
Professions réglementées: le rapport « Ferrand » préconise l’accès à la nomination en tant que notaire sur concours

L’auteur du rapport veut «réformer sans casser». Ses 28 propositions (voir la liste en pdf ci-dessous) reposent sur quatre grands axes: les conditions d’installation qui doivent faciliter l’accès au jeunes et homogénéiser la présence des professionnels sur le territoire tout d’abord, les tarifs réglementées qui doivent davantage correspondre aux coûts réels ensuite, également l’ouverture du capital et l’exercice en commun qui doivent être encouragés, et enfin faciliter les conditions d’exercice de certaines professions. Selon un communiqué de presse du 3 octobre 2014, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron compte s’inspirer de ces propositions qui ont «vocation à enrichir le projet de loi [sur l’activité ] puis le débat parlementaire».
Un accès à la nomination sur concours. Si le rapport ne préconise pas une liberté d’installation absolue pour les notaires, il recommande de créer «un nombre significatif» d’offices et de postes. Il prévoit de supprimer l’indemnisation due par le créateur d’un office à ses voisins notaires, une mesure qui ne serait pas rétroactive. En outre, une instance indépendante se verrait confier la tâche de fixer le nombre d’offices et de postes identifiant chaque année les besoins par départements (en pdf, ci-dessous, la répartition territoriale des notaires en France métropolitaine). Enfin, seuls les lauréats d’un concours auraient accès à la nomination en tant que notaire par le Grade des Sceaux. Ainsi, le droit pour le titulaire d’un office ministériel de présenter son successeur à la Garde des Sceaux afin qu’il soit nommé pour le succéder, autrement appelé droit de présentation, serait supprimé. Le rapport précise que «la suppresion du droit de présentation ne remettrait pas en cause la possibilité pour le notaire de céder la valeur de l’office». Pour mémoire, le Conseil constitutionnel est appelé à se prononcer sur la constitutionnalité ou non de ce droit le 12 novembre prochain. Le conseil supérieur du notariat serait chargé de faire respecter l’obligation pour les notaires de recourir à l’association. Enfin, seuls les notaires titulaires pourront signer les actes authentiques, excluant la possibilité aujourd’hui de déléguer cette tâche à un clerc assermenté.
Tarif. Le député propose de plafonner les tarifs et de réviser ceux-ci tous les cinq ans. Il s’agirait également d’assurer la transparence de tarifs, notamment en affichant les tarifs dans les études.
SEL versus SCP / Plus de la moitié des avocats choisissent d’exercer en SEL. Favoriser le développement de l’activité et l’innovation en encourageant l’ouverture du capital et l’exercice en commun. Tel est l’axe suivant étudié par l’auteur du rapport. Il relève tout d’abord que les règles relatives à la détention de capitaux et de droits de vote dans les structures d’exercice des professions libérales sont contraignantes et leur lecture malaisée. Il note que le choix d’exercer en société d’exercice libérale (SEL) est relativement variable, les professionnels préférant la forme de la société civile professionnelle (SCP) pour s’associer. Les taux les plus importants concernent les administrateurs et mandataires judiciaires (respectivement 67,7 % et 56,8 %, mais pour un nombre de structures d’exercice très restreint : respectivement 31 et 88) et les avocats (54,6 % de SEL, 30,7 % de SCP). Pour les autres professions (notaires, commissaires-priseurs, greffiers de tribunaux de commerce), les taux ont compris entre 11 et 30 % (voir le tableau récapitulatif dans le pdf ci-dessous). Rappelons qu’il faut être en SEL pour pouvoir être détenu par une société de participations financières de profession libérale (SPFPL).
Une large majorité d’avocats parmi les détenteurs du capital des SPFPL. Le rapport note qu’«au 1er janvier 2014, la Chancellerie dénombrait 358 SPFPL (88 % du capital de ces SPFPL est détenu exclusivement par des avocats), contre 144 au 1er janvier 2011, soit une progression de presque 150 % du recours à cette forme de société. En pratique, trois SPFPL ont un capital ouvert à au moins un professionnel issu d’une autre profession que celle d’avocat. Selon la Chancellerie, aucune SPFPL d’officier public ministériel n’est constituée en mode interprofessionnel».
Création de SEL interprofessionnelles… En dépit des aménagements réalisés par la loi de 2011 ayant créé les SPFPL, l’auteur du rapport indique que la pluriprofessionnalité capitalistique reste limitée puisque la détention des capitaux reste réservée aux professions réglementées. Richard Ferrand ajoute qu’ «il n’y a pas de possibilité d’accès aux capitaux par des clients de ces professions», ajoutant « sans aller jusqu’à préconiser l’ouverture des capitaux à des tiers extérieurs, le rapport propose d’envisager la création de SEL interprofessionnelle entre métiers du droit et du chiffre, et entre professions de santé». «Il s’agit de diversifier les sources de financement en permettant aux professionnels qui le souhaite de développer leur activité en réaliser les investissements nécessaires», précise-t-on.
… et de structures d’exercice communes entre métiers du chiffre et du droit. En outre, la 17ème proposition offre de pouvoir créer des structures d’exercice communes entre métiers du droit et du chiffre. «Cette mesure permettrait de répondre à une forte demande des entreprises pour aller vers le concept et l’offre de « full services » et correspondrait à la pratique. Dans les faits, ces professions ont développé des habitudes de travail en commun, par exemple avec les notaires et les avocats. La création de ces structures communes induirait un gain de temps et une baisse des coûts pour les entreprises.
A noter que député ne préconise pas la création du statut d’avocat en entreprise qui n’est pas de nature, selon lui, à favoriser les échanges confidentiels entre le juriste et son employeur. Il faudrait plutôt étudier la possibilité d’accorder la confidentialité de ces échanges.
Lire le rapport dans le pdf ci-dessous.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse