
«La Fed ne pourra pas augmenter ses taux plus d’une ou deux fois l’an prochain»
(Traduction de l’interview)
La Fed a récemment augmenté ses taux pour la deuxième fois cette année. Lorsque l’on observe les statistiques économiques et l’inflation assez décevante, pensez-vous que la Réserve fédérale augmentera ses taux une troisième fois cette année comme elle s’y est engagée ?
La probabilité a diminué ces derniers temps pour les raisons que vous soulignez. L’inflation évolue dans une pente douce et les chiffres ont été plus faibles que prévu sur le front de la croissance. Mais dernièrement le secteur privé s’est très bien porté, la courbe du chômage est descendue à 4,5%. Le secteur privé a par ailleurs créé 2,2 millions d’emplois. La Fed se concentre surtout sur la santé financière du pays et jusqu’à présent elle évolue très bien : les taux d’intérêts sont bas avec une courbe qui s’aplatit, les actions et l’immobilier sont bien orientés… Ma réponse serait donc que oui la Fed continuera à augmenter ses taux et va engager, d’ici la fin de l’année, la réduction de son bilan.
La Fed s’est engagée sur trois hausses de taux l’an prochain, qu’en sera-t-il selon vous ?
Je ne pense pas qu’il y aura pas trois hausses mais seulement une ou deux en 2018. La raison est que d’ici-là, le tapering sur le bilan financier devrait faire monter les taux, pas brutalement mais assez légèrement. Cela repoussera de fait une partie du resserrement monétaire prévu. Elle ne pourra donc pas augmenter les taux courts plus d’une ou deux fois.
Quelles seront les conséquences de tous ces événements sur le marché obligataire ?
Les taux augmenteront graduellement, mais il ne faut pas s’attendre à des hausses brutales. La courbe forward anticipe déjà des hausses modérées je ne pense donc pas que le contexte monétaire créera un choc. La Fed gère la hausse des taux et prépare la réduction de son bilan de manière très transparente, elle a d’ailleurs réalisé un très bon travail sur sa communication. La réaction sur les marchés obligataires sera donc à mon sens assez calme.
La hausse des taux serait donc plus modérée que prévu dans un cycle d’expansion désormais très long, 8 ans aux Etats-Unis. Pensez-vous que si une récession survient, la Fed aura les munitions suffisantes pour gérer la situation ?
Je le pense car si l’on observe les probabilités de récession l’an prochain, elles sont inférieures à 10%. Le secteur privé s’est rétabli depuis huit ans, les banques ont doublé leur capital, la santé des entreprises est raisonnablement bonne, et les consommateurs - qui représentent 68% de l’économie - vont aussi bien qu’il y a dix ans. En dehors d’une crise géopolitique du type Corée du Nord, la croissance américaine devrait donc osciller entre 2 et 2,5% l’an prochain. La probabilité d’une récession est assez basse, ce qui encouragera la Fed a poursuivre ses hausses de taux.
Si nous devions vivre une récession, ce qui aura sans doute lieu d’ici 3 à 5 ans - c’est mathématique les probabilités sont de 50% -, je pense que la Fed sera dans une position adéquate pour baisser ses taux. Mais dans un temps plus court, les marchés émergents, Brésil et Russie notamment, se portent beaucoup mieux et l’Europe va mieux que prévu. La probabilité de récession à court terme est donc limitée.
Sur le marché actions et le crédit high yield, estimez-vous que l’on assiste à une bulle ?
Sur les actions j’en doute. Nous assistons à une syncronisation du retour des profits. Bien entendu une partie vient des Commodities, mais le secteur privé est autant en bonne santé qu’il y a dix ans et la syncronisation globale arrive simultanément aux marchés émergents. D’autres secteurs, tels que la santé, les services, la technologie, l’immobilier… accélèrent leurs profits. Le marché actions reflète donc une accélération des revenus. Du côté du crédit, le marché est valorisé à son juste prix. Nous avons diminué notre risque crédit global chez Pimco. Il y a 12 à 18 mois nous étions très positifs et très fortement surpondérés sur le crédit. Nous sommes aujourd’hui simplement légèrement surpondérés. Nous favorisons certains secteurs particuliers comme l’immobilier, les banques et les services financiers ou la consommation. Ce dernier secteur étant celui sur lequel nous voyons les meilleures opportunités mondiales.
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Donald Trump rebaptise le Pentagone en « ministère de la Guerre » pour afficher la puissance américaine
Washington - Donald Trump a signé vendredi un décret visant à rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre», ajoutant qu’il voulait par là envoyer un «message de victoire» et «de force» au reste du monde. Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. «Les mots comptent», a dit le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le Bureau ovale, assurant que cette nouvelle appellation devait permettre de «restaurer une éthique guerrière». Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation «supplémentaire», selon un document distribué dès jeudi par la Maison Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait «plus clair» au fur et à mesure de sa mise en place. Peu après la signature du décret présidentiel, les mots «ministère de la Défense» ont été immédiatement retirés d’un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme «ministre de la Guerre» sur X. «Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès», a prévenu Donald Trump. «Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de le faire». «Trop défensif» Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d'étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. «Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs», avait-il déclaré. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l’armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires. Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d’une dérive autoritaire. Contre le «politiquement correct» Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l’armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l’a qualifié d’"aspirant dictateur». Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat. Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s’entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d’un discours viriliste et d’opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l’objectif de l’armée américaine était d’atteindre «une létalité maximale, pas une létalité tiède». Il a dit vouloir aller à l’encontre du «politiquement correct». Aurélia END © Agence France-Presse -
Australie : la chasse à l’homme d’un « citoyen souverain » recherché pour le meurtre de deux policiers
Sydney - Les autorités australiennes ont promis samedi une récompense de plus de 500.000 euros pour toute information pouvant mener à l’arrestation du meurtrier présumé de deux policiers, un adepte des théories du complot dont la cavale depuis près de deux semaines tient le pays en haleine. Desmond Freeman, 56 ans, est recherché par plus de 450 policiers dans le bush australien depuis une fusillade mortelle le 26 août lors d’une perquisition à son domicile dans la petite ville de Porepunkah, dans le sud-est du pays-continent. Après avoir multiplié les appels à la reddition et interrogé ses proches, la police de l’Etat de Victoria a annoncé qu’elle paierait un million de dollars australiens (environ 560.000 euros) en échange d’informations permettant de le retrouver, un montant sans précédent pour cette force. «Cette somme reflète la gravité de ce crime violent et notre engagement à localiser Freeman dès que possible afin qu’il cesse de représenter un risque pour la population», a expliqué l’inspecteur Dean Thomas, insistant sur une récompense «susceptible de changer une vie». Freeman est soupçonné d’avoir abattu Neal Thompson, 59 ans et Vadim De Waart, 35 ans, qui faisaient partie d’une équipe de de dix agents venus perquisitionner chez lui dans une affaire non précisée, et d’en avoir blessé un troisième. Les victimes appartiennent à une section de la police chargée des délits et crimes à caractère sexuels et pédophiles. Ces faits sont exceptionnels dans un pays où les armes automatiques et semi-automatiques sont interdites depuis qu’un tireur isolé a massacré 35 personnes, en 1996, sur l'île de Tasmanie. Le monument national qui rend hommage aux policiers tués en service liste le dernier cas de décès par balle en 2023. «Terrain difficile» La police considère que Desmond Freeman, en fuite dans une zone de forêt dense, est lourdement armé. Les médias australiens décrivent le suspect comme un adepte de théories du complot radicalisé, qui a fait état de sa haine envers la police. Selon eux, il ferait partie de la mouvance complotiste des «citoyens souverains», dont les membres refusent l’autorité de l’Etat et de se soumettre aux lois. Sa femme Amalia Freeman et leur fils adolescent ont été brièvement placés en garde à vue par les enquêteurs, avant d'être relâchés. L'épouse du suspect a lancé un appel public pour qu’il se rende. "À ce stade, rien n’indique que Freeman soit assisté par une personne spécifique, néanmoins, compte tenu du terrain difficile et des besoins de s’approvisionner, cela reste une possibilité», a souligné la police samedi dans un communiqué, n’excluant pas non plus l’hypothèse d’un décès. Apparue aux Etats-Unis dans les années 1970, la mouvance des «citoyens souverains» se répand aujourd’hui en ligne, notamment sur Facebook dans des groupes où se côtoient des activistes mais aussi des opportunistes cherchant par exemple un moyen de s’affranchir du règlement de certaines factures. En France, ses adeptes estiment que l’Etat n’existerait pas en tant qu’entité publique mais serait en réalité une entreprise de droit privé créée en 1947, à laquelle ils n’auraient pas à se soumettre sans consentement. L’un deux a été condamné en avril à cinq mois de prison pour avoir refusé un contrôle de gendarmerie. © Agence France-Presse