
Rassembler les indépendants autour d’un projet de coopérative

Nombre de conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) ne veulent pas intégrer les réseaux de franchise – qui d’ailleurs ont du mal à se maintenir – ni s’insérer dans un groupement. Pour autant, ils sont conscients que les marges de manœuvre se réduisent compte tenu des contraintes réglementaires et de l’érosion des marges, sans oublier les fournisseurs qui deviennent de plus en plus attentifs à la production, en termes de quantité et de qualité. Pour les cabinets qui ne souhaitent pas continuer seuls, alors que les concurrents de la profession captent 90 % des flux, pourquoi ne pas tenter le système de la coopérative? Laurence Montariol, gérante du cabinet Alfip (Algorithme Finance et patrimoine), est convaincue que cette voie doit être explorée. Elle a bâti un projet qu’elle souhaite à présent proposer à tous les CGPI qui pourraient trouver un intérêt à ce type de rassemblement. Après tout, la structure coopérative n’a-elle pas fait ses preuves dans de nombreux domaines, à commencer par la banque?
Une alternative aux réseaux commerciaux. En tant qu’entreprise appartenant conjointement aux membres qui utilisent ses services, la gouvernance démocratique d’une coopérative peut convenir à l’organisation de la vie des cabinets d’indépendants. L’idée n’est pas de créer une nouvelle plate-forme mais un centre nerveux de la profession permettant de délivrer l’ensemble des services pour,entre autres, travailler en conformité avec l’environnement juridique, réduire les coûts sur les investissements à faible valeur ajoutée, organiser une centrale de référencement, travailler l’interprofessionnalité et construire les systèmes d’information nécessaires au développement commercial. Enfin, le projet présenté veut s’affranchir de tous les reproches dont les groupements et franchises ont pu faire l’objet jusqu’à présent, notammentsur l’absence de transparence des flux financiers.
Besoin d’un premier appel de fonds. S’agit-il réellement d’une innovation? Bien entendu, beaucoup en douteront. Reste que la conseillère en patrimoine a réalisé un lourd travail d’enquête auprès de 215 cabinets de conseil en gestion de patrimoine faisant ressortir les enjeux pour les années à venir de la profession et a établi un plan de lancement d’une structure coopérative. Elle invite ceux qui seraient intéressés de devenir membre à prendre contact avec elle. Mais pour transformer l’idée en projet, il y a des coûts: «La pré-étude de faisabilité du projet coopératif sera lancée si et seulement si un minimum de 200 cabinets indépendants cotisent à cette pré-étude, pour un montant estimé à 220 euros HT», précise Laurence Montariol.
Plus d'articles du même thème
-
Ses projets pour la CNCGP, les critiques contre les Chambres... les réponses d'Yves Mazin
Le nouveau président de l'association a répondu aux questions de la rédaction dans le dernier Patrimoine Online. -
Fed, dissolution, vote de confiance,... Yves Mazin décrypte une rentrée explosive !
Yves Mazin, co-fondateur de Version Patrimoine et président de la CNCGP, a décrypté l'impact d'un contexte tendu et incertain sur les stratégies patrimoniales des ménages. -
Patrimoine Online à Bordeaux avec Yves Mazin (CNCGP & Version Patrimoine)
Le nouveau président de la CNCGP, également co-fondateur du cabinet Version Patrimoine, était l’invité de la rentrée.
Sujets d'actualité

ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Les promoteurs immobiliers veulent croire en une reprise proche
- Tracfin a encore intensifié ses signalements en 2024
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- L’exonération du régime mère-fille dépasse le seul cadre de l’impôt sur les sociétés
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
En eaux troubles
Pourquoi Emmanuel Macron se trompe de A à Z sur le compte des socialistes
Les stratèges de l’Elysée se fourvoient doublement : sur le degré supposé de fébrilité des députés PS en cas de dissolution et sur l’importance pour Olivier Faure de ne pas se dissocier des écologistes à six mois des municipales. A moins que le président de la République ne fasse un autre pari, franchement nihiliste : celui d’une censure rapide de Sébastien Lecornu, le moine-soldat de Matignon -
En formation
Après les véhicules électriques, la Chine défie l'Europe et les Etats-Unis dans le transport aérien
L'avionneur chinois pourrait prochainement enregistrer sa première commande à l'étranger pour son C919, concurrent direct de l'A320 et du B737 -
Voitures: les constructeurs chinois à l'offensive pour tenter de damer le pion à leurs concurrents européens sur leur propre marché
Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse