
Pourquoi l’union des marchés de capitaux patine encore
En 2014, la Commission européenne donnait le top départ de son projet d’union des marchés de capitaux. Une décennie plus tard, force est de constater qu’il est encore loin d’être abouti. Olivier Lendrevie, fondateur de MoneySmart connait bien le sujet et le fonctionnement des marchés financiers. Il a été directeur général adjoint de la Bred Banque Populaire, président du réseau de courtiers Cafpi et enseigne désormais à HEC.
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Le projet était pourtant prometteur. «Un des objectifs intermédiaires était l’harmonisation des règles de fonctionnement des marchés financiers et de distribution des produits financiers. Plusieurs avancées ont été réalisées en la matière et l’on peut dire que l’objectif est atteint», expose-t-il. En revanche, là où le bât blesse, c’est sur l’ambition de créer un marché unique de l’épargne européenne pour «optimiser l’allocation des capitaux au sein de l’UE. Factuellement, on peut dire que c’est loupé», cingle-t-il.
L’idée était de pouvoir utiliser les réserves d’épargne des pays les mieux dotés en la matière (telle que la France) pour soutenir les besoins de financement d’entreprises étrangères, notamment celle en Europe de l’Est. « Le marché de l’épargne européen est toujours une mosaïque de marchés nationaux », enfonce Olivier Lendrevie.
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Olivier Lendrevie impute ce demi échec à plusieurs facteurs. «Les différences de cultures financières sont très fortes d’un pays à l’autre. Les Hollandais par exemple investissent beaucoup en actions alors que les ménages français se portent fortement sur l’épargne réglementée. Ces habitudes sont profondément ancrées dans les populations, elles ne peuvent pas changer du jour au lendemain», relève-t-il.
Au-delà des us et coutumes, les disparités de régimes fiscaux et de retraite compliquent le rapprochement des marchés. «Des pays comme la France, l’Allemagne, l’Espagne, Italie, ont encore des régimes de retraite par répartition, alors que d’autres comme les Pays-Bas et le Danemark sont passés au modèle par capitalisation. Tant que ce point et la fiscalité ne sont pas harmonisés, unifier les marchés de l’épargne sera impossible», estime Olivier Lendrevie.
Il suspecte également un peu de chauvinisme de la part des dirigeants politiques : «Tout le monde opine du bonnet à l’idée d’harmoniser les marchés, mais dès lors qu’ils se rendent compte que cela implique de laisser filer l’épargne du Livret A pour soutenir des économies étrangères, plutôt que de l’utiliser sur notre territoire, les discours changent… ».
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Wall Street enchaîne les records après la baisse des taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a clôturé dans le vert vendredi, à l’issue d’une semaine marquée par la première baisse de taux de la Réserve fédérale (Fed) de l’année qui a poussé la place américaine à de nouveaux sommets. Le Dow Jones a pris 0,37%, l’indice Nasdaq a gagné 0,72% et l’indice élargi S&P 500 a progressé de 0,49%. Les trois indices ont atteint de nouveaux records en clôture pour la deuxième séance consécutive. «Aucun catalyseur n’est à signaler en cette fin de semaine, compte tenu d’un calendrier économique américain vide», résume Jose Torres, d’Interactive Brokers. L’analyste n’a d’ailleurs pas remarqué «d’impact significatif des résultats positifs annoncés ce matin à l’issue de l’entretien téléphonique entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping». Le président américain a assuré vendredi que des «progrès» avaient été faits sur TikTok pendant un échange avec son homologue chinois Xi Jinping, tandis que Pékin a appelé au respect d’un environnement d’affaires «non-discriminatoire» dans cet épineux dossier. Selon Christopher Low, de FHN Financial, les investisseurs continuent à se montrer «encouragés» par la détente monétaire engagée mercredi par la banque centrale des Etats-Unis avec la baisse des taux directeurs d’un quart de point de pourcentage. Sur la place américaine, «tout le monde aimerait que la Fed baisse les taux davantage et plus rapidement, mais seulement si cela se justifie», ce qui signifie que Wall Street est «satisfaite» du ton adopté par le président de l’institution Jerome Powell, assure M. Low. Selon la médiane des prévisions des responsables de la Fed, deux baisses de taux supplémentaires (d’un quart de point chacune) sont anticipées en 2025. Mais M. Powell s’est gardé mercredi d’y voir plus que des hypothèses, rappelant que la Réserve fédérale devra analyser de nouvelles données économiques, sur l’inflation et l’emploi aux Etats-Unis, avant de statuer à nouveau sur ses taux. Par ailleurs, pour Jose Torres, les investisseurs «examineront le ton et les messages des responsables de la banque centrale» lors des prochains jours, certaines déclarations étant susceptibles de faire évoluer les anticipations quant au calendrier de la Fed. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance dix ans évoluait vers 20H25 GMT autour de 4,13%, contre 4,10% la veille en clôture. Côté entreprises, Microsoft (+1,86% à 517,93 dollars) a été recherché après avoir annoncé que les prix de ses consoles Xbox augmenteraient à partir de début octobre en raison des «changements dans l’environnement macroeconomique». Le groupe américain de livraison de plis et de colis Fedex (+2,32% à 231,75 dollars) a profité de résultats supérieurs aux attentes pour le premier trimestre de son exercice décalé. Le groupe spécialisé dans les services aux entreprises (conseil et informatique) Cognizant (-4,73% à 66,94 dollars) a été boudé après l’annonce par la Maison Blanche de la mise en place de frais de 100.000 dollars pour des visas de travail très utilisés dans la tech. Nasdaq © Agence France-Presse -
Le gouvernement en voie d'enterrer le service national universel
Paris - «Mise en extinction": l’exécutif semble en voie d’enterrer le service national universel (SNU), un projet cher à Emmanuel Macron qui a connu beaucoup de vicissitudes et pourrait être remplacé par un service militaire «volontaire». Au détour d’un communiqué publié vendredi, le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté ministre démissionnaire des Armées, a annoncé la suppression de plusieurs structures, dont la délégation générale en charge du SNU le 1er janvier prochain, du fait de la «mise en extinction» du dispositif et de la «création prochaine du service militaire volontaire». Sauf que la suppression du SNU en soi, un dispositif promis par le candidat Emmanuel Macron en 2017, n’a jamais été officiellement annoncée. Le président de la République avait annoncé en mars «une grande refonte» du SNU et dit en juillet qu’il voulait «donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir, selon d’autres modalités, au sein de nos armées», promettant des annonces "à l’automne». Un service militaire volontaire était alors envisagé, sans être acté. La France a suspendu la conscription en 1997. Destiné aux jeunes âgés de 15 à 17 ans, le SNU comporte une «mission d’intérêt général» et un «séjour de cohésion» comprenant des activités sportives, culturelles et intellectuelles, avec des journées qui débutent par la «levée des couleurs» (drapeau et hymne national) et le port de l’uniforme. «Parcours d’engagement» Depuis mars 2024, ce dispositif d’engagement citoyen est aussi intégré au temps scolaire, avec un stage de douze jours pour les élèves en classe de seconde, volontaires. La promesse initiale du candidat d’En Marche était d’instaurer un «service national» obligatoire d’une durée d’un mois pour les jeunes âgés de 18 à 21 ans, encadré par les armées et la gendarmerie nationale. Le SNU va désormais être transformé en «parcours d’engagement» piloté par la Direction de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA), qui dépend du ministère des Sports, a précisé à l’AFP Matignon, sans plus de détails. Lancé en 2019, avec des crédits depuis rabotés, le SNU n’a jamais trouvé son rythme de croisière. «On a tous fait le constat que c'était extrêmement cher et à la fin on ne sait pas tellement à quoi ça a servi. Et ça ne répond pas aux besoins du ministère des Armées en termes opérationnels», résume une ministre. La piste de sa généralisation pour la rentrée 2026, lancée par le Premier ministre Gabriel Attal (9 janvier - 5 septembre 2024) et qui s'était heurtée à de vives résistances, a été abandonnée. L’objectif était d’attirer 66.000 volontaires en 2025 (après 80.000 en 2024), mais seuls 35.700 jeunes s'étaient inscrits à l’automne 2024. Et les crédits alloués par le gouvernement étaient passés à l'époque de 130 à 80 millions d’euros. Depuis, la dissolution, l’absence de majorité à l’Assemblée nationale et les coups de rabots budgétaires semblent avoir sonné le glas de cette «ambition» promise par le chef de l'État. - «Coût significatif» - La Cour des comptes avait dressé en outre, il y a un an, un bilan sévère du SNU, critiquant des objectifs «incertains», un coût «largement sous-estimé», et des «difficultés de déploiement». Dans un document annexe au rapport de la juridiction, le ministère des Armées lui-même admettait «la nécessité de clarifier» les objectifs du SNU «et de créer les conditions d’un pilotage» qui soit «adapté à l’ambition gouvernementale retenue». Mercredi, la commission des Affaires culturelles et de l'éducation de l’Assemblée nationale a examiné un rapport de deux députés de l’opposition (Idir Boumertit pour LFI et Maxime Michelet pour l’UDR) sur les «conditions d’accueil et d’encadrement» des séjours de cohésion du SNU, qui préconise la «suppression» du dispositif. «Cinq années après une mise en place pour le moins chaotique, où la communication ministérielle a primé sur le fond, force est de constater que le SNU (...) demeure un dispositif expérimental, en évolution constante, dont la généralisation reste un leurre», estiment les rapporteurs, qui pointent des objectifs «pas (...) atteints» et un «coût financier significatif». Anne RENAUT © Agence France-Presse -
Rhône : inquiétude et tensions parmi les éleveurs bovins face à un nouveau foyer de dermatose nodulaire
Saint-Laurent-de-Chamousset - La détection d’un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans un cheptel bovin du Rhône, à bonne distance de l'épicentre français de cette maladie animale, ravive les craintes d’une propagation plus large mais aussi les tensions entre syndicats sur l’abattage systématique des foyers infectés. Un foyer de DNC a été détecté jeudi dans un troupeau de vaches laitières du Rhône, une première pour ce département hors de la zone réglementée, a annoncé vendredi le ministère de l’Agriculture. Aucun des éleveurs à Saint-Laurent-de-Chamousset, bourgade de 2.000 habitants sur les Monts du Lyonnais où le foyer a été recensé, n’a souhaité s’exprimer auprès de l’AFP avant d’en savoir plus sur les suites données à la découverte. Les rues de la localité étaient désertes vendredi, sous un soleil de plomb. Dans les prés verdoyants des collines alentour, paissent ça et là de petits troupeaux de vaches montbéliardes. Un marché aux veaux se déroule chaque lundi dans le centre-ville, mais il est désormais suspendu. «Cela fait remonter chez moi des souvenirs terribles de la vache folle (au début des années 1990, ndlr). Trois élevages avaient été détruits en une seule nuit», se remémore Christian Ferrière, un ancien éleveur de 70 ans rencontré dans sa ferme à l’extérieur de la ville. «Je ne comprends pas pourquoi on met en place des mesures aussi traumatisantes, abattre tout un troupeau pour une seule vache qui serait contaminée», regrette-t-il. «C’est trop radical, trop inhumain, trop froid». Cela porte à 79 le nombre de foyers détectés dans 47 élevages depuis la première apparition fin juin en France de cette maladie virale non transmissible aux humains, qui conduit à des pertes de production laitière importantes et entraîne parfois la mort d’une partie du cheptel infecté. La propagation, qui se fait entre bovins infectés ou par des piqûres d’insectes, avait commencé en Savoie et Haute-Savoie, avant de toucher des communes de l’Ain. Une campagne de vaccination et de restriction drastique des mouvements dans une zone réglementée a permis selon le ministère d’endiguer sa diffusion fin août. Emotion et tensions L’abattage total et systématique des foyers infectés a toutefois causé une vive émotion et un conflit exacerbé entre syndicats sur la stratégie à adopter. L’Etat et l’alliance FNSEA-JA soutiennent cette mesure drastique quand la Coordination rurale et la Confédération paysanne, qui ont tenté de bloquer des abattages, regrettent que d’autres méthodes n’aient pas été envisagées. Le nouveau foyer a été détecté à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Lyon. La zone réglementée s'étendait sur l’Ain, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie, et s’arrêtait à quelques kilomètres à l’est de la métropole. Pour la Coordination rurale, ce cas illustre la nécessité de «réinterroger la stratégie» du gouvernement et «d’anticiper un protocole sanitaire adapté, moins radical que les mesures actuellement en vigueur, si la maladie devait s’y propager», selon un communiqué. «Le dépeuplement (l’abattage, NDLR) est en cours et une nouvelle zone réglementée a été définie», a indiqué vendredi le ministère, pour qui ce nouveau cas «illustre l’importance de maintenir une vigilance accrue». Le dernier foyer détecté remontait au 6 septembre, dans un troupeau avec des animaux non vaccinés malgré l’obligation dans la zone, une «négligence», selon Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA. Cela remet à zéro le compteur de 45 jours à partir desquels, sans nouveau cas, les restrictions de mouvement peuvent être levées. Le gouvernement a déjà permis, dans des conditions très strictes, des descentes d’estives. Avec les températures qui se rafraîchissent, il devient compliqué de laisser les vaches dans les pâturages en altitude. Au Salon de l'élevage qui s’est tenu de mardi à jeudi à Rennes, la Confédération paysanne a simulé mardi l’assassinat d'éleveurs sur le stand du ministère, dénonçant une stratégie «mortifère» sans prise en compte des avis vétérinaires «divergents» par rapport à la stratégie de l'État. Arnaud Rousseau a répondu mercredi lors d’une conférence que son syndicat et l'État s'étaient basés sur des expertises scientifiques, contrairement aux «épidémiologistes autoproclamés», dénonçant l’irresponsabilité des opposants aux abattages. Les éleveurs touchés, qui ont accès à des aides psychologiques et ont déjà reçu une avance de l'État pour indemniser les pertes d’animaux, espèrent aussi des aides pour les pertes indirectes et pour reconstituer leur cheptel. La région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé vendredi une «aide d’urgence», de 300 à 400 euros par bovin euthanasié. Emmanuel GIROUD avec Mathilde DUMAZET à Paris © Agence France-Presse