Quelques signes annonciateurs de nervosité

Les marchés d’actions se sont bien maintenus cet été, confortés par le comportement conciliant des banques centrales, L’économie reste toujours bien orientée et les fondamentaux des sociétés solides, mais les excès de liquidité devront être épongés

L’été réserve parfois des surprises sur les marchés. Dans un environnement où la liquidité s’étiole du fait de la présence d’un nombre réduit d’intervenants, les nouvelles, bonnes ou mauvaises, peuvent vite avoir d’importantes conséquences sur les cours de Bourse. C’est d’ailleurs pendant le mois d’août, il y a dix ans, que la crise des subprime a véritablement débuté. Mais cette année, la période estivale a donné lieu à peu de surprises. Les banques centrales, américaine ou européenne, adoucissant sensiblement leur discours - du moins ne le durcissant pas -, dans un environnement de croissance mondiale positive.

« L’environnement favorable de croissance robuste et de faible inflation s’est maintenu au début du troisième trimestre. Les indices des directeurs d’achat (PMI) dans le secteur manufacturier mondial ont même affiché une légère accélération en juillet en raison d’améliorations dans les pays développés et émergents », constate ainsi Björn Eberhardt, head of global macro analysis & strategy chez Credit Suisse dans sa dernière note de stratégie d’investissement.

Effet devise.

Ainsi, l’indice MSCI World a atteint cet été un nouveau record historique, même si ce n’est pas l’euphorie qui a primé sur les marchés ces deux derniers mois. Finalement, entre le 1er juillet et le 20 août, la Bourse américaine progressait de seulement 0,5 % et l’Europe affichait une baisse de 1,2 %. Mais ce différentiel de performance n’est que relatif car accompagné d’un recul du dollar depuis mi-avril. A monnaie équivalente, les marchés américains font moins bien que l’Europe. Pour un investisseur américain qui ne se couvre pas contre le risque de change, l’indice EuroStoxx 50, exprimé en dollars, progresse ainsi de 2,4 % pendant l’été.

Cette hausse de l’euro par rapport au dollar peut-elle remettre en cause la vigueur des bénéfices des entreprises européennes ? Cette fluctuation des changes aura sans aucun doute des conséquences, mais, selon Mark Richards, stratégiste multi-asset solutions chez JPMorgan, « si la robustesse de la devise agit incontestablement comme un frein sur les bénéfices, le facteur déterminant de l’accélération de la croissance économique produit un important effet compensateur ». Sur les marchés d’actions, l’évolution du cours du dollar n’empêche donc pas ce gérant de toujours afficher une préférence pour la zone euro (avec les actions japonaises et émergentes).

Rebond de la volatilité.

Fait notable tout de même ces dernières semaines, alors que la volatilité affichait des niveaux particulièrement bas depuis plusieurs mois, celle-ci a légèrement augmenté, principalement sur fond de tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Corée du Nord et d’interrogations sur la mise en place des réformes annoncées par Donald Trump lors de son élection. Dans une note du mois de juillet, Aviva Investors expliquait que « les fondamentaux exercent une plus grande influence sur les prix des actifs à mesure qu’une croissance généralisée s’établit solidement ». Certes, mais Nannette Hechler-Fayd’herbe, head of global investment strategy chez Credit Suisse, estime aujourd’hui que « le sentiment des marchés, leur dynamique et les flux de capitaux continuent de soutenir les actions, mais les valorisations semblent plafonner. Et comme les prévisions bénéficiaires sont revues à la baisse, on ne distingue pas de nouveaux catalyseurs fondamentaux ». Le gestionnaire préfère donc conserver une opinion neutre sur la classe d’actifs dans son ensemble.

Politique monétaire.

Cette méfiance, même si elle n’est pas consensuelle, peut se comprendre car avant un retour à une situation complètement normalisée, les actions des banques centrales restent encore déterminantes - même si la récente réunion des gouverneurs des banques centrales à Jackson Hole n’a pas réservé de surprises -, ces dernières devant aujourd’hui revenir à des politiques monétaires plus conventionnelles.

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