Rothschild & Co reste prudent pour 2022 après une année historique

Les sentiments sont partagés chez Rothschild & Co. La banque a présenté des chiffres record pour 2021, avec un résultat net part du groupe de 766 millions d’euros contre 173 millions en 2020. C’est un niveau plus de deux fois supérieur aux 303 millions d’euros de 2018 qui constituaient auparavant sa meilleure année. «Tous les métiers du groupe ont participé à cette performance historique», déclare à L’Agefi François Pérol, managing partner et co-président du comité exécutif de Rothschild & Co. Pour 2021, les revenus de la banque ont atteint 2,9 milliards d ‘euros, contre 1,8 milliard en 2020.

La banque modère cependant sa satisfaction, car 2022 sera une année très différente de la précédente. Aussi bien sur le plan macroéconomique, avec une hausse des taux anticipée sur les principales banques centrales, que sur le plan géopolitique avec le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine. La banque n’est exposée à la Russie que de manière subsidiaire, avec une équipe d’à peine 10 personnes sur place pour ses activités de conseil en fusions et acquisitions. Coté banque privée, Rothschild & Co ne compte pas, dans ses clients, de personnes visées par les sanctions européennes et américaines. « Notre exposition à la Russie est très limitée », précise François Pérol.

Mais comme toutes les autres banques qui n’ont pas d’exposition directe sur ce pays, elle sera touchée par cette crise en 2022 de manière indirecte. « Nous sommes confiants dans le potentiel de création de valeur de tous nos métiers mais nous sommes très conscients que l’année 2022 présente un niveau d’incertitude qui s’est très fortement accru depuis le début de l’année », admet François Pérol.

Concernant le conseil financier, « notre pipeline de mandats est actuellement très diversifié et reste supérieur à celui des années précédentes au même moment de l’année. Nous nous attendons donc à ce que l’activité reste élevée pendant la première partie de l’année, mais nous sommes conscients que nous allons peut-être devoir nous adapter à un contexte beaucoup plus exigeant en seconde partie de l’année », explique François Pérol.

Concernant la banque privée, la banque est consciente que les marchés financiers seront plus difficiles. « Cela peut avoir un impact sur nos revenus, concède le banquier, Mais cet impact sera pour partie compensé par la hausse de nos revenus d’intérêts ». Enfin, concernant le capital investissement « nous allons continuer de faire croître nos revenus sous gestion. Nous générerons des revenus liés à la performance des investissements mais à un niveau inférieur à celui de 2021 », anticipe François Pérol.

Croissance uniforme

Le conseil financier a généré un revenu record de 1,9 milliard d’euros en 2021, en hausse de 67% par rapport à 2020. La banque a exécuté 741 mandats l’année dernière contre 578 en 2020. Le conseil en fusions-acquisitions a atteint des revenus de 1,4 milliard d’euros, en hausse de 87% et le conseil en financement 483 millions, en progression de 28% par rapport à 2020. « Sur nos activités de conseil financier, nous avons évolué mieux qu’un marché qui a lui-même été exceptionnel », indique François Pérol.

En banque privée et gestion d’actifs, la banque a pour la première fois dépassé les 100 milliards d’euros d’actifs sous gestion, à 104 milliards fin décembre 2021, en hausse de presque 25% par rapport à la même date l’année précédente. Le groupe affiche une collecte nette de 4,1 milliards d’euros et a totalement intégré les 7 milliards d’euros de Paris Bertrand racheté en décembre 2020. Les revenus de la gestion ont progressé de 19% à 593 millions d’euros, grâce à nos commissions de gestion. « Les revenus d’intérêt ont, quant à eux, continué de baisser, mais ils devraient se redresser en 2022 », at-il précisé.

Enfin les activités de capital investissement (le merchant banking) ont atteint, en 2021, 2,7 fois les revenus de 2020, à près de 400 millions d’euros. « La performance des activités d‘investissement a bénéficié d’une année de rattrapage. En 2020, nous avions décalé plusieurs cessions et n’avions pas enregistré de plus-value sur ces activités ».

Le groupe va proposer à l’assemblée générale le versement d’un dividende de 2,75 euros par action pour 2022, dont 1,15 euro qui relève du dividende « normal », en hausse de 29%, et d’un dividende spécial de 1,6 euro par action au titre des résultats exceptionnellement élevés en 2021. La banque lancera par ailleurs un rachat d’actions d’un montant maximum de 70 millions d’euros.

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