
Les crypto-millionnaires : ces nouvelles fortunes à accompagner

Par Laurent Ovion, directeur innovation de DLPK
Rien qu’en France, ils seraient quelques dizaines de milliers à afficher un patrimoine en crypto-monnaies supérieur au million d’euros. lls sont étudiants, pères de famille, ingénieurs ou encore salariés. Ces investisseurs, hommes ou femmes, non professionnels partagent tous un certain goût pour la prise de risque et un intérêt prononcé pour les nouvelles technologies ainsi qu’une forte résistance au stress.
Un marché hautement volatil
, Et en matière de crypto, cette dernière qualité s’avère même être un avantage décisif compte tenu de l’extrême volatilité de ces actifs. C’est cette volatilité qui leur a permis de générer des plus-values atteignant 100, 200 et jusqu’à plus de 1000 fois leur investissement initial. Mais dans cet univers, les évolutions erratiques des cryptomonnaies peuvent conduire les investisseurs à constater de lourdes pertes en capital.
, Depuis son point haut en novembre 2021, la monnaie phare, le Bitcoin, a perdu deux tiers de sa capitalisation, passant de 68 000 dollars à 22 000 dollars mi-juin. C’est même tout l’écosystème des cryptomonnaies qui, après une période faste post ère covid, est passé d’une valorisation supérieure à 3 000 milliards de dollars à moins de 1 000 milliards en 6 mois. L’évolution permanente et forte de cette classe d’actifs peut faire prendre de mauvaises décisions à l’investisseur sous le coup de l’émotion.
Des investisseurs moins sensibles à la volatilité et plus expérimentés ont su prendre des positions sur les crypto-actifs au bon moment et les maintenir malgré les aléas des marchés. Ces investisseurs en crypto sont désormais multi-millionnaires.
Le contexte économique marqué, par un retour de l’inflation, un ralentissement de la croissance et la chute des valeurs de la tech américaine entrainant dans son sillage les cryptos, fait peser des incertitudes sur l’évolution à venir des crypto-actifs. La chute récente du protocole Luna et de son stablecoin algorithmique UST censé assurer une parité avec le dollar a détruit en seulement 4 jours près de 60 milliards de dollars. La communauté crypto a vécu cet évènement comme un véritable séisme. Dès lors, ces millionnaires numériques ont besoin de sécuriser et de diversifier leur patrimoine mais aussi d’en profiter.
Accompagner les crypto-millionnaires
, Un portefeuille crypto ne permet pas encore de régler des achats du quotidien ou de réaliser des investissements immobiliers. Car contrairement aux placements financiers traditionnels, les avoirs en crypto ne sont pour l’heure utilisables que dans l’univers crypto à quelques exceptions près. Tesla, par exemple, a un temps proposé à ses clients américains de régler leur voiture en Bitcoins. Pour profiter de leur patrimoine, les millionnaires 2.0 doivent convertir leurs crypto-actifs en monnaie fiduciaire. Or cette opération déclenche l’obligation de déclarer les plus-values réalisées et in fine le règlement de l’impôt. Il faudra également tracer l’origine des fonds et garantir leur authenticité.
Dans la majorité des situations, les investisseurs sont soumis à la flat tax. Le flou autour de la législation sur l’imposition des crypto-actifs, le manque de connaissance en matière fiscale des investisseurs cryptos et la valeur de leur capital nécessitent les conseils d’un expert. Seul un avocat fiscaliste a la capacité de répondre aux particularités de chaque dossier tout en assurant une confidentialité totale.
En parallèle, la plupart des banques affichent une réticence et une crainte sur l’origine de la fortune des crypto-millionnaires. Les banques ont l’obligation de s’assurer de la traçabilité des capitaux pour répondre aux exigences KYC dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Une récente enquête de Reuters mettant en cause la plateforme Binance sur d’éventuelles opérations de blanchiment courant 2021 plaide pour un renforcement de la transparence.
L’avocat fiscaliste et le conseiller en gestion de patrimoine doivent, en concertation avec leur client, apporter les preuves sur l’origine des fonds à travers des outils et des process que les banques n’ont pas toujours à leur disposition.
Diversifier et sécuriser leur fortune
, Le conseiller en gestion de patrimoine s’avère être l’interlocuteur clé de cette situation, il est d’ailleurs de plus en plus sollicité par ces millionnaires d’un nouveau genre souvent désemparés face aux questions fiscales et patrimoniales. Ces fortunes, qu’elles soient réalisées rapidement ou qu’elles soient le fruit d’un investissement réfléchi sur le long terme, nécessitent toute l’expertise de cette profession. L’analyse des besoins et des projets du client permettra au conseiller en gestion de patrimoine de définir la meilleure allocation pour d’une part diversifier sa fortune sur des placements plus traditionnels mais aussi la sécuriser et la développer selon le profil de risque et l’horizon de placement. Les placements financiers ne garantissent pas le capital à l’exception des fonds euros dans l’assurance vie mais leur volatilité est moindre par rapport aux crypto-monnaies tout en offrant des potentiels de performance élevée à long terme.
La construction d’un portefeuille avec une allocation diversifiée dans différentes classes d’actifs reste la meilleure solution pour protéger et développer la fortune de ces nouveaux millionnaires. La conversion d’une partie du patrimoine en euros permet aussi d’apporter un peu plus de confort dans sa vie de tous les jours, notamment en investissant dans immobilier et l’immobilier locatif.
Doivent-ils alors se désintéresser des cryptos ? Non, les crypto-millionnaires sont souvent convaincus du potentiel de croissance encore à venir de leur investissement. Les cryptos sont devenues une classe d’actifs, certes risquée, mais qui tend à se normaliser avec l’arrivée des investisseurs institutionnels. Si la volatilité est orientée à la baisse ces derniers mois, les experts du secteur s’accordent sur un point : l’univers crypto va continuer à se développer et de nouveaux projets avec des multiples élevés restent à imaginer ou à découvrir. Les conseillers en gestion de patrimoine peuvent accompagner les investisseurs dans leurs nouvelles décisions d’investissement dans cet univers qui n’a pas fini de nous surprendre.
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Taxe Zucman : malgré la division de la classe politique, Marc Ferracci affirme qu'il n'y a "pas de tabou"
Paris - Le ministre démissionnaire de l’Industrie Marc Ferracci a affirmé vendredi ne pas avoir de «tabou» sur la mise en place d’une taxe sur les très hauts patrimoines dite «Zucman» qui divise la classe politique, tout en soulignant sa «préoccupation» quant au fait de «ne pas pénaliser l’esprit d’entreprise». «Il n’y a pas de tabou. Avec une préoccupation, c’est de ne pas pénaliser l’esprit d’entreprise», a souligné le ministre interrogé au micro de Sud Radio. Ce dispositif, qui prévoit de taxer à hauteur de 2% les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, concernerait 1.800 foyers fiscaux selon son promoteur, l'économiste Gabriel Zucman. D’après lui, elle rapportera jusque 20 milliards d’euros par an, alors que d’autres économistes estiment son rendement plutôt autour de 5 milliards. Le ministre s’est inquiété de cette taxation car elle inclut «l’outil professionnel": «ça veut dire que quelqu’un (...) qui a une entreprise, qui a des perspectives très importantes mais qui ne fait pas forcément aujourd’hui de résultats économiques qui permettent de verser des dividendes, sera soumise à cette taxe», a-t-il souligné, en citant l’exemple des «licornes» du secteur technologique. De fait, a poursuivi le ministre, les propriétaires de l’entreprise Mistral AI, la «décacorne» française de l’intelligence artificielle valorisée à 14 milliards d’euros, «seraient soumis à cette taxe». «Pour devoir payer la taxe, les gens vont être obligés de vendre les parts de cette entreprise», a-t-il ajouté, en insistant sur le sujet «absolument crucial» de la souveraineté alors que des entreprises chinoises veulent «racheter» des entreprises françaises. «Appliquer une taxe rigoureuse uniquement en France, ça pose un problème. C’est le risque de voir les gens optimiser comme on dit, c’est-à-dire essayer d'éviter la taxe en allant ailleurs», a-t-il ajouté. Le président LR du Sénat Gérard Larcher s’est dit hostile jeudi à la mise en place de cette taxe, la qualifiant d’"illusion», alors que pour la gauche c’est «la base de tout accord» de non censure du gouvernement Lecornu selon l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique). «Il faut discuter (...) On voit bien que si on ne trouve pas un terrain d’atterrissage sur ce sujet, on aura beaucoup de mal à trouver un accord», a estimé le ministre, en soulignant que le Parti socialiste, «seul interlocuteur (...) disposé à discuter avec le gouvernement» en a fait «un sujet très central». © Agence France-Presse