
Les assureurs face aux défis de la loi Pacte

La loi Pacte, publiée au Journal Officiel le 23 mai, comprend un volet conséquent sur l’épargne retraite, rénovant les plans à cotisations définies aussi bien individuels de type Perp ou Madelin que collectifs de type Article 83/PERE. Elle vise également à mettre en conformité les régimes et contrats à prestations définies avec une directive européenne de 2014, pour intégrer la portabilité systématique des droits. Au-delà, la loi fait également évoluer de manière astucieuse les contrats eurocroissance et engage la transposition de la directive européenne IORP 2 sur la retraite professionnelle supplémentaire. Ces évolutions structurelles de la retraite supplémentaire surviennent au moment où les régimes de retraite obligatoire sont également en pleine mutation, tandis que le produit d’épargne retraite paneuropéen (PEPP) est également sur les rails depuis février dernier. La loi Pacte s’inscrit dans ce contexte. Des premiers projets d’ordonnances, de décrets et d’arrêtés ont été récemment diffusés aux parties prenantes pour préciser le cadre de fonctionnement des futurs produits phares: les PER (plans d’épargne retraite) avec en ligne de mire la commercialisation du nouveau dispositif début octobre.
Principales dispositions
, Ces nouveaux produits, à cotisations définies, sont construits autour de quatre idées force: les droits doivent être portables et transférables ; la gestion financière doit correspondre à une gestion pilotée par horizon par défaut ; les participants doivent être libres de choisir entre capital et rente au départ à la retraite (sauf cas spécifique) ; et des sorties anticipées doivent être possibles.
Par ailleurs, ils seront déclinés en :
, • Un produit individuel « PERI » (néanmoins souscrit par une association dédiée, régie par des dispositions spécifiques), à destination de l’ensemble de la population (les anciens produits PERP et Madelin).
, • Deux produits collectifs à destination des salariés des entreprises: le premier « Perco » sera un produit facultatif à destination de l’ensemble des salariés (correspondant à l’ancien Perco) et le second un produit à adhésion obligatoire (PER de fidélisation) permettant de couvrir une ou plusieurs catégories de salariés (les anciens « article 83 /PERE »). Les deux produits pourront être regroupés, sous conditions, au sein d’un PER unique « PERU ou Perco général ».
Plusieurs principes sont communs aux PER :
, • Une ouverture sous forme de contrat d’assurance ou de compte-titres.
, • Des possibilités de versements élargies: chaque PER devra être en capacité de recevoir, sous forme de cotisations et/ou de transferts entrants, des versements volontaires, des sommes en provenance de l’épargne salariale (intéressement, participation, abondement, jours de repos), des versements obligatoires.
, • La mise en place d’une gestion financière par défaut, pilotée par horizon afin de réduire les risques.
, • Des conditions de déblocages en cas d’événements exceptionnels (décès, invalidité, surendettement, chômage, liquidation d’activité), mais aussi l’acquisition de la résidence principale pour les versements volontaires et les sommes en provenance de l’épargne salariale.
, • Une transférabilité des droits facilitée, avec des frais plafonnés, hors cotisations obligatoires, pour lesquels le transfert ne sera possible qu’au moment du départ de l’entreprise.
, • Une information et un devoir de conseil renforcés.
, • Une fiscalité des cotisations et des prestations harmonisée, sujet prioritaire pour le succès du dispositif, ce point sensible est toujours en discussion.
, • Une gouvernance des plans de qualité, au travers d’associations et de comités de surveillance à missions clairement définies.
De multiples conséquences stratégiques et opérationnelles pour les organismes d’assurances
, Face à ce contexte, les organismes d’assurance proposant déjà des contrats de retraite, ou souhaitant le faire doivent relever plusieurs défis. Notons:
, • L’adaptation et l’évolution des offres: avant même l’adaptation des garanties, les assureurs devront déterminer l’ambition de leurs offres en matière de captation des flux en provenance de l’épargne salariale. A contrario, les gestionnaires d’actifs pourraient être de sérieux concurrents sur les versements volontaires, les transferts en provenance notamment de l’assurance vie et certains versements obligatoires de l’employeur.
, Les garanties évolueront, notamment pour intégrer les sorties possibles en capital, et plus généralement l’offre en matière de décumulation des droits, et les conséquences des réformes récentes et à venir des régimes obligatoires. Des garanties complémentaires seront adjointes, en cas de décès, d’incapacité/invalidité, de chômage ou de dépendance, voire de garanties de tables de mortalité. Des services et outils spécifiques seront mis à la disposition des souscripteurs et des participants, notamment pour estimer les besoins financiers à la retraite et effectuer des simulations.
, • La définition de nouvelles offres financières: les grilles de gestion pilotée par horizon seront encadrées par arrêté au niveau de la part minimale d’actifs non risqués à détenir en fonction du nombre d’années restant avant le départ à la retraite. Les gestionnaires pourront ajuster leurs offres financières en intégrant ces contraintes et en tenant compte de leurs pratiques. Des réflexions seront également menées sur plusieurs sujets financiers: la gestion offerte aux personnes ne souhaitant pas opter pour les grilles proposées par défaut, la constitution sur quelques années du canton dédiée à la retraite supplémentaire,
, les allocations d’actifs au sein du fonds euros, l’intégration dans certains cas de fonds eurocroissance, voire de fonds collectifs de régimes en points, la place des robo advisors, le développement des ETF, etc.
, • La mobilisation et la formation des forces commerciales: les réseaux spécialisés sont déjà sensibilisés aux nouvelles offres, notamment pour orchestrer des campagnes spécifiques sur les transferts. D’autres intermédiaires, moins habitués, devront être formés aux produits, aux particularités et à la complexité de la retraite supplémentaire, aux directives européennes les concernant pour la retraite (DDA et MIF/MIF 2). Les nouveaux acteurs (plateformes notamment) pourront troubler le jeu sur certains segments des nouvelles offres. Une question centrale pour le succès des PER: la rémunération des apporteurs et plus généralement le partage de la valeur ajoutée entre les différents intervenants,
, de la plateforme, en passant par l’intermédiaire, le gestionnaire financier, l’assureur et les conseils. Les rétrocessions de commissions prélevées sur les actifs gérés ne devront plus être obligatoirement être réaffectées aux PER. Elles pourront être reversées en partie aux distributeurs, en toute transparence. Les choix des opérateurs en la matière seront particulièrement analysés.
, • Le choix de la structure qui assurera la retraite supplémentaire: plusieurs assureurs ont fait le choix de créer des organismes de retraite professionnelle supplémentaire, dédiés à la couverture de ce risque. D’autres hésitent ou attendent l’entrée en vigueur de la loi Pacte et notamment la transposition définitive de la directive IORP 2. C’est également un sujet à suivre.
, • La mise à jour juridique de l’ensemble des contrats et des documents: les documents précontractuels et contractuels devront être conformes à la loi, ainsi que l’ensemble des accords de distribution et de délégation.
, • Les évolutions structurelles au niveau des associations souscriptrices pour les produits individuels, même si les nouvelles exigences s’avèrent globalement plus souples que celles en vigueur pour les PERP. Et également au niveau des comités de surveillance.
, • La définition de nouvelles politiques en matière de devoir de conseil et d’information des souscripteurs et des participants aux PER. La loi Pacte est particulièrement exigeante en la matière, aussi bien à la souscription ou l’adhésion qu’en cours de vie ou au départ à la retraite.
, • L’évolution des systèmes d’information : les dispositions de la loi Pacte entraînent un besoin de refonte des systèmes d’information, parfois anciens et difficiles à ajuster.
, • L’accélération de la transformation numérique: à travers notamment des politiques de souscription entièrement digitales et des outils en ligne guidant le participant dans ses choix initiaux et en cours de vie.
Au final, de vastes chantiers à mener par les assureurs en un temps record, sur la base de textes non encore entièrement stabilisés...
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Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse -
Malgré sa mort, les partisans de Charlie Kirk restent attachés aux armes à feu
Orem - Boeden Seitzinger est encore «traumatisé» par la mort de Charlie Kirk. Cet électricien américain était dans les tous premiers rangs du rassemblement où l’influenceur pro-Trump a été tué d’une balle dans le cou. «J’ai vu le sang jaillir de son artère carotide», raconte à l’AFP le jeune homme, coiffé d’une casquette rouge «Make America Great Again». «Il était évident qu’il n’allait pas s’en sortir. C'était terrifiant.» Malgré la mort de cette figure de la droite américaine, il rejette en bloc l’idée d’instaurer des contrôles plus stricts pour obtenir des armes à feu aux Etats-Unis. "Ça n’aurait rien changé. Quand on veut, on peut, les gens se procurent des armes, quoi qu’il arrive», souffle-t-il, lors d’une veillée à la mémoire du militant conservateur à Orem, dans l’Utah (ouest). Un suspect est actuellement en garde à vue pour le meurtre de M. Kirk. Les autorités n’ont pas encore expliqué dans quelles conditions le fusil à lunette, retrouvé dans des bosquets près de la scène de crime, a été acquis. Mais une chose est sûre : l’Utah, où l’influenceur a trouvé la mort, est un des Etats les plus permissifs en matière d’armes à feu. Dans cette région très conservatrice, les adultes peuvent porter des armes à feu sans permis, sauf pour les jeunes âgés de 18 à 20 ans. Sur les campus, comme celui de l’université Utah Valley, où M. Kirk a été tué, avoir une arme est possible à condition d’avoir un permis. Défenseur du deuxième amendement Âgé de 18 ans, M. Seitzinger a grandi en chassant avec sa famille et s’est procuré il y a quelques mois son premier fusil. L’achat a pris trente minutes, temps nécessaire pour que la boutique vérifie ses antécédents. Il refuse toute règle qui l’aurait obligé à attendre plusieurs jours. «Ce n’est pas ce que Charlie aurait voulu», estime-t-il. «Charlie disait souvent que le danger d’une arme à feu vient uniquement de son propriétaire. Il ne faut pas blâmer l’arme à feu, mais plutôt la personne qui la brandit», reprend-il. «Le fait qu’il soit mort ne m’inspire pas une peur des armes à feu, cela me rend méfiant envers les gens.» Le militant, qui a été abattu alors qu’il répondait à une question sur les tueries par armes à feu, était un ardent défenseur du deuxième amendement de la Constitution américaine. Il avait par exemple estimé que «cela vaut la peine, hélas, de déplorer chaque année un certain nombre de morts par arme à feu afin de pouvoir jouir du deuxième amendement, qui protège nos autres droits offerts par Dieu». Avec plus d’armes à feu en circulation que d’habitants, les Etats-Unis affichent le taux de mortalité par arme à feu le plus élevé de tous les pays développés. En 2024, plus de 16.000 personnes, sans compter les suicides, ont été tuées par arme à feu, selon l’ONG Gun Violence Archive. «Dissonance» Les gouvernements successifs n’ont jusqu'à présent pas réussi à endiguer les tueries, fléau de la vie quotidienne systématiquement suivi des traditionnelles «prières» envoyées par la classe politique. A 73 ans Reed Fansworth, a lui aussi prié pour M. Kirk avec des centaines de personnes lors de la veillée. Dans la foule, ce manager d’une entreprise d’informatique a aperçu quelques personnes porter des armes, et s’est senti rassuré. «L’Utah, c’est un peu le Far West», sourit-il, grand drapeau étoilé en main. «Quand tout le monde porte une arme, vous faites attention à votre comportement.» «La mort de Charlie ne change pas grand-chose», poursuit-il. «Nous devons nous préoccuper des personnes qui ressentent cette colère, mais nous ne devons pas retirer les armes de tout le monde.» De son côté, Leah Marett avoue ressentir une «dissonance», face à l’assassinat de M. Kirk. Mais pour cette étudiante de 25 ans, le débat reste «insoluble». «Il y a tellement d’armes à feu en circulation, même si nous essayions de les retirer, tout le monde ne les rendrait pas», pressent-elle. «Nous laisserions beaucoup de personnes en possession d’armes à feu, et les innocents se retrouveraient sans défense.» Romain FONSEGRIVES © Agence France-Presse