Le fiasco de la mise en Bourse de Believe jette un froid

Questions sur la valorisation, pas assez de demande, jeu du marché... Plusieurs raisons expliquent la chute de 17% de l’action pour son premier jour de cotation.
Olivier Pinaud
believe music  label
music company Believe  -  Believe

Le marché n’en croit pas ses yeux. Le cours de l’action Believe s’est effondré de 17,69% ce jeudi. Pour son premier jour de cotation à la Bourse de Paris, le titre de l'éditeur et distributeur de musique a fini à 16,05 euros, contre un prix de mise en Bourse de 19,5 euros. Celui-ci avait pourtant été choisi au plus bas de la fourchette indicative présentée aux investisseurs. En séance, l’action est même tombée jusqu’à 15,86 euros, soit un plongeon de 18,66%.

Selon les statistiques compilées par Dealogic pour L’Agefi, Believe entre directement à la quatrième place du Top 5 des pires premières séances de cotation à la Bourse de Paris depuis 2000, juste devant Viadeo (-16,96%)…

« Le marché est fatigué, les investisseurs sont extrêmement sollicités et, compte tenu de sa taille, Believe n’était pas une valeur indispensable pour beaucoup de gérants », explique un banquier qui n’a pas travaillé sur le dossier. Malgré un pricing en bas de fourchette, la valorisation de Believe était encore relativement élevée, à près de 20 fois la prévision d’Ebitda pour 2025, ce qui a refroidi des acheteurs potentiels. Sans compter que ces sociétés restent difficiles à valoriser. Les analystes des sept banques engagées sur le dossier Believe (Citi, JPMorgan, la Société Générale, BNP Paribas, Goldman Sachs, HSBC et UBS) avaient eux-mêmes des visions très différentes, avec des valorisations allant de 1,6 milliard à près de 2,5 milliards d’euros. Finalement, la valeur retenue pour l’entrée en Bourse de Believe avait été arrêtée à 1,9 milliard.

Signe de cet appétit plus mesuré qu’espéré, Believe avait d’ailleurs revu ses ambitions en cours de route : la taille de l’augmentation de capital avait été réduite de 500 millions à 300 millions d’euros.

L’intérêt mesuré des investisseurs a créé un cercle vicieux, qu’explique une source financière proche de l’opération Believe. « Pour être sûr d’avoir le nombre d’actions qu’ils visent, les investisseurs ont tendance à gonfler leurs ordres auprès des banques. Or, dans le cas de Believe, la demande a permis de couvrir le carnet d’ordres mais pas beaucoup plus. Résultat, les investisseurs se sont retrouvés avec toutes les actions demandées, donc plus qu’ils n’en voulaient réellement. Et, dans ce cas, ils n’hésitent pas à s’allèger dès le premier jour de cotation ». Avec peu d’acheteurs potentiels en réserve sur le marché, et l’intervention possible de fonds vendeurs à découvert, forcément attirés par la situation, le cours de Bourse de Believe s’est progressivement affaissé.

Même l’utilisation par les trois banques coordinatrices de l’opération (Citi, JPMorgan et la Société Générale) de l’option dite de surallocation pour stabiliser le cours de Bourse, comme c’est habituellement le cas lors des premiers jours de cotation, n’a pas permis d’enrayer la chute libre.

Mauvais présage sur les IPO à venir

Believe n’est pas la première société à connaître ce genre de mésaventure. Certaines, comme Facebook, dont le cours avait lourdement chuté après sa cotation, s’en sont très bien remises. D’autres, comme Deliveroo, dont l’action a plongé de 26% lors de son entrée à la Bourse de Londres fin mars 2021, continuent de trainer leur douleur.

Surtout, alors que l’introduction en Bourse de Believe était présentée comme une opération étendard pour la French Tech, l’univers des jeunes sociétés françaises de croissance, ce fiasco fait craindre pour les autres opérations attendues. Aramis, qui doit faire ses premiers pas dans les tous prochains jours, doit commencer à avoir quelques sueurs froides. « Le carnet d’ordres est couvert », ont assuré à L’Agefi deux sources proches du dossier. Mais Believe a montré que ce n’est pas une garantie tous risques.

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