
La production de crédit progresse toujours

Voici une publication qui ne plaira pas à tout le monde. Alors que les courtiers se remettent à peine durevers essuyé sur le taux d’usure, les chiffres de la production de crédit à l’habitat publié ce mercredi 6 juillet par la Banque de France risquent de mettre de l’huile sur le feu.
Selon l’institution, elle est toujours en hausse: 27 milliards d’eurosau mois de mai (22,4 milliards hors renégociations), soit «le plus haut niveau atteint sur les cinq dernières années», écrit-elle. Sur un an, la hausse est de 6,8%. Le décalage avec les alertes des courtiers s’expliquerait par le fait que la Banque se base sur les fonds décaissés. Une méthode très critiquée ces derniers temps, accusée de fausser la perception du marché du crédit bancaire par les pouvoirs publics.
Une différence se perçoit également sur les taux d’intérêt. Dans sa publication, la Banque de France relève bien qu’ils sont en augmentation: 1,26% en moyenne en mai contre 1,19% en avril. Sauf qu’entre temps, la remontée s’est accélérée et accentuée, les banques mettant à jour leurs barèmes deux fois par mois. Ceux dejuillet indiquent déjà un dépassement du plafond de 2%. Selon le courtier Meilleurtaux, les taux de ce mois s’affichent en moyenne à 1,25% sur 15 ans, 1,35% sur 20 ans et 1,60% sur 25 ans.
«L’estimation avancée pour juin indique une hausse progressive par rapport à mai du taux d’intérêt moyen sur les nouveaux crédits qui atteindrait 1,33%, une production mensuelle de crédits à l’habitat toujours très forte (26,4 milliards d’euros) conduisant à une légère augmentation de la croissance annuelle de l’encours de crédit (+6,9 %)», prévoit la Banque de France.
De leur côté, les courtiers se font encore plus alarmistes et tentent d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur des initiatives pour l’instant isolées. Ainsi, Vousfinancer prévient qu’une banque propose désormais un taux unique à tous ses clients: 2,10%, peu importe leur profil, toutes maturités d’emprunts confondues. Olivier Lendrevie, directeur général de Cafpi, soulignait sur LinkedIn le taux d’une banque mutualiste régionale pour la clientèle grand public: 2,59% pour les prêts de 20 ans et plus. «Avec un taux d’usure à 2,57%, c’est un écriteau «fermé jusqu'à nouvel ordre»», a-t-il cinglé dans son post.
D’autres croient déceler derrière tous ce bruit ambiant des stratégies plus confidentielles. Un expert du courtage avance ainsi l’hypothèse de la volonté de la Banque de France «d’assécher le marché immobilier en maintenant le statu quo sur la méthode de calcul du taux d’usure».
Certains interprètent également l’accélération de la remontée des taux d’intérêt comme un«mouvement de protestation» des banques qui voudraient «rattraper une partie de leurs pertes sur les prêts immobiliers par le biais d’une augmentation importante et soudaine», comme l’écrit sur Linkedn également Maxime Verny, courtier en prêts immobiliers chez Privilège Courtage.«Le but est-il d’avoir un impact immédiat sur le volume de prêts accordés et sur le taux d’usure dès le trimestre prochain ?», interroge-t-il. Réponse d’ici quelques mois.
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