
Rendements 2023 : les performances des fonds en euros s’annoncent en nette hausse

La saison des rendements a démarré sur les chapeaux de roues. Les premiers taux des fonds en euros dévoilés par les assureurs approchent voire dépassent les 3% alors que le millésime 2023 est particulièrement attendu dans un contexte d’inflation élevée et d’instabilité économique.
La remontée des taux n’a pas affecté de la même manière tous les acteurs même si tous se sont attelés à de nouvelles stratégies pour passer la phase de transition et atteindre le sas de stabilisation.
L’étape est d’autant plus importante que l’attrait des marchés obligataires n’a cessé de progresser. L’opportunité pour les assureurs de renouveler une partie de ces portefeuilles. Encore fallait-il avoir collecté positivement sur ce support. Or, depuis janvier 2023, les fonds en euros ont enregistré une décollecte nette de 25 milliards d’euros, selon les derniers chiffres publiés par France Assureurs.
Dans ce contexte, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a rappelé aux assureurs l’importance de la redistribution des réserves de capitaux accumulées en période de taux bas. Tandis que le gendarme estime que le taux moyen de rendement est ressorti à 1,91% en 2022, le site Good Value for Money anticipe pour l’année 2023 une hausse de près de 0,7 point de pourcentage, à 2,5%. A ce niveau, les fonds en euros laisseraient, en moyenne, une longueur d’avance à des supports concurrents comme les livrets réglementés et les produits structurés.
A lire aussi: Assurance vie : les rendements des fonds en euros grimpent en 2022
Les taux 2023 des fonds en euros
Le 18 décembre dernier, Milleis Banque Privée a ouvert le bal pour annoncer un taux de rendement de 2,75% pour son fonds en euros, soit près de 30% d’augmentation par rapport au taux servi en 2022.
Le lendemain du jour de l’an, Garance Mutuelle indiquait un niveau de performance pour l’année 2023 de 3,5%. Une progression significative après avoir rémunéré ce support sans risque à 2,80% en 2022.
Le mutualiste a été suivi par Placement-direct.fr, qui profite du contexte de marché actuel sans pour autant dévoiler toutes ses cartes. Le courtier spécialisé dans l’épargne en ligne a uniquement annoncé la performance de son dernier contrat lancé sur le marché Placement-direct Euro+. En ayant investi dans de nouveaux supports obligataires, ce dernier affiche une performance de 4,1% nets de frais. Une stratégie payante pour un contrat monosupport, composé uniquement d’un fonds en euros géré par Swiss Life. Les performances des contrats Placement-direct Vie, PER Placement-direct et Darjeeling devraient être publiées fin janvier.
3,1% pour la MACSF
Le 8 janvier, Covéa a indiqué une hausse générale des taux servis par ses filiales. GMF Vie et MAAF Vie dévoilent une performance de 2,80% net de frais de gestion, hors prélèvements sociaux et fiscaux pour leurs contrats Altinéo, ainsi que pour les fonds en euros des contrats Multéo, Winalto et du PER Winalto Retraite. Les deux entités avaient révélé un taux à 2,05% en 2022. De son côté, MMA affiche une performance de 2,25% net de frais de gestion et hors prélèvement sociaux.
Le 9 janvier, la MACSF a dévoilé un rendement de 3,10% après 2,5% en 2022, 2,1% en 2021 et 1,55% en 2020. Cette performance est composée à hauteur de 1,40% par les performances issues des obligations à taux fixe et 0,70% par les actions cotées. La distribution est réalisée en puisant également 0,50% des stocks de provision pour participation aux excédants du groupe, laissant ainsi 3,9% des encours encore en réserves pour les années à venir.
Elle a été suivie par la Macif qui affiche un taux de 2,70% net de frais de gestion et hors prélèvement sociaux pour son fonds en euros présent au sein des contrats Multi Vie et Macif PER. Pour le contrat Jeewan Patrimoine, cette performance varie en fonction du niveau d’unités de compte et atteint 2,80% pour un investissement moyen inférieur à 20%, 3% pour un investissement moyen d’au moins 20% et 3,40% pour un investissement moyen d’au moins 40%.
Entre 3,12% et 3,33% pour la Société Générale
Le même jour, Sogécap entre dans la danse. La compagnie d’assurance-vie du groupe Société Générale est le premier bancassureur à annoncer le niveau de performance de son fonds en euros pour 2023. Pour autant, il communique uniquement sur des taux moyens sans préciser les différences de rendement en fonction du niveau d’unités de compte dans le portefeuille. Finalement, les contrats Séquoia et Ebène affichent des rendements moyens de 3,12% et 3,33% nets de frais de gestion et bruts de prélèvements sociaux et fiscaux. Le PER Acacia affiche, quant à lui, une participation moyenne à 3,41%. La filiale a cette année pioché dans ses réserves financières, sans pour autant, communiquer le montant. Fin 2023, les réserves financières de Sogecap s’élèvent à 7,2% des encours du fonds euros de la compagnie, elles étaient de 8,5% à fin 2022.
Sur une même dynamique, Agipi affiche une performance en hausse de 0,40 point sur un an pour atteindre 2,45% net. En 2022, l’association d’assurés avait servi un taux à 2,05% et à 1,10% en 2021.
Le 10 janvier, La France Mutualiste a annoncé un taux de rendement annuel à 3,70% net de frais et confirme l'élan des mutualistes de la place. En hausse de 1,59 point sur un an, il s’applique au contrat Actépargne 2, octroyé à tous les adhérents et sans condition de taux de détention d’unités de compte. Cette performance a été réalisée sans puiser dans les réserves de la mutuelle.
Le 11 janvier, la jeune compagnie d’assurance Corum Life, détenue par le groupe Corum, a dévoilé la performance de son fonds en euros fraichement lancé sur le marché, six mois auparavant. Le support affiche une performance de 4,45% net de frais de gestion, mais sa poche est limitée à 25% de l’allocation par contrat. Corum Life distribuait, jusqu'à l'été 2023, uniquement des contrats composés à 100% d’unités de compte. Elle profite ainsi de la remontée des marchés obligataires et atteint son objectif de dépasser le rendement du livret A.
Le 12 janvier, AG2R La Mondiale a révélé le rendement de ses supports euros. Sur l’exercice 2023, les produits Mondiale Vivépargne 2 et Vivépargne 2 servent une performance de 2% net, après avoir affiché un rendement de 1,08% il y a un an. L’actif général du groupe de protection social, Terre de vie, sert une performance de 2,05% net. Fidèle à sa politique basée sur la bonification, ce support offre un rendement pouvant aller jusqu’à 5,05% lorsque la part d’unités de compte est supérieure à 40%, contre un bénéfice maximum de 3,25% en 2022. Cette dynamique a été soutenue grâce à l’utilisation d’une partie des réserves constituées. Elles demeurent à un niveau de 3,5% des encours fin 2023.
Oradea Vie et Primonial affichent des taux compris entre 3,10% et 3,50%
Le même jour, Oradéa Vie, compagnie d’assurance-vie de Société Générale Assurances, et Primonial ont révélé les performances de leur gamme Target+. Composée de trois fonds en euros, elle affiche sur l’exercice 2023, un rendement compris entre 3,10% et 3,50%, contre 0% et 2,50% en 2022.
Pour son partenariat avec Suravenir, filiale du Crédit Mutuel Arkéa, Primonial propose le fonds en euros Sécurité Pierre Euro qui affiche un rendement nul sur l’exercice 2023, après avoir servi une performance de 2,30% net en 2022. La gamme Sérénipierre propose 2 autres fonds en euros dont les rendements seront publiés le 26 janvier prochain.
Le 15 janvier, le groupe Crédit Mutuel a débuté la semaine en annonçant un rendement moyen des fonds en euros de 2,8% net sur la totalité des encours gérés. Il se place ainsi dans la partie basse du marché, et ce, malgré un niveau de réserves de capitaux estimé à 5,5 milliards d’euros. Ce stock représente 6,9% des encours gérés du groupe et est l’un des plus élevés du marché.
Ce même jour, le fonds en euros de Neuflize Vie s’est signalé par un des taux les plus faibles pour 2023. Bien qu’en hausse de 0,40 % par rapport à l’année précédente, Hoche Retraite voit son taux de rendement net s’établir à 2,00%. Quant à celui de son support Eurodynamique, il atteint les 3,00% net, « une progression en partie permise par la bonne performance d’actifs tels que les actions et le private equity ».
Sur l’exercice 2023, Maif Vie a dévoilé un taux de rendement en hausse, passant de 2,10% à 2,50% net sur un an.
Les associations ne dépassent pas la moyenne de marché
Le 16 janvier, Gaipare a annoncé le taux de rendement de son fonds en euros appliqué à tous ses contrats d’assurance-vie et de capitalisation. Sur l’exercice 2023, il s'élève à 2,30% net, après avoir servi une performance de 2,20% en 2022 et 1,80 en 2021. Il se positionne ainsi en dessous de la moyenne de marché estimée à 2,50%, et sous-performe par rapport à son confrère Agipi qui affichait un taux de 2,45% un peu plus tôt dans l’année.
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Visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni: après la pompe royale, l'heure est à la politique avec Keir Starmer
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Gaza: au Conseil de sécurité de l'ONU, la pression s'accroît sur les Américains
Nations unies - Le Conseil de sécurité de l’ONU se prononce une nouvelle fois jeudi sur un texte réclamant un cessez-le-feu et l’accès humanitaire à Gaza, un projet porté par la majorité des membres qui veulent tenter d’agir malgré les vetos américains répétés. Les dix membres élus du Conseil avaient lancé des discussions sur ce projet de résolution fin août en réaction à la déclaration officielle par l’ONU de la famine dans le territoire palestinien ravagé par la guerre menée par Israël depuis près de deux ans. Une première version du texte exigeait principalement la levée immédiate de toutes les entraves à l’entrée de l’aide. Mais selon des sources diplomatiques, la France, le Royaume-Uni et la Russie étaient dubitatifs sur l’intérêt d’une résolution uniquement humanitaire de la part d’un organe destiné à maintenir la paix et la sécurité dans le monde, qui aurait de toute façon aussi pu être bloquée par les Etats-Unis. Alors le projet qui sera soumis au vote jeudi après-midi, vu par l’AFP, réclame bien la fin des restrictions de l’aide humanitaire, mais exige aussi «un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza», ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle des otages. Un message que les Etats-Unis ont déjà rejeté plusieurs fois, la dernière en juin lorsqu’ils avaient utilisé un nouveau veto pour protéger leur allié israélien. Colère et frustration Pourquoi se lancer alors dans cette nouvelle tentative qui risque d’aboutir probablement au même résultat? «Ne rien essayer serait trop facile pour les Américains qui n’auraient pas à se justifier et à faire face aux 14 membres du Conseil et à l’opinion publique mondiale», a commenté un diplomate européen, refusant de ne rien faire juste par peur du veto américain. «Ca n’aide pas beaucoup les Palestiniens sur le terrain, mais au moins nous continuons à montrer qu’on essaie», a poursuivi ce diplomate, qui a requis l’anonymat. Le précédent veto avait provoqué une colère inhabituelle des 14 autres membres du Conseil qui manifestent de plus en plus souvent et explicitement leur frustration face à l’incapacité à faire pression sur Israël pour mettre un terme au calvaire des habitants de Gaza. Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à cette guerre qui ravage Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien. Une question qui sera au cœur du sommet annuel de l’ONU la semaine prochaine à New York. Après plus de deux mois et demi de blocage, Israël autorise à nouveau depuis mi-mai l’entrée à Gaza d’une quantité limitée de camions de l’ONU, qui dénonce des quantités largement insuffisantes. Le 22 août, l’ONU a officiellement déclaré la famine dans ce territoire palestinien et en a attribué la responsabilité à Israël, en se fondant sur un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme mandaté par les Nations unies. Un rapport rejeté par les autorités israéliennes. Pour la première fois, une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU -- mais qui ne parle pas au nom de l’ONU-- a accusé mardi Israël de commettre un «génocide» à Gaza depuis octobre 2023 avec l’intention de «détruire» les Palestiniens. Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS © Agence France-Presse -
Nuisances sonores aériennes : Gonesse réclame un couvre-feu nocturne face aux vols de Roissy
Gonesse - «Ma vie, c’est un enfer», souffle Clara au moment où un avion fend le ciel bleu de Gonesse, près de Roissy. Cette hôtesse de l’air ne peut plus supporter ces bruits incessants, nocifs pour la santé, et plaide pour un couvre-feu la nuit. Cette commune du Val-d’Oise d’environ 27.000 habitants, située à quelques kilomètres des aéroports Paris-Charles de Gaulle et du Bourget, est très exposée aux nuisances sonores aériennes. En mars 2024, une consultation citoyenne est organisée dans près de 150 villes franciliennes. L’interdiction nocturne des vols sur plusieurs aéroports est approuvée à environ 97% des voix exprimées. Si un couvre-feu a été instauré en 1968 à l’aéroport d’Orly, au sud de Paris - aujourd’hui entre 23H30 et 06H00 -, il n’existe pas à Roissy, au nord. En ce samedi de septembre, le forum des associations de Gonesse grouille de monde et les avions, qui défilent à quelques minutes d’intervalle, font partie du décor. A basse altitude, le sigle de la compagnie aérienne est souvent visible. Le ressenti des habitants interrogés par l’AFP varie de la colère à l’adaptation voire la résignation. «La nuit, on dort bien», reconnaît Jean Boulay, «mais on est obligé de fermer les fenêtres», poursuit ce retraité de 88 ans. Sa femme, Monique Boulay, compte «une minute et demie» entre chaque avion, correspondant aux périodes de fort trafic. Juliette (prénom modifié) se dit «tellement habituée» aux nuisances sonores que ça ne lui «fait plus rien». Cette femme de 60 ans n’entend pas les avions la nuit, seulement à partir de 05H00 du matin. L’aéroport de Roissy a affiché 470.000 décollages et atterrissages en 2024, dont quelque 17.000 entre 00H30 et 05h00, rapporte le gestionnaire Aéroports de Paris (ADP). «Droit à la tranquillité» Arrivée à Gonesse en 2009, Karima, mère au foyer de 48 ans, se souvient du bruit la nuit à son arrivée, «devenu banal avec le temps». Pour Jacques, 60 ans, «la nuit, c’est infernal». «L'été on ne peut inviter personne parce qu’on est sous le bruit des avions et la nuit on ne dort pas», dénonce-t-il. En 2024, selon Bruitparif, le bruit aérien enregistré à Gonesse (62 décibels) est supérieur à la valeur limite réglementaire (55) ou celle recommandée par l’OMS (45). Selon ce même observatoire, qui s’appuie sur des données de 2019, 30,4 mois de vie en bonne santé seraient perdus dans cette commune du fait du bruit cumulé des transports, dont 23,3 mois en raison de l’aérien. Il est environ minuit, fin août, quand l’hôtesse de l’air Clara, 50 ans, filme dans sa cuisine à Gonesse le passage bruyant d’un avion. Des nuisances incessantes, d’après elle, qui veut déménager. Elle ne décolère pas contre ceux qu’elle appelle les «bobos de Paris» qui «vont voter à gauche» mais «polluent les autres» en prenant l’avion. Dormant grâce à des bouchons d’oreille, Clara exige un «droit à la tranquillité». «Quand vous avez un tapage nocturne, vous appelez la police. On appelle qui?», interroge-t-elle. «Fatalistes» Clara comme Jacques (prénoms modifiés) appartiennent à l’Association de défense contre les nuisances aériennes (Advocnar), qui tient un stand au forum des associations. Sous le chapiteau blanc, deux t-shirts rouges avec l’inscription: «Stop vols de nuit». «On peut réduire le trafic la nuit, voire mettre un couvre-feu. C’est le cas à Orly, à Nantes plus récemment, à Francfort où il y a un couvre-feu partiel», défend Françoise Brochot, la présidente de l’Advocnar. «On est tout à fait conscient des nuisances que génère le trafic aérien, à commencer par les nuisances sonores», convient Yannael Billard, directeur du développement durable au sein d’ADP, notant cependant une «diminution» de ces dernières, notamment grâce aux nouvelles générations d’avion. Mais le gestionnaire n’est pas favorable à un couvre-feu à Roissy, qui «mettrait très singulièrement en péril l’aéroport et, a fortiori, l’activité cargo». Très engagé contre les nuisances aériennes, Jean-Pierre Blazy, maire socialiste de Gonesse, déplore l’absence, selon lui, de discussions pour réduire les vols de nuit. Dans cette commune, les réactions sont souvent «fatalistes», constate la présidente de l’Advocnar. «Ce sont les plus impactés, et ce sont eux qui adhèrent le moins» à l’association, regrette Françoise Brochot. Antoine BOYER © Agence France-Presse