
Assurance vie en déshérence: des sanctions mais pour quels enseignements ?
Depuis le mois d’avril 2014, trois assureurs ont été sanctionnés sur le terrain des contrats d’assurance vie non réglés, à savoir Cardif Assurance vie à hauteur de dix millions d’euros (la décision est en ligne ici), CNP Assurances pour 40 millions d’euros en octobre 2014 (les enseignements sont à retrouver ici) et Allianz vie à une sanction de 50 millions en décembre (les raisons de la sanction).
Dans un entretien filmé à retrouver sur le site de l’AGEFI.TV Pierre-Grégoire Marly,professeur agrégé des facultés de droit, doyen de la faculté de droit du Mans et membre du comité consultatif du secteur financier,retient cinq critères à respecter par les compagnies d’assurance:
1/ Le premier concerne l’identification des assurés décédés qui découle de l’obligation légale prévue par l’article L.132-9-3 du Code des assurances. Il en résulte pour les assureurs l’impossibilité de choisir les contrats à traiter selon des critères plus ou moins discrétionnaires.
Si dans l’une des affaires, l’assureur prétendait se fonder sur les engagements déontologiques de l’association française de l’assurance (AFA) pour limiter ses investigations, «un engagement déontologique et une obligation légale n’ont rien de comparable», analyse le professeur. Selon lui, l’obligation est «très claire», elle porte sur la totalité du portefeuille de contrats et «il faut que les assureurs se donnent les moyens de pouvoir respecter cette obligation».
L’ACPR a rappelé que les engagements déontologiques de la FFSA étaient «dénués de portée normative».
«Cette expression n’est pas tout à fait exacte», soutient Pierre-Grégoire Marly dans la mesure où ces engagements déontologiques qui émanent d’un groupement d’associations professionnelles ont une porte normative mais sans véritable force contraignante. Ces engagements sont-ils «une source éventuelle» de responsabilité civile? «C’est plus discutable», estime le professeur qui rappelle, au besoin la primauté de la loi. «Si l’on ne peut pas direqu’il n’y a aucune normativité dans un engagement de ce type, la certitude est que la loi se situe au-dessus d’un engagement déontologique».

2/ Le second critère tient en l’obligation de recherche des bénéficiaires. C’est une obligation qui trouve son fondement dans l’article L 132-8 du Code des assurances. Il a été reproché dans les trois affaires «beaucoup de négligence de la part des assureurs» parce qu’ils ont parfois été informés du décès de l’assuré sans instruire la recherche des bénéficiaires.
L’ACPR a depuis rappelé que l’obligation de recherche des bénéficiaires doit être «très active» dès l’information du décès de l’assuré.
Le recours au registre national d’identification des personnes physiques (RNIPP) doit être entendu de manière illimitée et la recherche des bénéficiaires doit être envisagée de manière générale et systématique y compris sur le stock de contrats.
En ce qui concerne la question de savoir si la loi du 17 décembre 2007 permettant la recherche des bénéficiaires des contrats d’assurance sur la vie non réclamés et garantissant les droits des assurés devait être appliquée au contrats souscrits avant cette date, le professeur rappelle que l’ACPR soutient que les obligations qui en découlaient s’appliquaient aux stocks de contrats.
Il considère toutefois que «l’on aurait pu s’intéresser à la portée de cette rétroactivité» dans la mesure où cette loi était dépourvue de disposition transitoire avant d’affirmer que «l’on ne se posera plus la question» avec la loi Eckert du 13 juin 2014 qui prévoit de telles dispositions.
3/ S’agissant des contrats à terme fixe, «là aussi, il existe une obligation légale qui n’est pas propre à la recherche des bénéficiaires». L’article L113-5 du Code des assurances dispose que l’assureur exécute la prestation lorsque advient ce terme. L’ CPR a pu constater que ces contrats échus n’avaient pas été traités et que les compagnies avaient failli à ces engagements.
4/ Obligation de revaloriser le capital. L’article L.132-5 du Code des assurances prévoit que les assureurs mettent en place un dispositif qui assure cette revalorisation de manière systématique et pas à la demande des clients. «Il faut que ce soit un traitement général des contrats», prévient le professeur.
5/ Les assureurs devront également communiquer une liste fiable comportant les montants non-réglés.
Le cas des purges comptables a également été évoqué.
L’assureur ne doit pas procéder à des purges comptables ou des destructions de contrats non-réglés. Dans une des affaires, le débiteur d’une obligation qui est provisionnée au titre des provisions pour sinistre à payer a «par magie des écritures comptables», explique Pierre-Grégoire Marly, transformé cette provision en une réserve technique.
En conclusion, il est rappelé que les assureurs doivent se pourvoir des moyens nécessaires et suffisants pour respecter leurs obligations même s’ils peuvent être coûteux.
L’intégralité de la vidéo (9min36) est à visionner en ligne ici.
Pour mémoire, Pierre-Grégoire avait répondu aux questions de L’AGEFI Actifs en juillet dernier sur le thème de la déshérence:
Assurance vie non réglée - «La loi était sans doute insuffisamment précise» pour les assureurs
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Astrid Panosyan-Bouvet visée par une plainte autour d'un redressement fiscal évité à une entreprise
Paris - L’association AC !! Anticorruption a annoncé vendredi à l’AFP avoir déposé plainte contre la ministre du Travail démissionnaire à propos d’un redressement fiscal évité à une entreprise, mais qu’Astrid Panosyan-Bouvet défend comme un «acte de gestion» justifié. Sollicité, ni la société Setforge ni le Parquet national financier (PNF), destinataire de la plainte, n’ont répondu dans l’immédiat à l’AFP. Le cabinet de Mme Panosyan-Bouvet a justifié son action, soulignant qu’il s’agissait d’un «acte de gestion» par lequel «un ministre prend la responsabilité de combler un vide juridique ou d’une interprétation de la loi». La ministre souligne qu’elle n’a «aucun lien ni de près ni de loin avec cette entreprise et son repreneur». La plainte contre X, dont l’AFP a eu copie, dénonce plusieurs infractions possibles comme la prise illégale d’intérêts, le détournement de fonds publics ou la concussion, mais aussi l’abus d’autorité, l’abus de biens sociaux ou la présentation inexacte des comptes annuels. Le document cible notamment un redressement fiscal que la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet aurait évité à la société Setforge, et ce possiblement contre l’avis de la justice, comme l’avait écrit Mediapart début septembre. D’après la plainte, l’Urssaf a engagé contre Setforge «un redressement significatif portant sur plusieurs exercices de cotisations sociales impayées. Ce redressement avait été notifié, accepté par les services compétents et était en voie de recouvrement.» Mediapart soulignait que la décision aurait en outre fait l’objet d’une décision de justice défavorable à Setforge. «Or, contre toute attente», accuse AC !! Anti-corruption, «la ministre du Travail est intervenue personnellement pour faire annuler purement et simplement ce redressement.» «Cette décision, prise sans base légale identifiable et contre l’avis des organismes chargés du recouvrement, a eu pour conséquence directe de soustraire à la Sécurité sociale des sommes qui lui étaient dues et de faire bénéficier Setforge d’un effacement de dette sociale injustifié», dénonce encore l’association. Le ministère a renvoyé vendredi à sa réponse à l’article de Mediapart. Mme Panosyan-Bouvet y explique que sa décision «fait suite à une instruction de plusieurs mois et des vérifications fines de la situation de l’entreprise par les services de l’Etat». Elle rappelle avoir été saisie par plusieurs responsables dont des représentants syndicaux, des élus ou le préfet. L’entreprise aurait dû voir ses cotisations sociales majorées après que des salariés ont obtenu la reconnaissance qu’ils avaient été exposés à l’amiante, souligne-t-elle. Elle explique avoir décidé de ne pas appliquer ce taux majoré, car l’entreprise n’utilisait plus l’amiante depuis au moins 2021, qu’elle avait été rachetée par son nouveau propriétaire, Setforge, en 2021, et qu’une augmentation de cotisation menaçait «la viabilité de l’entreprise» et sa centaine d’emplois. La plainte vise par ailleurs la «disproportion manifeste» entre l’"activité réelle» de Setforge «et les masses financières qu’elle manipule». Pour AC!! Anti-corruption, cette «société structurellement déficitaire et financièrement artificialisée a détourné ou employé de façon suspecte des financements publics et privés». «Quand nous voyons la situation de la France et surtout la situation de la Sécurité sociale, nous ne pouvons comprendre la décision d’une ministre, à contre-courant d’une décision de justice. Nous espérons qu’une enquête permettra de nous dire pourquoi une telle décision» a réagi auprès de l’AFP Marcel Claude, président d’AC !! Anti-corruption. © Agence France-Presse -
Etats-Unis : ce que l'on sait de Tyler Robinson, l'assassin présumé de Charlie Kirk
Washington - Tyler Robinson, assassin présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, a été arrêté jeudi soir et identifié publiquement vendredi par les autorités américaines. Voici ce que l’on sait de lui. Aîné d’une fratrie de trois enfants dans le sud de l’Utah Tyler Robinson, 22 ans, vivait «depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington», à l’extrémité sud-ouest de l’Utah, près de la frontière avec le Nevada et l’Arizona, a indiqué le gouverneur de l’Etat, Spencer Cox. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n’a pas de casier judiciaire dans l’Etat, selon les médias américains. «Pendant 33 heures, j’ai prié pour que (...) ce ne soit pas l’un d’entre nous, mais quelqu’un venu d’un autre Etat ou d’un autre pays», a confié vendredi le gouverneur au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d’une balle dans le cou mercredi lors d’un débat public sur un campus universitaire. «Mais cela s’est passé ici, et c'était l’un d’entre nous», a-t-il reconnu. Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l’aîné de trois garçons. Après sa sortie du lycée en 2021, il a «brièvement étudié à l’Université d’Etat de l’Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement. Aucune affiliation politique connue Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n’a aucune affiliation politique connue. Un membre de sa famille a néanmoins témoigné que «Robinson était devenu plus politisé ces dernières années», a souligné le gouverneur Cox. Ce membre de la famille a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions, très conservatrices. Des messages à tonalité antifasciste ont été retrouvés sur les munitions découvertes après l’assassinat, a indiqué Spencer Cox. «Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire +Eh fasciste! Attrape ça!», a expliqué le gouverneur. Une deuxième douille était gravée du refrain de la célèbre chanson antifaciste «Bella ciao» mais d’autres inscriptions paraissaient plus difficiles à interpréter, dont des symboles inspirés de l’univers des jeux vidéo. Dénoncé par des membres de sa famille Tyler Robinson a été signalé aux autorités par des membres de sa famille. Jeudi soir, selon le gouverneur «un membre de la famille» du suspect a joint un ami, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que «Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication» dans l’assassinat. «C’est là qu’il vivait et c’est là qu’ils l’ont remis aux autorités», a indiqué M. Cox. Il a été appréhendé jeudi soir vers 22H00 locales (04H00 GMT vendredi) après 33 heures de traque, selon le directeur de la police fédérale (FBI), Kash Patel. Selim SAHEB ETTABA © Agence France-Presse