
TotalEnergies tutoie des sommets, sans la Russie

Contrairement à l’adage, il ne fallait pas vendre en mai. En tout cas pas l’action TotalEnergies. Le mois dernier, son cours s’est envolé de 18% - et même de 26% entre le 25 avril et le 31 mai – enregistrant au passage sa meilleure performance mensuelle depuis l’exceptionnel mois boursier de novembre 2020 et sa deuxième plus forte hausse depuis plus de 20 ans. Le 31 mai, le titre a même touché un sommet depuis 2007 à 55,59 euros. Dividendes inclus, la valeur est à son plus haut historique. Avec une capitalisation boursière de 142 milliards d’euros, TotalEnergies est de retour sur le podium des plus grandes entreprises du CAC 40, derrière LVMH et L’Oréal mais devant Hermès et Sanofi.
L’exposition du groupe à la Russie, qui inquiétait les investisseurs dans les premières semaines suivant le début de la guerre en Ukraine, a été reléguée au second plan. Après la provision de 4,1 milliards de dollars passée par l’entreprise sur son projet Arctic LNG 2, de futures dépréciations ne peuvent être exclues mais «le marché semble avoir déjà fait une croix sur l’ensemble des actifs russes de TotalEnergies (soit 13,6 milliards de dollars à fin 2021, ndlr)», estime Kevin Vo, analyste chez Alpha Value. «Le principal catalyseur à la récente hausse du cours tient à l’augmentation des prix du gaz et du pétrole et à l’envolée des marges de raffinage. Tous les voyants sont au vert, le secteur devrait générer des flux de trésorerie extraordinaires cette année», prédit l’analyste.
Une opération dans l’hydrogène
Dans ce contexte favorable, TotalEnergies a en outre multiplié les opérations dans les domaines de l’énergie renouvelable et du gaz naturel liquéfié (GNL). Fin mai, il a annoncé l’acquisition de 50% de Clearway, présenté comme le 5e acteur américain des énergies vertes, pour 1,6 milliard de dollars et près de 50% de sa filiale contrôlant SunPower. Peu avant, le groupe avait révélé plusieurs développements dans l’éolien offshore, une acquisition dans le solaire aux Etats Unis et le lancement d’un projet d’extension dans le GNL en Louisiane. «Le groupe devrait réaliser d’autres acquisitions dans le domaine du renouvelable mais il restera sans doute sur des opérations de taille raisonnable, inférieures à 5 milliards de dollars», anticipe Kevin Vo. Le 31 mai, le PDG, Patrick Pouyanné a d’ailleurs indiqué sur le plateau de BFM Business qu’une «belle annonce dans l’hydrogène» serait faite «dans les prochaines semaines».
Tous ces développements rassurent sur la capacité de TotalEnergies à mener à bien sa stratégie de diversification en dehors du pétrole, y compris en cas de perte de ses actifs russes qui devaient notamment nourrir la croissance du groupe dans le GNL. Une stratégie à laquelle semblent croire les collaborateurs de l’entreprise. Début mai, 42,3% des salariés et anciens salariés éligibles – soit 49.000 personnes - ont souscrit à l’augmentation de capital de 338 millions d’euros qui leur était réservée. Un investissement largement gagnant à ce stade. Au 1er juin, l’action cotait 46% au-dessus du prix de souscription, fixé à 37 euros par action.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse