
Patrimonia2020 : le salon de la discorde

Deux semaines, deux revers. Le 10 juin dernier, les organisateurs de Patrimonia annonçaient la tenue du salon les 1er et 2 octobre prochains. «Tous les indicateurs sont au vert», indiquaient-ils. Mais le 19, l’Union des conseils en gestion de patrimoine (UCGP) annonçait sa décision de ne pas participer. Le 23, c’était au tour de la CNCGP.
Crise oblige, les raisons évoquées sont sanitaires et financières. «La crise économique que nous vivons est grave, les incidences importantes. Se concentrer sur notre core business est LA priorité», affirme Benoist Lombard, président de l’UCGP.
Côté CNCGP, on met plutôt en avant le refus des principaux partenaires, fournisseurs et adhérents de ne pas se rendre au salon. En ajoutant qu’«à la rentrée, des regroupements de moindre ampleur seront privilégiés ». Une remarque dont certains pointent la contradiction avec le maintien du sommet BFM Patrimoine en décembre…dont la Chambre est co-organisatrice. Hasard? «Apparemment la CNCGP suit aussi cette politique. Et le même jour BFM Patrimoine est annoncé... Peut-être suis-je le seul à y voir une plus que troublante coïncidence ?», s’interroge sur LinkedIn Sébastien Barreau, président de Patrimo Portage, en réaction à l’annonce de l’UCGP. Une interrogation partagée par de nombreux professionnels sur les réseaux sociaux commeLaure Bellamy, présidente et associée de CGP & Expertise : «Je ne crois pas du tout à la coïncidence (...)Je pense que l’heure devrait être à la solidarité et l’entente entre les associations ».
Patrimonia et les autres fédérations plaident pour l’apaisement
Derrière ces deux coups de tonnerre, certains voient rejaillir de vieilles tensions entre associations. En 2018, la CNCGP s’associait à BFM Business pour co-fonder le sommet BFM Patrimoine. Un événement similaire à Patrimonia, que beaucoup voient comme son concurrent parisien.
Interrogé par la rédaction, Aurélien Lafaye, directeur du pôle finance d’Infopro Digital et commissaire général de Patrimonia, dit respecter les décisions des fédérations, tout comme l’Anacofi, qui déplore cependant que ces annonces puissent faire penser à des rivalités entre associations. «Une fédération professionnelle est faite pour soutenir son écosystème», clame David Charlet son président. S’il dit comprendre l’inquiétude de certains, David Charlet entend surtout répondre à l’appel du gouvernement à reprendre l’activité. «Entre le 1er septembre et le 20 décembre, nous participerons à 16 événements de place. Si on en lâchait un, on les lâchait tous!», avance-t-il.
«Nous préférons continuer à soutenir notre écosystème de manière différente, en privilégiant les rencontres «one to one» et les visio conférences», se défendBenoist Lombard. Quid alors des risques sanitaires? A plus de trois mois de l’événement, l’excuse ne convainc pas tout le monde. «Si les autorités ont autorisé la tenue des salons, chacun doit être libre de s’y rendre ou pas. Je ne comprends pas à quel titre l’UCGP impose (à) ses membres une telle décision », résume Judith Sebillotte-Legris, associé gérant chez Score Patrimoine sur Linkedin.«Il nous reste trois mois pour peaufiner les mesures sanitaires prises sur place», rappelle David Charlet. Et elles sont déjà nombreuses.
Patrimonia 2.0
Permanence médicale, pré-enregistrement obligatoire, référent Covid...La rédaction a consultéla longue liste des mesures que les organisateurs comptent mettre en place. Au-delà de ces dispositions sanitaires, ils misent aussi sur l’accélération de la digitalisation du salon. Ainsi, la plateforme «Patrimonia Live» sera lancée avant le 1er octobre et permettra de suivre l’événement à distance, en direct et en replay.
De quoi rassurerles participants ? Si la CNCGP exclut tout retour possible sur sa décision, Benoist Lombard se dit prêt à reconsidérer la position de l’UCGP si la crise sanitaire est terminée d’ici là. De son côté, la CNCEF Patrimoine se veut plusconfiante. «Toutes les conditions nous semblent réunies pour que nous puissions nous y rendre», rassure Stéphane Fantuz, son président.
De grands fournisseurs manqueront à l’appel
Soumis àdes protocoles sanitaires parfois complexes, de grands acteurs ont cependant d’ores et déjà prévu de ne pas exposer au salon cette année. Parmi eux Schroders, M&G, Arkéa IS, BNP Paribas Cardif ou encore Carmignac. Des absents de renom qui n’alarment pas Aurélien Lafaye: « Je comprends qu’il leur soit difficile de prévoir un événement qui a lieu à la rentrée. C’est aussi l’opportunité pour les acteurs moins connus d’être plus visibles».
Paradoxalement, àce jour 1.200 personnes sont inscrites, soit 9 % de plus que l’an dernierà la même époque, selon les organisateurs de Patrimonia. Un point d'étape positif donc, d’autant que le pic d’inscription se fait habituellement aux alentours de septembre.
Plus d'articles du même thème
-
AEW Europe lance une plateforme de dette privée de 3 milliards d’euros
Jonathan Stevens est nommé au poste de responsable dette privée pour diriger cette plateforme. Celle-ci découle du transfert de l'activité de dette privée de Natixis IM International au sein d'AEW. -
Les menaces sur la croissance américaine font débat
L’incertitude reste grande autour de l’atterrissage de cette économie dont l’histoire a souvent, dans le passé, été marquée par les erreurs de prévision. -
Le gouvernement fixe à 2026 la fin du titre restaurant papier
Olivia Grégoire, ministre des PME, a annoncé une bascule totale vers les titres dématérialisés d’ici à deux ans et un possible plafonnement des commissions appliquées aux restaurateurs.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Bitwise va lancer les premiers ETF investis en contrats à terme sur ethereum
Contenu de nos partenaires
-
Défense
Armées: plus d'argent, moins de transparence
(Version actualisée) Des indicateurs importants ne seront plus rendus publics. -
Marathon
Wauquiez, l’homme qui marche seul
Laurent Wauquiez s'est efforcé dimanche de dissiper les doutes sur sa détermination à être candidat à la présidentielle -
Bientôt dans votre région
Avec 200 brigades de gendarmerie, Emmanuel Macron veut remettre du « bleu » dans les campagnes
Alors que l'opinion publique se préoccupe toujours autant des questions de sécurité et que les chiffres de la délinquance pour l'année 2022 sont dans le rouge, le chef de l'Etat veut renforcer la présence des forces de l'ordre sur le terrain