
Chez Worldline, un nouvel avertissement sur résultats fatal au directeur général

L’avertissement de trop pour Worldline et son directeur général. Le titre du spécialiste des paiements électroniques dévisse vendredi à la Bourse de Paris après l’annonce du départ de Gilles Grapinet et une nouvelle révision en baisse des objectifs du groupe pour l’année en cours.
L’action a plongé de 14,4%, à 7,21 euros. Elle accuse un repli de plus de 50% depuis le début de l’année.
«Suite à la réunion du 12 septembre 2024, le conseil d’administration annonce le départ de Gilles Grapinet en tant que directeur général et administrateur de Worldline à compter du 30 septembre 2024", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Le conseil d’administration a nommé Marc-Henri Desportes, actuellement directeur général délégué et directeur des services aux commerçants, pour assurer la période d’intérim. Avec le soutien d’un cabinet de recrutement international, le groupe conduira le processus de recherche d’un nouveau dirigeant.
Ce dernier définira le nouveau plan stratégique, «qui sera communiqué à la communauté financière en temps opportun». Dans ce cadre, la journée investisseurs initialement prévue le 26 novembre est reportée, a précisé le groupe.
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«La pression sur la direction était de plus en plus forte au regard des contreperformances depuis deux ans et ce nouvel avertissement sur résultats a semble-t-il été fatal au directeur général», commente Invest Securities.
Le départ de Gilles Grapinet, à la tête de l’entreprise depuis plus de dix ans, marque un tournant pour l’ex-filiale d’Atos. Sous sa direction, Worldline a multiplié les acquisitions et est devenu le quatrième acteur mondial du secteur des paiements, notamment grâce au rachat de son concurrent Ingenico en 2020. Le titre avait atteint début 2021 un plus haut de 80 euros, avant que la crise sanitaire et le ralentissement de l’activité de terminaux de paiement ne brouillent ses perspectives financières. Cette activité a finalement été cédée en 2022 au fonds Apollo.
Objectifs réduits
Outre le départ de son directeur général, Worldline a annoncé vendredi qu’il abaissait pour la seconde fois cette année ses objectifs financiers 2024 en raison d’un «ralentissement de son activité au cours de l'été ainsi qu’une sous-performance spécifique dans ses activités de la région Pacifique et sur certaines verticales de l’activité global online».
Le groupe prévoit désormais une croissance organique de son chiffre d’affaires d’environ 1%, mais «qui pourrait augmenter si les conditions économiques s’améliorent», alors qu’il tablait auparavant sur une croissance organique de 2% à 3% cette année.
L’excédent brut d’exploitation (EBE) ajusté est attendu à environ 1,1 milliard d’euros tandis que le flux de trésorerie disponible devrait atteindre environ 200 millions d’euros. Worldline prévoyait précédemment un Ebitda compris entre 1,13 et 1,17 milliard d’euros et un free cash-flow de 230 millions d’euros.
Le groupe avait déjà réduit ses perspectives pour 2024 dans le sillage de l’annonce d’une perte nette au premier semestre.
Mesures d'économies
«Worldline a lancé un nouvel avertissement sur ses bénéfices (le deuxième cette année), expliquant que la concurrence s’intensifie. La confiance dans l’entreprise, déjà faible, ne va pas s’améliorer», cingle Antoine Bouchetoux, analyste chez AlphaValue. «Il y a d’autres sociétés à jouer dans le secteur, qui offrent une bien meilleure dynamique et de bien meilleures qualités intrinsèques, même si elles se négocient à des multiples nettement plus élevés», ajoute l’analyste.
Worldline pâtit de la comparaison avec ses principaux concurrents en Europe, l’italien Nexi et le néerlandais Adyen, et souffre également de l'émergence de nouveaux acteurs tels que Stripe, GoCardless et SumUp.
Pour Oddo BHF, le changement de directeur général paraît «indispensable après trop de profit warnings». «Dans un contexte d’incertitudes majeures, nous restons à l'écart du dossier et continuons de privilégier Nexi», ajoute l’intermédiaire financier.
Dans son communiqué, Worldline affirme avoir bien avancé sur son plan Power24 qui vise à générer 220 millions d’euros d'économies de coûts en base annualisée en 2025. Ce plan «vise à placer le groupe en position de croissance future plus forte et d’amélioration des marges», rappelle l’entreprise.
A court terme, le groupe a indiqué avoir mis en place des «plans d’action» pour protéger le chiffre d’affaires et les marges face au ralentissement de l’activité. Il détaillera ces mesures lors de la publication de son chiffre d’affaires du troisième trimestre, le 30 octobre prochain.
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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse