Comment TotalEnergies pourrait dépenser ses milliards

Le géant de l’énergie génère des montagnes de cash qui devraient lui permettre de se montrer plus offensif. Les dirigeants restent prudents, pour le moment.
Johann Corric
TotalEnergies
Le profit net de TotalEnergies devrait dépasser 30 milliards de dollars cette année.  -  Bloomberg

En révélant de nouveaux bénéfices stratosphériques, le pétrolier a relancé la machine à indignations. Et avec elle les appels à taxer ces superprofits. Mais au-delà des considérations politiques, qui seraient dans tous les cas complexes à mettre en œuvre, une question reste pertinente : que va faire TotalEnergies de cet afflux de cash ? La question était sur les lèvres de tous les analystes financiers lors de la conférence téléphonique organisée par le groupe le 28 juillet après la publication de ses comptes trimestriels. En trois mois, l’entreprise a enregistré un résultat net ajusté de 9,8 milliards de dollars (9,6 milliards d’euros). Depuis le début de l’année, les profits atteignent déjà 18,8 milliards de dollars. La génération de trésorerie libre dépasse les 17 milliards. Une manne qui a permis à TotalEnergies de ramener son taux d’endettement net sous 10%, nettement en deçà du seuil de 20% que les dirigeants se sont engagés à ne pas dépasser. Au rythme des derniers mois, le groupe pourrait se retrouver en situation de trésorerie nette positive début 2023.

15 milliards pour les actionnaires

Dans ces circonstances, la société a confirmé la hausse de 5% de son dividende trimestriel, à 0,69 euro par titre, et la poursuite de son programme de rachat d’actions de 2 milliards de dollars par trimestre. En tout, TotalEnergies pourrait ainsi rendre de l’ordre de 15 milliards de dollars à ses actionnaires en 2022. Il a aussi annoncé une augmentation de ses investissements à 16 milliards cette année, contre près de 15 milliards visés précédemment. Les ristournes accordées dans les stations-services françaises devraient pour leur part coûter quelques centaines de millions d’euros au pétrolier.

Le groupe dispose néanmoins d’une force de frappe bien supérieure à ces engagements. Selon nos calculs, il pourrait débloquer une enveloppe supplémentaire d’au moins 15 milliards de dollars cette année tout en maintenant son taux d’endettement net sous 20%. Une grosse acquisition dans les énergies renouvelables lui permettrait par exemple d’accélérer sa transition en dehors des hydrocarbures. L’incertitude qui plane sur ses actifs en Russie pourrait aussi pousser l’entreprise à réaliser une opération d’envergure dans le gaz naturel liquéfié (GNL) même si elle a récemment été sélectionnée pour un méga projet du Qatar dans le domaine. Pour répondre aux pressions politiques et sociétales, un important investissement dans l’électricité ou l’hydrogène verts afin d’aider l’Europe à construire son indépendance énergétique semble aussi envisageable. Interrogé par une analyste le 28 juillet, le PDG Patrick Pouyanné a confirmé considérer des investissements en Europe qui est «un continent en manque d’énergie».

Des annonces en septembre ?

«De telles dépenses ne sont pas exclues mais elles semblent peu probables à ce stade», tempère Kevin Vo, analyste chez AlphaValue. «TotalEnergies devrait s’en tenir à sa stratégie de petites et moyennes acquisitions, au moins cette année. L’ADN des dirigeants est de garder un bilan très solide pour sécuriser le dividende». Patrick Pouyanné continue d’ailleurs d’écarter toute grosse opération dans les renouvelables tant que les valorisations du secteur resteront à leur niveau actuel. Si les conditions favorables dont bénéficie le groupe se poursuivent, un changement de politique sur ces questions n’est toutefois pas exclu dans les prochains mois. Peut être dès la journée investisseurs programmée fin septembre ? Le PDG a déjà indiqué qu’il présenterait à cette occasion un plan stratégique n’incluant plus la Russie…

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