahinc
C’est à la Financia Business School à Paris, où elle enseigne l’investissement immobilier, que la rédaction a rencontré Céline Mahinc, dirigeante du cabinet Eden Finances (basé à St Germain Laprade) et vice-présidente de l’Anacofi-Immo. Elle est revenue sur les trois actualités du mois qu’il ne fallait pas louper selon elle.
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La Cour de Cassation statue sur l’indécence d’un logement
La conseillère en gestion de patrimoine est d’abord revenue sur un arrêt de la Cour de Cassation rendu le 16 mai dernier. Il stipule que la décence d’un logement doit être considérée tout au long de la vie du bail et non uniquement à sa signature.
«Jusqu’à présent, on nous disait l’inverse, a souligné Céline Mahinc. La décence du logement n’était considérée qu’à la signature du bail, à son renouvellement ou au changement de locataire. Les conséquences de cet arrêt peuvent être très lourdes pour les bailleurs».
Si le sujet peut sembler technique, il concerne effectivement des millions de ménages puisque la France compte à ce jour tours un peu plus de 5 millions de passoires thermiques sur son territoire (logements présentant un diagnostic de performance énergétique compris entre G et E).
La BCE critique les banques françaises
Céline Mahinc est revenue sur deux communications de la Banque centrale européenne (BCE). Le premier, un rapport publié en mai, relevait que 40% des crédits immobiliers européens ne respectaient pas la directive européenne de 2016, «instaurée pour apporter plus de transparence et d’accompagnement pour les emprunteurs», a expliqué Céline Mahinc. Elle impose notamment aux banques de recourir à un expert immobilier indépendant pour mener une expertise du bien visé par l’emprunteur en cas de doute sur sa valeur.
«Il ne s’agit donc pas d’une obligation systématique, a appuyé la vice-présidente de l’Anacofi-Immo. La BCE ne tient pas compte de la spécificité du système français : nos banques prêtent en fonction du taux d’effort des emprunteurs et très largement à taux fixes. De plus, le texte de loi qui définissait ce qu’est un «expert immobilier» a été abrogé ».
Les banques françaises ont également répondu par l’intermédiaire de leur fédération : «La BCE généralise la situation des crédits immobiliers à l’échelle européenne sans prendre en compte les spécificités nationales des différents marchés, pourtant structurantes», a ainsi écrit la Fédération des banques françaises.
La BCE reproche également aux banques de ne pas assez prendre en compte le risque climatique dans l’octroi de crédit immobilier. «Cette obligation touche toutes les catégories d’emprunteurs, de l’acheteur d’une résidence principale à l’investisseur, a rappelé Céline Mahinc. Pour certains projets, les banques demandent déjà d’avoir de l’épargne disponible, en plus de l’apport personnel, pour mener des travaux de rénovation énergétique ». Elle a également relevé une directive adoptée par le Parlement européenne en mars 2023, qui impose aux propriétaires de passoires thermiques (logements F et G), y compris ceux habitant leurs biens, d’atteindre une meilleure note de DPE (E d’ici 2030 et D dès 2033).
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FPF rejoint France FinTech
L’association des acteurs du crowdfunding, Financement Participatif France (FPF), a rejoint France FinTech. Céline Mahinc a salué une bonne nouvelle qui donnera davantage de moyens au secteur pour faire porter sa voix.
Elle est également revenue sur les critiques qui pèsent sur certaines plateformes notamment celles spécialisées en immobilier. Confrontés au retournement des marchés et aux retards du remboursement des projets, les investisseurs ont la dent de plus en plus dure. Ils pointent du doigt des équipes commerciales à la qualité inégale et s’étonnent du financement de certains acteurs qu’ils estiment peu fiables après coups.
«Il est normal que les défauts augmentent en crowdfunding car ils augmentent sur le marché sous-jacent qu’est l’immobilier. Les business plans d’opérations lancées avant le retournement ne tiennent plus », défend Céline Mahinc. Elle invite à regarder le marché avec davantage de recul : « l est possible qu’il y ait eu des ratés sur les 1.500 projets financés. Mais au fil des années les plateformes ont grandi avec la règlementation, augmenté leur sélectivité, accentué leurs compétences et diversifié leur offre», avance-t-elle.
D’autant que les acteurs ont dû gérer, en parallèle, leurs demandes d’agréments du nouveau statut européen de Prestataire de services en financement participatif (PSFP), qui a fait un gros tri.
Retrouvez l'émission intégrale de juin ici.
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Gouvernement socialiste après Bayrou ? Les espoirs ténus du PS face à l'impasse politique
Paris - Olivier Faure y croit-il vraiment ? La probabilité qu’un gouvernement socialiste remplace celui de François Bayrou semble mince face aux macronistes, vent debout contre la suspension de la réforme des retraites promise par le PS, et à l’hostilité de La France insoumise, qui les rend encore plus vulnérables à l’Assemblée. Après la probable chute du gouvernement Bayrou lundi, le Parti socialiste veut croire que le président de la République Emmanuel Macron nommera enfin un Premier ministre issu de ses rangs, «seule solution pour une sortie de crise» dans un contexte social «éruptif», et alors que la gauche est arrivée en tête des législatives anticipées de 2024, souligne le secrétaire général du parti, Pierre Jouvet. L’hypothèse a pris de l'épaisseur jeudi, lorsque le patron des députés LR Laurent Wauquiez a promis de ne pas censurer a priori un gouvernement de gauche, sans ministres LFI. Mais l’assise d’un tel gouvernement serait bien mince, alors que La France insoumise, qui réclame elle la destitution du chef de l’Etat, affirme qu’elle ne soutiendra pas un gouvernement socialiste. Socialistes, Ecologistes et communistes représentent quelque 120 députés sur 577. Le parti d’Olivier Faure refuse de croire que LFI irait jusqu'à censurer un gouvernement de gauche. «Comment iront-ils (le) défendre devant leurs électeurs ?», demande Pierre Jouvet. Car il ne s’agit pas pour le PS de former une coalition gouvernementale avec une partie de la macronie. Olivier Faure répète qu’il veut «un gouvernement de gauche», avec ses partenaires du Nouveau Front populaire mais sans LFI, pour proposer une politique de gauche, dont écologistes et communistes seraient «les vigies exigeantes», selon M. Jouvet. Sans majorité à l’Assemblée nationale -comme les gouvernements précédents- Olivier Faure propose de «changer de méthode», et de ne pas recourir au 49.3, ce qui obligera la gauche à des compromis, notamment avec les centristes, pour faire passer ses mesures. De quoi énerver François Bayrou, qui lui reproche de vouloir le faire tomber, pour ensuite tenter de négocier avec lui une non censure. «Des baffes sur les marchés» Mais dans le bloc central, l’hypothèse d’un Premier ministre PS est examinée, Emmanuel Macron ayant enjoint aux chefs de sa coalition gouvernementale de «travailler avec les socialistes». Le parti à la rose, qui rappelle, schéma à l’appui sur les réseaux sociaux, qu’il a dans l’histoire «toujours relevé les comptes du pays», défend la crédibilité de ses propositions budgétaires, prévoyant de réduire le déficit de 21,7 milliards d’euros en 2026, moitié moins que les 44 milliards proposés par François Bayrou. Au sein du socle commun, certains saluent une évolution. «Ils essaient de proposer un chemin qui leur est propre, qui n’est pas le programme du NFP» et «fait quand même de la réduction des déficits publics un impératif», remarque le député Renaissance Mathieu Lefèvre. Mais certains marqueurs de gauche, comme la suspension immédiatement de la réforme des retraites avant un retour à l'âge de départ à 62 ans sont vus comme des lignes rouges par le bloc central. «Il y a des choses sur lesquelles les nôtres ou les LR ne transigeront pas», comme les retraites, après avoir «pendant trois ans pris des baffes sur les marchés» sans changer d’avis, souligne un cadre Renaissance. «Revenir stricto sensu sur la retraite à 62 ans, sans poser une équation valable qui permet de boucher le déficit inhérent à cette mesure, ça ne tient pas», argumente le président du groupe Horizons à l’Assemblée, Paul Christophe, sans exclure son soutien si un équilibre financier est trouvé. Le président de la République est sans doute le moins prêt à accepter de revenir sur cette réforme. Sans écarter absolument la nomination d’un socialiste à Matignon, ses proches laissent plutôt filtrer ces dernier jours sa volonté de choisir une personnalité «dans sa zone de confort» mais qui sache négocier une non censure avec le PS. Ce scénario pourrait-il trouver grâce aux yeux des socialistes ? S’exprimant sous couvert d’anonymat, à l’heure où le PS s’efforce de faire monter les enchères dans son mano a mano avec le bloc central, un député reconnaît q’"il y a un risque de s’abîmer» au pouvoir pour le parti. Cécile AZZARO et Stéphanie LEROUGE © Agence France-Presse