
Dans le rang
Nous y sommes. Depuis quelques jours, le mécanisme du prélèvement à la source (PAS) est en place en France. Pour 60 % des contribuables qui ont d’ores et déjà opté pour une mensualisation de leurs impôts sur le revenu, ce fonctionnement n’entraîne pas de surprises particulières. Si étonnement il y a,il porte sans doute sur le taux appliqué et l’augmentation du montant prélevé - à situation égale avec celle de l’année dernière. Pour les 40 % restants en revanche, la nouveauté est réelle et si effectivement, le changement c’est maintenant, l’important tient surtout aux conséquences de ce dernier. Et pour cela, il va falloir attendre un peu.
, Pour l’instant, les Cassandre qui mettaient en garde l’an dernier contre la mise en place du prélèvement à la source si d’aventures la croissance donnait concomitamment des signes d’essoufflement, ont au moins vu juste sur le scénario: la croissance est bien en berne dans la zone euro et en France où, après le regain de 2017, elle est tombée à 1,5 % en
, 2018 et est attendue à un niveau comparable pour cette année. Pour le reste, le PAS peut compter sur quelques soutiens pour réussir son acceptation,et qui reconnaissons-le n’étaient pas forcément attendus. Un soutien populaire tout d’abord. Au plus fort de la crise sociale traversée par notre pays à la fin de l’année dernière - avec la question du pouvoir d’achat des ménages en point d’orgue - pas moins de 7Français sur 10 se disaient néanmoins favorables à sa mise en place. Un soutien financier également. La redistribution consentie par l’exécutif permet d’envisager un gain de pouvoir d’achat en mesure de limiter l’impact sur la consommation des ménages. D’après le très sérieux OFCE - organisme indépendant de prévision, de recherche en analyse économique - les mesures prises par l’exécutif en fin d’année dernière en matière fiscale doivent bien conduire en 2019 à une hausse du pouvoir d’achat pour la plupart des ménages. De 440euros en moyenne avec par ailleurs des classes moyennes gagnantes du fait principalement de la défiscalisation des heures supplémentaires, la baisse de la taxe d’habitation, la revalorisation de la prime d’activité
, ou encore les baisses de cotisations salariales... Sans oublier, de façon plus ponctuelle mais non négligeable, le versement dès la mi-janvier des avances de 60 % de crédits et réductions d’impôts consenti par les pouvoirs publics en septembre dernier. Ce versement a concerné 8,8millions de foyers fiscaux et le montant de l’avance perçu a atteint 5,5milliards d’euros, soit 627euros par foyer en moyenne. Dommage que l’on ne sache pas si ce mécanisme sera reconduit l’an prochain.
, En attendant, on en est là, entre deux forces contradictoires. Avec un constat cependant. Positif pour le coup: l’opération de transformation du mode de prélèvement s’est déroulée convenablement. Il n’est qu’à lire le communiqué de Bercy au premier jour de février pour y deviner plus qu’un soulagement, une satisfaction. Outre les opérations menées sur la majorité des pensions de retraites principales et complémentaires, les allocations chômage et les paies des salariés en décalage de paie, les 25millions de salariés concernés du secteur public et privé, ainsi que les 2,3millions de retraités de l’Etat n’ont pas subi de bugs majeurs tant redoutés. L’Etat aura même recensé 717.000foyers qui ont modifié leur taux depuis le début du mois de janvier et rappelé que les 40.000agents mobilisés ont traité 1,4milliond’appels téléphoniques, 130.000courriels et 1,2million de visites. La France dispose donc désormais d’un mode de collecte de l’impôt sur le revenu semblable à celui adopté depuis longtemps par les grands pays européens. L’Hexagone n’est donc plus une exception en la matière, laissant désormais ce statut à nos voisins suisses.
, D’une certaine façon, c’est sans doute ça le plus exceptionnel.
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