
Une nouvelle vague tech se prépare à la Bourse de Paris

Des start-upers, des entrepreneurs reconnus, des investisseurs aguerris, des banquiers… Mi-décembre, la première édition de FrenchTechRise a réuni au ministère de l’Economie tous ceux qui comptent dans l’univers de la French Tech, le mouvement français des start-up. Objectif de cet événement décliné par la suite en régions : familiariser ces jeunes entreprises et leurs fondateurs aux mécanismes de financement, de la première levée de fonds jusqu’à la mise en Bourse. 82 start-up ont ainsi été sélectionnées pour rencontrer les plus grands fonds d’investissement parisiens. Certaines d’entre elles pourraient, à terme, finir en Bourse, suivant l’exemple de leurs aînées, Aramis, Believe, Exclusive Networks et OVHcloud, toutes les quatre entrées sur Euronext Paris cette année.
La Bourse de Paris n’avait jamais connu un tel afflux de sociétés technologiques depuis la bulle internet de la fin des années 90. Au total, Aramis, Believe, Exclusive Networks et OVHcloud ont levé 1,16 milliard d’euros d’argent frais sur le marché pour appuyer leur croissance. «Il était difficile de s’attendre à une année aussi riche et à un tel appétit des investisseurs pour le marché français», reconnaît Loic Chenevier, responsable de la division strategic equity capital markets (SECM) pour la France et le Benelux chez Natixis.
Investisseurs franchouillards ?
Malgré leur taille moyenne, ces opérations ont fait taire certaines critiques sur le soi-disant manque d’éducation des investisseurs européens, et surtout français, pour ce type de sociétés. «Les investisseurs européens ont témoigné d’un niveau d'éducation renforcé sur les valeurs technologiques, et certains peuvent maintenant adopter une perspective de valorisation en regardant les trajectoires de croissance et de rentabilité à 3-5 ans, tout en démontrant parfois d’une très bonne connaissance de technologies pointues», assure Paul Mihailovitch, managing director chez JPMorgan, qui a notamment accompagné OVHcloud dans sa mise en Bourse.
Les investisseurs français ne seraient donc pas aussi «franchouillards» que certains le disent, face à des Américains réputés pour leur capacité à appréhender les valeurs technologiques. «Les investisseurs français ont répondu présent, souvent dans des proportions supérieures aux anglo-saxons» lors des introductions en Bourse cette année, insiste Thomas Feuerstein, co-dirigeant de l’activité equity capital market (ECM) pour la France à la Société Générale, un brin agacé par la fausse réputation des investisseurs français. «Si OVHcloud a réussi à entrer en Bourse dans de bonnes conditions et avec une bonne valorisation, c’est aussi grâce aux investisseurs français», appuie Jean-Baptiste Bureau, responsable de l’ECM pour la France chez HSBC.
Les particuliers de la partie
Alexis Le Touzé, son alter ego chez BNP Paribas, également coordinateur global de l’IPO d’OVHcloud, insiste aussi sur la mobilisation des épargnants français : «l’exemple d’OVHcloud montre que les particuliers sont prêts à soutenir ce type d’opérations». En ajoutant l’opération du groupe d’hydrogène HRS, les Français n’avaient jamais autant participé à des IPO depuis la privatisation de la Française des Jeux fin 2019.
Même si certaines ont connu un parcours parfois chaotique, à l’image de Believe dont le cours de Bourse a chuté de 17% le premier jour et qui depuis a du mal à remonter la pente, ces sociétés sont toutes allées au bout du processus alors que d’autres, venant de secteurs plus classiques comme Icade Santé et PHE, ont dû annuler leur projet. «Une IPO réussie est d’abord une IPO qui va au bout», souligne un banquier, surtout dans un marché aussi nerveux que celui de 2021.
Taille et valorisation
Pour ces professionnels, tout laisse penser que cette vague technologique 2021 sera suivie de répliques. «Nous sommes convaincus que ce soutien va durer», s’engage Renaud Latreille, responsable mondial SECM de Natixis. Mais peut-être pas dès 2022. «Il n’est pas certain qu’il y ait autant d’IPO de sociétés de technologies en 2022 qu’en 2021», avance Paul Mihailovitch. Les Doctolib, Mirakl ou autre ManoMano dont les noms reviennent régulièrement en tête de liste des candidats à la Bourse n’ont pas eu de peine ces derniers mois à trouver de l’argent sur le marché privé, ce qui rend moins urgent une entrée en Bourse. «Nous nous attendons plutôt à une vague de mises en Bourse pour les sociétés de technologie françaises en 2023», avance Pierre Troussel, co-dirigeant de l’ECM pour la France à la Société Générale.
«Il y a beaucoup de candidats à la Bourse mais compte tenu de la sélectivité importante des investisseurs il faut que les dossiers soient de très bonne qualité pour réussir leur entrée sur le marché», insiste Benoit Bout, co-responsable de la syndication ECM chez Crédit Agricole CIB. OVHcloud, dont le cours a gagné 15% depuis sa mise en Bourse et qui vient d’intégrer le SBF 120, est l’archétype de la société recherchée par les investisseurs : une taille suffisante pour répondre aux exigences du marché et une valorisation initiale raisonnable pour attirer de nouveaux actionnaires. «Si les bénéfices du plan de croissance à 3-5 ans sont déjà intégrés dans le prix de l’IPO, un investisseur peut légitiment se demander pourquoi il entrerait au capital à ce moment-là», reconnaît un banquier. Les candidats à la Bourse de Paris et leurs conseils sont prévenus.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse