Upstone rachète son concurrent Immocratie

Les deux marques devraient continuer à exister dans un modèle «plateforme de plateformes». L’opération se fait dans un contexte compliqué pour les sociétés de crowdfunding, prises en étau entre la course au nouvel agrément européen et le ralentissement du marché immobilier.
Arnaud Romanet Perroux, directeur général d'Upstone

Nouveau rapprochement dans le crowdfunding. Fin juillet, la plateforme immobilière Upstone a annoncé le rachat intégral de son concurrent Immocratie.

Lancées en 2015, les deux sociétés opéraient sur le segment du financement participatif obligataire de projets immobiliers. Elles revendiquent ensemble un total de 175 projets financés pour un montant global de 122 millions d’euros dont 75 millions déjà remboursés. Dans le détail, Upstone se démarque clairement de sa nouvelle filiale, avec 118 projets, 87 millions d’euros collectés et 56 millions remboursés. 10% à 15% de sa base d’investisseurs seraient communs avec Immocratie.

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Les deux marques devraient continuer à exister indépendamment. «Les projets d’Immocratie seront proposés sur Upstone et inversement, explique Arnaud Romanet-Perroux, directeur général d’Upstone. Les investisseurs disposeront d’un portefeuille commun [géré par Mangopay, ndlr] leur permettant d’investir sur les deux plateformes s’ils le souhaitent».

Il s’agit de la première opération de croissance externe d’Upstone. La plateforme, qui a ouvert son capital au fonds Spirit fin 2021 à hauteur d’environ 55%, envisage déjà d’autres «rapprochements» dans l’ambition de devenir une «plateforme de plateformes» : «Nous regardons principalement les opportunités qui existent en immobilier car c’est notre savoir-faire. Nous restons tout de même attentifs aux autres marchés, comme celui des énergies renouvelables, mais avec prudence. Il y a peu de petits acteurs, la durée des investissements est très longue et la valeur résiduelle des actifs est proche de zéro », confie Arnaud Romanet-Perroux.

Un marché en zone de turbulences

Alors qu’une nouvelle opération est déjà dans les tuyaux du côté d’Upstone, le contexte pourrait accélérer la consolidation du marché du crowdfunding.

Du point de vue économique, la donne a changé. Le ralentissement du marché immobilier pénalise ses financeurs, comme l’ont montré les déboires de plusieurs SCPI cet été. Les porteurs de projet (marchands de biens et promoteurs) sont aux prises d’une inflation galopante, de taux d’intérêt encore à la hausse et de dévalorisations d’actifs. Un combo explosif qui freine leur activité et donc celles des plateformes de financement participatif. Or, les investisseurs sont devenus plus exigeants, et attendent des rendements toujours aussi élevés (9,4% en moyenne en 2022).

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La concurrence entre plateformes s’accroit pour aller chercher ces clients. D’autant que, du point de vue réglementaire, la pression augmente également. Les acteurs ont jusqu’au 10 novembre pour obtenir le nouveau statut européen de Prestataire de financement participatif (PSFP), sous peine de devoir baisser le rideau dès le lendemain. A date, seules 15 plateformes l’ont reçu de l’Autorité des marchés financiers (AMF). «Pendant longtemps, on a tous mis un voile pudique sur l’idée de voir des plateformes disparaitre. L’accepter est un peu dur, mais on commence à en parler. Malgré le moment compliqué, il faut faire du volume, mais certains acteurs ont du mal à y parvenir », regrette Arnaud Romanet-Perroux.

Les rapprochements ont déjà commencé : en 2022, October a racheté Crédit.fr, Lendahand a repris Babyloan, Empruntis a croqué Raizers a et Baltis a mis la main sur Proximea.

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