«La Fed ne pourra pas augmenter ses taux plus d’une ou deux fois l’an prochain»

Mark Kiesel, Chief investment officer Global Credit pour le gestionnaire d’actifs américain Pimco.

(Traduction de l’interview)

La Fed a récemment augmenté ses taux pour la deuxième fois cette année. Lorsque l’on observe les statistiques économiques et l’inflation assez décevante, pensez-vous que la Réserve fédérale augmentera ses taux une troisième fois cette année comme elle s’y est engagée ?

La probabilité a diminué ces derniers temps pour les raisons que vous soulignez. L’inflation évolue dans une pente douce et les chiffres ont été plus faibles que prévu sur le front de la croissance. Mais dernièrement le secteur privé s’est très bien porté, la courbe du chômage est descendue à 4,5%. Le secteur privé a par ailleurs créé 2,2 millions d’emplois. La Fed se concentre surtout sur la santé financière du pays et jusqu’à présent elle évolue très bien : les taux d’intérêts sont bas avec une courbe qui s’aplatit, les actions et l’immobilier sont bien orientés… Ma réponse serait donc que oui la Fed continuera à augmenter ses taux et va engager, d’ici la fin de l’année, la réduction de son bilan.

La Fed s’est engagée sur trois hausses de taux l’an prochain, qu’en sera-t-il selon vous ?

Je ne pense pas qu’il y aura pas trois hausses mais seulement une ou deux en 2018. La raison est que d’ici-là, le tapering sur le bilan financier devrait faire monter les taux, pas brutalement mais assez légèrement. Cela repoussera de fait une partie du resserrement monétaire prévu. Elle ne pourra donc pas augmenter les taux courts plus d’une ou deux fois.

Quelles seront les conséquences de tous ces événements sur le marché obligataire ?

Les taux augmenteront graduellement, mais il ne faut pas s’attendre à des hausses brutales. La courbe forward anticipe déjà des hausses modérées je ne pense donc pas que le contexte monétaire créera un choc. La Fed gère la hausse des taux et prépare la réduction de son bilan de manière très transparente, elle a d’ailleurs réalisé un très bon travail sur sa communication. La réaction sur les marchés obligataires sera donc à mon sens assez calme.

La hausse des taux serait donc plus modérée que prévu dans un cycle d’expansion désormais très long, 8 ans aux Etats-Unis. Pensez-vous que si une récession survient, la Fed aura les munitions suffisantes pour gérer la situation ?

Je le pense car si l’on observe les probabilités de récession l’an prochain, elles sont inférieures à 10%. Le secteur privé s’est rétabli depuis huit ans, les banques ont doublé leur capital, la santé des entreprises est raisonnablement bonne, et les consommateurs - qui représentent 68% de l’économie - vont aussi bien qu’il y a dix ans. En dehors d’une crise géopolitique du type Corée du Nord, la croissance américaine devrait donc osciller entre 2 et 2,5% l’an prochain. La probabilité d’une récession est assez basse, ce qui encouragera la Fed a poursuivre ses hausses de taux.

Si nous devions vivre une récession, ce qui aura sans doute lieu d’ici 3 à 5 ans - c’est mathématique les probabilités sont de 50% -, je pense que la Fed sera dans une position adéquate pour baisser ses taux. Mais dans un temps plus court, les marchés émergents, Brésil et Russie notamment, se portent beaucoup mieux et l’Europe va mieux que prévu. La probabilité de récession à court terme est donc limitée.

Sur le marché actions et le crédit high yield, estimez-vous que l’on assiste à une bulle ?

Sur les actions j’en doute. Nous assistons à une syncronisation du retour des profits. Bien entendu une partie vient des Commodities, mais le secteur privé est autant en bonne santé qu’il y a dix ans et la syncronisation globale arrive simultanément aux marchés émergents. D’autres secteurs, tels que la santé, les services, la technologie, l’immobilier… accélèrent leurs profits. Le marché actions reflète donc une accélération des revenus. Du côté du crédit, le marché est valorisé à son juste prix. Nous avons diminué notre risque crédit global chez Pimco. Il y a 12 à 18 mois nous étions très positifs et très fortement surpondérés sur le crédit. Nous sommes aujourd’hui simplement légèrement surpondérés. Nous favorisons certains secteurs particuliers comme l’immobilier, les banques et les services financiers ou la consommation. Ce dernier secteur étant celui sur lequel nous voyons les meilleures opportunités mondiales.

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