
Les trois actualités de Christophe Brochard : les SCPI en berne, les risques de la loi industrie verte et le nouveau remboursement de H20 AM
Christophe Brochard est une figure incontournable de la gestion de patrimoine strasbourgeoise. Spécialisé en stratégie d’investissement sur les marchés financiers mondiaux, il a créé son cabinet, Groupe Quinze - Gestion Privée en 2007. En parallèle de son activité de conseil, il est administrateur indépendant de plusieurs entreprises, professeur de droit et finance à Université de doit de Strasbourg et secrétaire général de la Compagnie des Intermédiaires en Assurances.
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Les trois actualités du mois à ne pas louper selon lui :
Effondrement de la collecte des SCPI
Les chiffres ne mentent pas : la pierre-papier a accusé un sacré choc l’année dernière. La collecte nette des SCPI a quasiment été divisée par deux entre 2022 et 2023, passant de 10,7 milliards à 5,7 milliards d’euros. Deux milliards d’euros de parts ont été vendues sur le marché secondaire. Le taux de distribution moyen est lui resté stable, à 4,52%.
Au-delà de la preuve des craintes des investisseurs, Christophe Brochard voit dans ces chiffres l’ajustement des fonds immobiliers au «changement macroéconomique majeur» de la remontée des taux d’intérêt directeurs : «On est sorti, depuis deux ans, du cycle baissier des taux d’intérêt initié au début des années 80. Ces niveaux ne sont pas nouveaux, on les a déjà connus, mais les prix de l’immobilier n’étaient pas aussi élevés qu’aujourd’hui», relève-t-il.
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La loi industrie verte : « du jamais vu ! »
C’est un texte qui divise... L’article 5 de la loi Industrie verte prévoit d’enjoindre aux épargnants un minimum d’actifs non cotés et d’actifs finançant les PME et ETI dans les profils de gestion pilotée à horizon de leur contrat d’épargne retraite, entre 2% et 105% en fonction des profils.
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Le sujet inquiète le marché : les conseillers s’interrogent sur l’adéquation de cette obligation avec leur devoir de conseil et les assureurs se creusent la tête sur la gestion de la liquidité. Christophe Brochard partage d’autant plus ces inquiétudes qu’il juge le moment peu propice au private equity. «Ces investissements sont très souvent réalisés à crédit. Or, la remontée des taux bouscule les impératifs de rendements», estime-t-il. Il s’étonne également du caractère contraignant de cette mesure : «Cela fait 20 ans que je fais ce métier, je n’ai jamais vu d’obligations imposées aux épargnants d’investir sur quoi que ce soit !», s’alarme-t-il. Et ce alors même que l’Autorité des marchés financiers (AMF) considérait, jusque-là, cette classe d’actifs comme «une des plus risquées» et la réservait aux «investisseurs professionnels et assimilés», appuie-t-il.
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H2O AM : un nouveau pas vers la sortie de crise
Fin janvier, H2O AM annonçait un remboursement de 70 millions d’euros aux porteurs de parts de ses sept fonds cantonnés depuis 2020. Il s’agit du deuxième après celui de 250 millions d’euros annoncé en janvier 2023 et d’une nouvelle étape vers une sortie de crise pour la société de gestion.
Le retournement des marchés financiers en mars 2020 a plongé sept de ses fonds dans la tourmente. La part de leurs actifs illiquides (des obligations non cotées allemandes) a augmenté trop fortement du fait de la baisse de leurs encours. La société de gestion a dû les isoler dans des side pockets afin de « protéger les porteurs de parts » le temps qu’ils soient cédés progressivement, appuie Christophe Brochard. Des milliers d’épargnants sont concernés par cette opération « d’une extrême complexité » selon le conseiller, dont certains se sont réunis pour déposer plainte contre H2O AM, estimant leur préjudice à 717 millions d’euros. Fin 2023, une partie d’entre eux, réunis dans l’association Collectif Porteurs H2O assignait en justice les sociétés H2O AM LLP, H2O AM Europe SAS, H2O AM Holding, Natixis IM, KPMG et Caceis. Une seconde serait également envisagée.
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Retrouvez l’intégralité de Patrimoine Online de février, la nouvelle émission des CGP, ici.
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