
Le taux américain à 10 ans renoue avec ses plus hauts

Le rebond des taux souverains se confirme depuis début août. En dépit du ralentissement de l’inflation, observé en Europe comme aux Etats-Unis, les investisseurs s’inquiètent de voir la hausse des prix demeurer durablement à un niveau supérieur aux cibles des banques centrales. Après la récente hausse des taux, les emprunts d’Etat souverains des pays développés accusent la pire performance dans la classe d’actifs obligataire avec une perte de près de 1,5% depuis le début de l’année.
La résilience des économies occidentales laisse en effet ouverte la porte à une inflation sous-jacente, hors prix de l’énergie et de l’alimentation, élevée. Les «minutes» de la Fed, qui détaillent le contenu des échanges tenus lors de la précédente réunion de la banque centrale américaine, révélées dans la soirée du 16 août, ont confirmé cette vision. La plupart des responsables de l’institution continuent en effet de privilégier la lutte contre l’inflation, ce qui pourrait se traduire par de nouvelles hausses de taux de la part de la Fed. Désormais, un peu moins de 40% des investisseurs anticipent un nouveau tour de vis d’ici à la fin de l’année, selon l’outil FedWatch de CME Group.
La trajectoire haussière des anticipations d’inflation du marché, conjuguée à la récente hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie, qui pourrait de nouveau augmenter l’inflation totale, alimente les craintes des investisseurs et la hausse des taux long terme. Depuis une semaine, le mouvement sur les taux s’explique surtout par une hausse des taux réels, les anticipations d’inflation reculant légèrement.
«Les rendements réels ont mené la hausse, celui à 10 ans (+4,9 pb) clôturant à un sommet depuis 2009 de 1,93 %, mercredi, tandis que le rendement réel à 2 ans (+5,5 points de base) a atteint son propre sommet depuis cette époque à 3,15%», indiquaient les stratégistes de Deutsche Bank. Le retrait par Fitch de la note AAA des Etats-Unis, suivie par l’annonce d’une nette augmentation des besoins de financement de l’Etat américain, et donc des émissions de Treasuries sur la fin de l’année, ont entraîné une reconstitution de la prime de terme. Celle-ci est censée rémunérer le risque pris par les investisseurs pour détenir cette dette.
Une adjudication de dette souveraine manquée au Japon sur une maturité longue (20 ans), faute d’une demande suffisante ce qui a provoqué un net écartement des rendements sur les échéances les plus longues, s’est également répercutée jeudi sur l’ensemble des marchés de taux. Au Japon, les rendements ont bondi de plus de 5 pb sur cette partie de la courbe avec des taux à 20 ans de 1,35% et à 30 ans de 1,63%, contre 0,64% à 10 ans, dont le rendement est contrôlé par la Banque du Japon.
Proche d’un record de 16 ans
Dans ce contexte, alors que les inscriptions au chômage hebdomadaires ont baissé aux Etats-Unis la semaine passée à 239.000, légèrement plus qu’attendu, confirmant la solidité du marché du travail américain, le rendement des obligations souveraines américaines à 10 ans a inscrit un nouveau plus haut depuis le début de l’année, à 4,31%, en hausse de 6 pb. Il n’est plus qu’à quelques points de base du sommet de 15 ans touché le 16 octobre 2022 à 4,34%. Ce taux a ainsi gagné près de 30 points de base (pb) en une semaine et 50 pb en un mois. Le taux à 30 ans a atteint jeudi un plus haut depuis 2011 à 4,41% tandis que le taux 2 ans, était quasiment inchangé, entraînant une légère repentification de la courbe, après avoir franchi les 5%.
«Compte tenu de l’ampleur des baisses de taux à venir qui ont été intégrées par le marché, plus les données tiennent longtemps, plus les investisseurs s’inquiètent de ce qui a été anticipé et doivent donc s’ajuster», a déclaré à Reuters Derek Halpenny, responsable de la recherche EMEA, MUFG. En zone euro, les taux sont également orientés à la hausse. A 2,70%, en hausse de 6 pb, le Bund allemand à 10 ans navigue à un niveau proche de ses plus hauts de mars dernier. Il a progressé de 25 pb en un mois. De l’autre côté de la Manche, où les anticipations de hausse des taux de la Banque d’Angleterre continuaient de s’ajuster à la hausse au-delà de 6%, les Gilts ont connu une nouvelle séance de correction. L’ensemble des maturités était en hausse et progressaient de 10 pb ou plus à partir de 7 ans.
Ces mouvements sur les taux ont pénalisé les marchés actions européens qui ont clôturé une nouvelle séance dans le rouge: l’Euro Stoxx 50 cédait 1,3% abandonnant 3,25% en un mois.
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Kaboul - Avec leurs lustres imitation cristal et leurs imposants canapés de velours, la vingtaine de cliniques esthétiques de Kaboul proposent d’entrer dans un autre monde: un univers de botox, d’injections et de greffes capillaires, une brèche dans l’austérité imposée par les talibans. Rares dans l’Afghanistan en guerre (2001-2021), ces cliniques ont éclos à la faveur du semblant de stabilité ayant regagné le pays depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021. Des médecins étrangers, turcs notamment, font régulièrement le voyage pour former des Afghans, qui suivent également des stages à Istanbul, tandis que le matériel trouve son chemin depuis l’Asie ou l’Europe. Dans les salles d’attente, une clientèle souvent aisée: des hommes à la chevelure clairsemée, mais surtout des femmes, parfois lourdement maquillées, toujours amplement couvertes, plus rarement en burqa. A 25 ans, Silsila Hamidi se lance dans son second lifting: sa peau, dit-elle pudiquement, souffre des «nombreuses pressions» imposées aux Afghanes. Il y a deux ans déjà, cette stomatologue de formation --diplômée juste avant que les talibans ne bannissent les femmes des universités mais qui aujourd’hui n’exerce pas-- avait fait retoucher le bas de son visage. «Même si les autres ne nous voient pas, nous si: se trouver belles dans le miroir nous donne de l'énergie», témoigne-t-elle, avant de laisser le bistouri rehausser le haut de son visage, qui «commençait à s’affaisser». Depuis 2021, les Afghanes ne peuvent plus exercer de nombreux métiers ou voyager sans chaperon et sont interdites d'étudier après 12 ans, de se balader dans les parcs ou de fréquenter une salle de sport. Coiffeur non, botox oui Et si la chirurgie est tolérée, les salons de coiffure et de beauté leur sont fermés. «S’ils étaient ouverts (...) notre peau ne serait pas dans cet état, on n’aurait pas à se faire opérer», glisse Mme Hamidi. Sollicitées à plusieurs reprises par l’AFP, les autorités talibanes, qui d’ordinaire interdisent de changer ses caractéristiques physiques conformément à la loi islamique, n’ont pas donné leur avis sur la chirurgie esthétique. Des acteurs du secteur indiquent qu’elle est autorisée car considérée comme de la médecine. Le gouvernement ne s’immisce pas dans leur travail, disent-ils à l’AFP, mais s’assure que la non-mixité est respectée: un infirmier pour un patient, une infirmière pour une patiente. Certains affirment que des talibans eux-mêmes sont clients. «Ici, l’absence de cheveux ou de barbe est considérée comme un signe de faiblesse», explique Sajed Zadran, directeur adjoint de la clinique Negin Asia, où la modernité des machines made in China pourrait faire pâlir les hôpitaux, confrontés à une grave crise budgétaire. Depuis que les talibans ont ordonné aux hommes de porter une barbe de la longueur d’un poing --minimum--, la greffe est à la mode, relève Bilal Khan, codirecteur de la clinique EuroAsia, sur le point d’ouvrir un deuxième établissement. Et parce que tous les clients ne sont pas riches, certains «empruntent pour avoir des cheveux avant leur mariage», rapporte-t-il. Effet Instagram Dans la villa de quatre étages transformée en clinique, les méthodes sont les mêmes qu'à l'étranger et ne présentent «aucun risque», assure Abdul Nassim Sadiqi, dermatologue, qui détaille les prix: 37 à 75 euros pour le botox et 225 à 437 euros pour les implants capillaires. Une fortune pour l'écrasante majorité des 48 millions d’Afghans --dont près de la moitié sont pauvres selon la Banque mondiale-- mais une aubaine pour Mohammed Shoaib Yarzada, 39 ans, restaurateur afghan installé à Londres. Echaudé par les milliers de livres demandées en Angleterre pour la même opération, il a profité de sa première visite au pays en 14 ans pour faire regarnir son crâne. Pour attirer de nouveaux clients, chaque clinique inonde ses réseaux sociaux de promesses de beauté: peau lissée, lèvres pulpeuses, cheveux abondants... En Afghanistan, comme ailleurs, on n'échappe pas aux diktats véhiculés par des influenceurs, avance Lucky Khaan, 29 ans, codirectrice de Negin Asia, qui enregistre des dizaines de nouveaux patients chaque jour. «Nombreux viennent sans réels problèmes mais veulent faire de la chirurgie car ils ont vu des tendances sur Instagram», rapporte la docteure Khaan, Russe aux origines afghanes. Alors que selon l’ONU, dix millions d’Afghans souffrent de la faim et qu’un sur trois n’a pas accès aux soins médicaux de base, certains, «qui manquent d’argent pour manger, préfèrent investir dans leur beauté», ajoute la chirurgienne. Claire GOUNON © Agence France-Presse -
La Bourse de Paris progresse légèrement avant les annonces de la Fed
Paris - La Bourse de Paris attend mercredi la décision de politique monétaire de la Banque centrale américaine (Fed), les investisseurs anticipant très largement une baisse des taux. Vers 09H45 heure locale, l’indice vedette de la Bourse de Paris prenait 0,19%, soit 15,01 points, à 7.833,23 points. La veille, le CAC 40 avait cédé 1% pour s'établir à 7.818,22 points. «Les acteurs du marché attendent avec impatience les résultats de la réunion de la Fed», la Réserve fédérale américaine, commente Andreas Lipkow, analyste indépendant. L’institution monétaire devrait opter pour une baisse de ses taux d’intérêt mercredi, annoncée à 18H00 GMT, pour la première fois en 2025. Les taux de la Fed se situent actuellement dans une fourchette entre 4,25% et 4,50%. «La question est maintenant de savoir dans quelle mesure la Fed abaissera la fourchette des taux d’intérêt en 2025", note M. Lipkow. «Jusqu’en soirée, les acteurs du marché devraient rester prudents vis-à-vis des actions européennes», estime-t-il. «Les prises de bénéfices étaient déjà à l’ordre du jour sur les marchés asiatiques et cette tendance pourrait également se répercuter» sur les indices européens. La réunion se tient dans une configuration particulière avec Stephen Miran, un conseiller de Donald Trump devenu gouverneur in extremis après la démission surprise de la gouverneure Adriana Kugler, siégeant à la même table que Lisa Cook, une responsable que l’exécutif cherche à éjecter. Sodexo dans le vert Sodexo avançait de 0,86% à 52,60 euros vers 09H45 heure de Paris après avoir annoncé mercredi renouveler son contrat avec Shell pour cinq ans pour la gestion des services sur le lieu de travail de 41 sites répartis dans 19 pays comprenant des bureaux, raffineries, sites offshore et bases-vie, sans préciser le montant du contrat. TotalEnergie Le groupe TotalEnergies reculait de 0,46% à 52,19 euros. Il a annoncé mercredi avoir signé quatre contrats de partage de production au large du Libéria pour des blocs d’exploration d’une superficie d’environ 12.700 kilomètres carrés. Euronext CAC40 © Agence France-Presse -
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