
Quelle est l’entreprise française la plus endettée ?

Ce n’est sans doute pas le titre le plus convoité par les grands groupes français. Surtout en cette période de hausse des taux d’intérêt qui menace de grosses difficultés financières les sociétés qui ont un peu trop misé sur la dette à une époque, pas si lointaine, où elle était presque gratuite.
A partir de diverses sources d’informations, nous avons cherché à identifier les grandes entreprises françaises les plus endettées. Le critère retenu est celui de la dette nette, soit après retranchement des éléments de trésorerie. Les sociétés financières (banques, assureurs, spécialistes du leasing automobile) ont été exclues de l’univers en raison de leur modèle spécifique.
Construire un classement global sur la base du taux d’endettement, qu’il soit rapporté aux fonds propres ou à l’excédent brut d’exploitation (Ebitda), n’aurait pas non plus été réaliste car ces deux indicateurs peuvent tomber en territoire négatif. Et de très petites sociétés se seraient sans doute retrouvées sur le podium. Ainsi, selon des données communiquées par S&P Global Market Intelligence portant sur les entreprises françaises cotées, aucune des sociétés affichant les plus forts taux d’endettement brut rapportés aux capitaux propres n’appartient aux 120 plus grosses valeurs de la Bourse de Paris. La dette d’EuropaCorp représentait par exemple plus de 40 fois les fonds propres à fin 2022, celle d’Enensys Technologies affichait un multiple de 31 fois et le rapport était de 13 fois pour Geci International.
EDF est l’entreprise la plus endettée
Sur la base du seul critère de la dette nette en valeur absolue, le verdict est sans appel : l’entreprise française la plus endettée est EDF. L’électricien nationalisé et sorti de la Bourse au printemps dernier affichait un endettement net de 65 milliards d’euros à fin juin.
Derrière EDF, le haut du classement est d’ailleurs largement occupé par des entreprises dans lesquelles l’Etat est, a minima, un actionnaire de référence. A la deuxième place, avec 31,7 milliards d’euros de dette nette estimés par Factset pour 2023, Orange est ainsi détenu à 23% par l’Etat français et Bpifrance. Près de 24% du capital d’Engie, qui pointe à 27,7 milliards d’euros de dette nette, sont également dans les mains du gouvernement.
Quatrième de notre classement, Groupe SNCF est pour sa part 100% public. Sans la reprise par l’Etat de 35 milliards d’euros de dette de sa filiale SNCF Réseaux en 2020 et 2022, la société nationale des chemins de fer aurait d’ailleurs largement mérité sa place sur le podium (voir graphique).
À côté des entreprises publiques ou semi-publiques, les entreprises françaises qui affichent d’importants endettements sont généralement actives dans des secteurs à forte intensité capitalistiques : dans l’industrie (TotalEnergies, Air Liquide, Schneider Electric), les infrastructures (Veolia, Vinci, Eiffage), les télécoms (Altice, Iliad) ou l’immobilier (Unibail-Rodamco-Westfield, Orpea).
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Télécoms et automobiles à l’international
Une telle surreprésentation de certains secteurs n’est pas propre à l’Hexagone. Elle se constate également à l’international. Selon une étude de Janus Henderson datant de juin dernier, les télécoms et l’automobile occupent le haut du classement (voir graphique). Avec 177 milliards de dollars de dette nette, l’opérateur télécom américain Verizon est l’entreprise la plus endettée du monde selon ce rapport. L’américain est suivi de près par Toyota (167 milliards) et Volkswagen (164 milliards). Au global, les télécoms comptent six sociétés parmi les 20 les plus endettées avec, outre Verizon, AT&T, Deutsche Telekom, Comcast, Charter Communications et Vodafone. L’automobile en compte sept, avec Volkswagen, Ford, Mercedes, General Motors, BMW, Hyundai et Toyota.
Le secteur de l’énergie, pourtant gourmand en capitaux, ne classe que quatre représentants dans le top 20 : Enel, Duke Energy, NextEra Energy et EDF (15ᵉ). La flambée du prix du pétrole a permis à des groupes comme Shell et Exxon, respectivement 14ᵉ et 16ᵉ en 2020-2021, de quitter le classement en raison du gonflement de leur trésorerie.
Les géants de la tech sont, pour leur part, plutôt à chercher du côté des entreprises les plus riches en liquidités. Alphabet (Google), avec 84 milliards de dollars de trésorerie nette, est en tête du classement. Apple est 5ᵉ avec 37 milliards de dollars et Microsoft 7ᵉ avec 26 milliards. Seul Amazon et son endettement net de 85 milliards de dollars font exception.
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RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse -
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