«L’émergence des fintechs sera bien plus significative dès qu’elles se regrouperont»

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L’Agefi Actifs. - En janvier dernier, vous avez participé au salon Finovate à Londres qui réunit un panel de fintechs chaque année depuis 2011. Qu’en retenez-vous ?

Sylvain Fagnent et Stephen Perin, Octo Technology. -Ce salon permet à des start-up en recherche de financement de présenter leurs projets. Cette année, nous avons noté la présence de près de 70fintechs, contre une trentaine à sa création. Il nous a permis de découvrir divers projets qui ont été couronnés de succès, à l’image du français Linxo, un agrégateur de données financières personnelles. Lending Club, la société de financement participative américaine, a également participé à cet événement, tout comme Etoro, une application de trading en ligne créée en 2011 qui propose à des investisseurs de suivre des gérants via des portefeuilles réels ou virtuels. Outre-Atlantique, où une version existe depuis 2007, le salon a accueilli les robo-advisors historiques Betterment et Wealthfront dès 2011.

Cette année justement, les robo-advisors présents ont-ils dévoilé des innovations marquantes ?

- Pas vraiment, ils ont plutôt tendance désormais à reproduire des modèles connus. Nous avons retenu l’outil développé par DriveWealth qui permet aux particuliers d’investir sur de très faibles montants, l’objectif étant de se positionner au niveau des petits épargnants et de leur donner accès à des fractions de titres.

Vous avez relevé des solutions reposant sur des interactions biométriques ou en langage naturel. De quoi s’agit-il ?

- L’usage des interactions basées sur l’authentification d’une demande par un contact digital, facial ou vocal, par exemple, est désormais largement répandu pour une identification basique ou un complément. Les interactions en langage naturel consistent pour l’utilisateur à exprimer un souhait que le système est capable d’interpréter dans un spectre donné et qu’il traduit dans le langage financier le plus complexe en comprenant l’investissement désiré par exemple.

D’après vous, l’innovation est davantage présente dans les solutions développées en faveur des banques que dans celles destinées au grand public. Quelle en est la raison ?

- En effet, la stratégie des fintechs est plutôt de s’orienter vers les acteurs traditionnels qui les voient comme des services de recherche et de développement externalisés. Les résultats présentés, même s’ils demeurent intéressants, sont moins tranchants que par le passé.

Les fintechs OutsideIQ et Qumram censées simplifier la gestion des règles de conformité ont retenu votre attention. Pourquoi ?

- OutsideIQ a développé un système de recherche et de classement d’informations en ligne qui permet à un opérateur de réaliser les premières analyses concernant l’identité d’un investisseur. L’outil est probablement basé sur un service d’intelligence artificielle et un algorithme sophistiqué pour capter les données appropriées. Le résultat obtenu pour les établissements financiers n’a rien d’officiel mais il est basé sur un travail qualitatif d’agrégation de données intéressant, au regard notamment des obligations liées à la connaissance client dite «Know Your Customer» (KYC).

De son côté, Qumram intéresse la banque privée. Cette solution enregistre tous les informations délivrées par un client sur les réseaux sociaux, du type LinkedIn ou Facebook.

Ces produits sont-ils transposables en France ?

- A destination des professionnels, ce n’est pas évident car le démarrage est lent, à l’exception en France du groupe Crédit Mutuel Arkéa qui se positionne sur ce type de produits et de services. Il a par exemple pris une participation dans le robo-advisor Yomoni dès 2015. Par ailleurs, il faut trouver des relais en France, ce qui n’est pas évident pour des structures étrangères. L’émergence des fintechs sera plus significative dès qu’elles se regrouperont en association de projets.

Une solution davantage orientée vers la satisfaction client a-t-elle retenu votre attention ?

- En effet, la fintech Investify, si elle n’a rien de révolutionnaire, présente l’intérêt de croiser la phase de profilage du client, basée sur une procédure simple sans formulaire compliqué, à des propositions d’investissements sélectionnées par rapport aux sentiments du client. En clair, plus il est à l’aise avec le placement à réaliser par rapport au risque pris ou au secteur retenu et plus un investissement en adéquation lui sera proposé. En quelque sorte, la complexité du produit est masquée au profit d’une expérience utilisateur repensée.

Pourquoi croyez-vous au développement des API qui consiste pour une start-up à ouvrir son système d’information et à l’intégrer à l’offre d’un partenaire ?

- Les API vont permettre de créer des écosystèmes complets reposant sur la proposition de valeur de plusieurs fintechs. A terme, cette approche serait de nature à permettre la création d’un bouquet de services bancaires complets. En pratique, la société Xignite, par exemple, qui est spécialisée sur la fourniture de données financières, développe ses services uniquement en API et le succès est au rendez-vous puisqu’en particulier, tous les robo-advisors l’utilisent.

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