Entrez dans la famille des family officers !

Il existe encore peu de formations dédiées à la gestion pour familles fortunées, activité en plein essor en France.
Coralie Donas
Family-office-gestion-patrimoine-fortune-wealth-management
 -  Adobesotck

Activité récente en France et en plein développement, le family office, gestion de patrimoine dédiée aux intérêts d’une ou plusieurs familles fortunées, est encore en train de se structurer. L’Association française du family office, AFFO, créée pour encadrer la profession, a aussi lancé une formation, le certificat « Métiers du family office », montée avec l’Aurep, organisme de formation spécialisé dans la gestion de patrimoine. Il accueillera sa troisième promotion en janvier 2022.

« De plus en plus de personnes s’installent sur le marché, qui sont plutôt des conseillers en gestion de patrimoine que des family officers. La formation est donc le premier gage de crédibilité pour le métier », indique Catherine Orlhac, présidente de l’Aurep et responsable pédagogique du cursus de 140 heures. Il s’articule autour de trois axes, l’ingénierie financière, la gouvernance d’entreprise et familiale, et la dimension comportementale et affective de la famille. « Le family office ne se cantonne pas à l’ingénierie patrimoniale, il faut aussi être capable d’accompagner la famille dans une vision transgénérationnelle. Une autre brique que nous intégrons de manière très forte à la formation est la composante affective, psychologique et émotionnelle », reprend Catherine Orlhac. La formation attire conseillers en gestion de patrimoine indépendants, notaires, experts-comptables, avocats, family officers déjà installés, banques privées qui créent leur service de family office… L’activité représente un levier de croissance pour ces professions puisque le nombre de familles fortunées est en progression en France.

Recherche de talents

De nouveaux cabinets apparaissent sur le marché et cherchent à recruter. Tel Kimpa, family office créé en 2020. « Comme au football, c’est le mercato pour trouver des talents car il y a peu de formations et le secteur se développe », constate Olivier Rieu, cofondateur, qui a travaillé dans la gestion de patrimoine. D’autant que le cabinet est spécialisé dans l’investissement à impact social et environnemental et est aussi labellisé entreprise à mission. L’entreprise compte douze salariés, et les associés souhaitent arriver à une vingtaine de personnes l’an prochain. Ils forment les nouveaux embauchés aux spécificités de leur métier et interviennent dans le master en gestion de patrimoine de Bordeaux Business School, pour repérer de potentiels collaborateurs. « Il n’y a pas de formation sur l’asset management, l’immobilier ou le private equity à impact. Les étudiants en master de gestion de patrimoine connaissent très bien les volets technique et réglementaire, mais ont un manque sur la finance à impact et la gouvernance émotionnelle, ou la dimension familiale, alors que c’est un élément clé de la fonction », abonde Julien Lescs, cofondateur de Kimpa.

Les professionnels recherchés sont généralement des professionnels chevronnés de la gestion de patrimoine ou des métiers du chiffre. « Le gestionnaire de family office type est plutôt quelqu’un de senior, avec une polyvalence de compétences, dont des facultés interpersonnelles. Il faut savoir choisir parmi les classes d’actifs, évaluer les risques, être au courant des tendances macroéconomiques, interagir avec d’autres professionnels, comme des avocats fiscalistes. Le profil est un peu moins polyvalent quand il travaille au sein d’une équipe étoffée, avec des experts de chaque question », soulève Alexis Collomb, professeur au Cnam, directeur du département économie, finance, assurance, banque.

Une profession qui attire

La filière de formation naturelle pour le family officer reste les masters reconnus en gestion de patrimoine. D’autant que le domaine, en plein développement, représente un débouché supplémentaire pour les diplômés. « C’est une orientation que nous avons prise il y a quatre ou cinq ans et qui fonctionne bien. Traditionnellement, la majorité des diplômés du master, qui existe depuis 1987, était employée par les banques », explique Lionel Tixier, professeur associé à l’université Clermont Auvergne et codirecteur du master 2 gestion de patrimoine. Pour sélectionner les entreprises dans une profession qui n’est pas encadrée, le professeur se donne quelques règles. « Nous visons les structures de multi-family office qui facturent des honoraires, pour éviter toute notion de conflit d’intérêts, ou qui sont transparentes sur les commissions qu’elles peuvent percevoir. Et certains anciens étudiants ont rejoint des structures mono-family pour le compte de grandes fortunes », reprend Lionel Tixier.

« Nous avons intégré le family office au master car c’est une activité intéressante et attirante pour les étudiants, qui ont tendance à se détourner de la banque au profit de la gestion de patrimoine indépendante, explique de son côté Corynne Jaffeux, responsable pédagogique du master 2 ingénierie et gestion de patrimoine de l’université de Bordeaux. Mais le family office en France a tout de même moins de latitude que le family office anglo-saxon, pour des raisons juridiques. Le terme est aussi employé car il est accrocheur. »

L’université Dauphine à Paris, qui propose déjà un master en gestion de patrimoine accessible en formation initiale et continue et un executive master gestion du patrimoine artistique privé, prépare une formation de family office pour le premier semestre 2022… destinée aux membres des familles fortunées. « C’est plutôt complémentaire à l’offre de family office, l’idée est de donner à ce public particulier une bonne approche des grandes idées structurantes d’avenir pour la gestion de fortune, comme la philanthropie, la finance verte », détaille Frédéric Gonand, professeur d’économie associé à Paris Dauphine. L’université parisienne ne projette pas pour le moment de créer un autre cursus dédié. « Nos étudiants sont formés aux compétences nécessaires au métier et ont vocation à rejoindre les banques privées. Après quelques années d’expérience, ils peuvent intégrer des structures de family office », souligne Amélie de Bryas, directrice adjointe de l’institut de gestion du patrimoine de Paris Dauphine.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...