L’inflation alimentaire constitue un problème pour la BCE

Les ménages français et européens ont adapté leur comportement à la forte hausse des coûts de l’alimentation, mais celle-ci aura à son tour un impact sur la dynamique globale des prix.
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Sans un freinage de l’inflation alimentaire, un retour de l’inflation sur sa cible sera compliqué  -  © European Union

L’inflation en France continue d’augmenter. Celle-ci a atteint 7,3% sur un an après 7% en janvier, selon les données publiées mercredi par l’Insee et correspondant à l’indice harmonisé des prix à la consommation européen. De fait, le ralentissement de la progression des prix de l’énergie est loin de compenser la progression des prix dans les autres postes mesurés par l’Insee : biens (+4,7%), services (+3%), et surtout alimentation (+14,8%).

Cette dynamique d’inflation alimentaire plus forte que prévu et qui se constate ailleurs en zone euro n’est pas sans poser problème à la Banque centrale européenne (BCE), explique Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo BHF dans une analyse. Les dépenses alimentaires sont contraintes, répétées, et représentent une part importante (20%) du panier : quel que soit le niveau des taux d’intérêt, les ménages doivent se nourrir, et font l’expérience de tensions sur les prix à chaque passage en caisse. «Cela peut influencer leurs anticipations d’inflation, et par suite, leurs revendications salariales», insiste l’économiste.

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Adaptation

Les ménages s’adaptent pourtant à ces prix plus élevés. L’Insee explique ainsi que l’énergie et le logement sont les deux principaux postes de dépenses sur lesquels les ménages ont diminué leur consommation au dernier trimestre 2022. Cette adaptation s’est principalement exprimée à travers la baisse des volumes consommés (-14,1% sur un an pour l’énergie et -8,5% pour l’alimentaire), mais aussi par un changement de gamme ou d’enseignes. De manière paradoxale, les dépenses sur les autres postes mesurés par l’Insee n’ont pas subi de baisses de consommation comparables. L’inflation y est certes moins élevée ; surtout, ce sont les ménages les plus pauvres qui ont le plus ajusté leurs habitudes de consommation. La part de l’énergie et de l’alimentation dans le budget de ces ménages est aussi plus importante.

Reste à voir dans quelle mesure ce changement des habitudes de consommation est pérenne. Si l’inflation alimentaire réagit rapidement et fortement à l’évolution des prix de gros, elle est beaucoup moins volatile à la baisse : les prix de l’alimentaire n’ont jamais baissé de plus de 2% en un an. En 2009 par exemple, alors que l’indice des prix de la FAO avait chuté de 22%, les prix alimentaires pour le consommateur étaient restés stables.

De quoi pousser les ménages à réviser leurs anticipations d’inflation à la hausse et à plaider pour des hausses de salaires plus importantes. «Sans un freinage de l’inflation alimentaire, il est difficile d’espérer un retour de l’inflation sur sa cible», conclut Bruno Cavalier.

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