
Le véritable intérêt de l’eurocroissance serait de financer les petites entreprises

L’Agefi Actifs. - Dans une communication récente, vous avez précisé que les fonds en euros n’ont pas vocation à prendre des risques. Que suggérez-vous?
Olivier Potellet. - Nous partons d’un constat simple. Tout d’abord que la faiblesse persistante des taux d’intérêts conduit mécaniquement à une baisse des rendements des fonds en euros. Nous rappelons aussi qu’après les subprimes en 2008, nous avons assisté à la faillite d’un Etat de la zone euro, la Grèce, qui a couté cher aux assureurs. Malgré cela, la Place continue à servir, ou plus exactement à communiquer sur des niveaux de taux élevés. Nous assistons à des prises de risques avec des cantons qui comportent une part d’action importante et d’autres qui sont sur-dimensionnés en immobilier. Le message est brouillé. Il laisse penser aux assurés que les placements sans risque se situent au dessus de 3,50 %. Cette politique n’est pas raisonnable et va à l’encontre de la transparence. Elle conduit à pousser les clients à souscrire du fonds en euros, au détriment des unités de compte, et les assureurs à acheter pour leurs portefeuilles des obligations d’Etat en grande quantité à des taux très bas, pour ensuite prendre des risques en vue de dope les performances. Cela n’a pas de sens à notre avis.
La part des actions en moyenne n’est pourtant pas très élevée.
- Avec 7 % d’actions dans un portefeuille et des taux de rendements obligataires acquis à 2 %, le rendement final servi à l’assuré risquera d’être particulièrement faible. D’autant que même au cours d’une bonne année comme celle de 2013, les assureurs ont peu mis en réserve dans leurs comptes. A cela s’ajoute le risque de liquidité qui nous semble réel. Voilà pourquoi nous pensons que cette stratégie est inappropriée. Le rendement du fonds en euros doit être proche de celui des taux sans risque. La performance, quant à elle, doit être réservée aux unités de compte.
Comment envisagez-vous l’euro croissance?
- Nos calculs montrent qu’au regard du niveau des taux d’intérêt, la surperformance par rapport à un fonds en euros classique serait de l’ordre de 0,6 à 0,7 % par an sur huit ans. Le client souhaitera-t-il bloquer son épargne pour un rendement aussi faible?
Si nous devons mobiliser 80 % des sommes investies pour garantir un capital au terme, il est impératif que les 20 % restant soient placés sur des supports très dynamiques, c’est-à-dire dans des vecteurs qui financent l’économie réelle en soutien aux petites entreprises. Dans les textes, cela devrait être possible. Sinon, je ne vois pas d’autre intérêt à amener les clients vers l’euro croissance.
Plus d'articles du même thème
-
Les associations d’épargnants en quête d'un nouveau souffle
Afer, Agipi, Asac-Fapes, Gaipare : comme les Trois mousquetaires, les grandes associations d’épargnants sont quatre. Pour rester dans la course face à une concurrence plus agile, elles modernisent leurs offres et ciblent un public plus jeune. Si le défi reste de taille, elles sont déterminées à réaffirmer leur rôle autant auprès des particuliers qu'au cœur du débat public. -
L’acquisition de Lombard International dope les résultats d’Utmost Wealth
La filiale du groupe britannique a doublé sa collecte en assurance vie au premier semestre 2025. -
L’assurance-vie reste un puissant moteur pour les bancassureurs français en 2025
De nouveaux records de collecte en assurance-vie ont été battus ce semestre, preuve s’il en faut de la très forte dynamique du segment pour les bancassureurs nationaux. La compétition est également rude sur l’épargne retraite. En matière d’épargne, les stratégies et priorités divergent mais la performance est au rendez-vous.
Sujets d'actualité

ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Les promoteurs immobiliers veulent croire en une reprise proche
- Tracfin a encore intensifié ses signalements en 2024
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- L’exonération du régime mère-fille dépasse le seul cadre de l’impôt sur les sociétés
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse -
En eaux troubles
Pourquoi Emmanuel Macron se trompe de A à Z sur le compte des socialistes
Les stratèges de l’Elysée se fourvoient doublement : sur le degré supposé de fébrilité des députés PS en cas de dissolution et sur l’importance pour Olivier Faure de ne pas se dissocier des écologistes à six mois des municipales. -
En formation
Après les véhicules électriques, la Chine défie l'Europe et les Etats-Unis dans le transport aérien
L'avionneur chinois pourrait prochainement enregistrer sa première commande à l'étranger pour son C919, concurrent direct de l'A320 et du B737