
Le crowdfunding s’enlise dans une troisième année en repli

A moins d’un miracle, le financement participatif semble parti pour une troisième année de recul. Le bilan du premier semestre, publié par le cabinet Forvis Mazars et l’association France FinTech, se fait encore attendre, mais les premières estimations sont pessimistes.
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Invité sur le plateau de Bsmart, Bertrand Desportes, associé du cabinet de consulting, a indiqué que les collectes du premier semestre devraient accuser au total une baisse de 10 à 15%. L’ancien moteur du marché, le segment immobilier, est lui particulièrement affecté. Alors qu’il avait financé 522 millions d’euros d’opérations au premier semestre 2024, le consultant estime que ce ne «serait déjà pas mal» s’il termine à «300 millions d’euros».
En parallèle, le financement de projets d’énergies renouvelables (EnR) résiste mieux. D’après le site Argent & Salaire, qui analysé l’activité de 40 plateformes, le segment aurait reculé de 2,6% (au premier semestre contre -10% pour l’immobilier) et représenterait près de 25% des collectes.
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Des changements structurels en cours
Si les collectes diminuent, c’est que les plateformes deviennent plus sélectives, a avancé Bertrand Desportes. La hausse des retards de remboursements et défauts de porteurs de projet a effectivement mis le marché sens dessus dessous.
La récente faillite de Koregraf, tout comme celle de WeShareBonds, ont souligné de manière frappante les limites de la course à la collecte dans laquelle beaucoup de plateformes s’étaient lancées, au point parfois de dégrader la qualité des dossiers financés et de commettre des erreurs dans la sécurisation des garanties. Des écueils aux portées catastrophiques en cas de crise de marché.
Conscientes des faiblesses de leur modèle économique, plusieurs plateformes ont entamé une réflexion sur une évolution importante : la fin de la gratuité pour les investisseurs. A l’instar de WiSeed, beaucoup se penchent sur l’idée de leur faire avancer les frais judiciaires en cas de procédure contentieuses. D’autres pourraient aller plus loin et faire payer l’adhésion à une forme de «communauté» pour accéder à des opportunités d’investissement plus haut de gamme.
Poussé par la première crise de sa jeune histoire, le crowdfunding n’a pas le choix que de se réinventer pour retrouver la confiance des investisseurs.
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L’érosion du crowdfunding ralentit
La collecte du premier semestre n’a reculé que de 1,3% par rapport à la même période en 2024. Le marché est porté par une hausse du prêt dans les énergies renouvelables alors que l’immobilier se replie de 15% et que l’investissement en equity s’est effondré de près de 50%.
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