Zucman contre Mistral, la France qui perd et la France qui gagne

D’un côté, une classe politique démonétisée et obsédée par la ponction fiscale. De l’autre, la nouvelle levée de fonds du porte-étendard européen de l’IA. Tout un symbole de la déconnexion entre les deux France. L'éditorial d’Alexandre Garabedian.
Directeur de la rédaction
EditoGarabedian
Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L'Agefi  - 

En vingt-quatre heures, nous venons de perdre avec François Bayrou un gouvernement inutile et de gagner avec Mistral une « décacorne », une start-up valorisée plus de 10 milliards. Qu’ont donc de commun ces deux événements ? Rien, si ce n’est de symboliser la déconnexion entre les deux France. Celle qui, tournée vers le passé, nous entraîne avec complaisance vers un inéluctable déclassement, et celle qui s’efforce de nous projeter vers l’avenir.

Dans le camp de la France qui perd, voilà ces partis obsédés par la petite arithmétique de la prochaine élection. Ces professionnels de la politique découvrant, une fois septuagénaires, la nécessité de maîtriser la dépense publique après en avoir vécu grassement. Ces illettrés de l’économie et ces grands inquisiteurs assurant trouver le remède à tous nos maux dans une taxe Zucman sur les riches, au nom d’une prétendue justice fiscale qui finit toujours par accabler les classes moyennes. Ces bloqueurs et autres spécialistes de la grève générale et par procuration, qui paralysèrent le pays il y a trente ans afin de préserver leurs régimes spéciaux de retraite, les mêmes régimes iniques dont nos petits-enfants continueront à payer le coût exorbitant.

Dans le camp de la France qui gagne, on retrouve donc Mistral et sa dernière levée de fonds de 1,7 milliard d’euros. Depuis la création du spécialiste de l’intelligence artificielle il y a deux ans, ses trois fondateurs parcourent le chemin de crête de tant de jeunes pousses européennes : aller chercher l’argent là où il se trouve, principalement aux Etats-Unis, tout en gardant le contrôle de l’entreprise. L’opération du jour, menée par le géant néerlandais des semi-conducteurs ASML, permet de rééquilibrer un peu la géographie du capital, alors que le rival d’OpenAI serait en proie aux appétits américains.

Qu’Arthur Mensch et ses deux complices savourent leur succès du moment. Ils savent qu’en matière d’IA la roue tourne vite et qu’ils ne peuvent se payer le luxe de l’inertie, contrairement aux rentiers de l’Etat providence. Si la taxe Zucman existait – à supposer qu’elle ne fût pas frappée d’inconstitutionnalité –, ils seraient redevables de dizaines de millions d’euros chaque année sur leur patrimoine de papier. Une formidable incitation, pour les jeunes ingénieurs rêvant de futurs Mistral, à aller créer leur richesse ailleurs.

A lire aussi: La perception du risque monte autour de la France

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...