TotalEnergies tutoie les sommets malgré la baisse du pétrole

Le groupe pétrolier a établi la semaine dernière un nouveau record boursier de plus de 15 ans alors que la polémique sur la taxation des superprofits ne s'éteint pas.
Johann Corric
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Depuis le début de l’année, l’action TotalEnergies gagne 29%.  -  RK.

Les planètes ne semblent pas vraiment alignées pour le groupe pétrolier. Pourtant TotalEnergies a établi un nouveau record de plus de 15 ans la semaine dernière, à 59,15 euros. Le titre a grimpé de 4% depuis début novembre et de 17% en cinq mois. Une performance à rebours de celle du cours du pétrole Brent qui baisse de 23% depuis juin dernier et a abandonné 8% depuis début novembre.

Dans le même temps, le gouvernement britannique a en outre annoncé une augmentation de 25% à 35% du taux de sa taxe sur les «superprofits» des producteurs d’hydrocarbures et son prolongement de trois ans, jusqu’en 2028. La facture liée à cet impôt exceptionnel, qui devrait coûter environ 1 milliard de dollars à TotalEnergies en 2022, devrait ainsi encore s’alourdir l’année prochaine et les suivantes, toutes choses égales par ailleurs. Selon UBS, elle pourrait amputer le bénéfice net par action du groupe de 4% l’an prochain, soit de l’ordre de 1,5 milliard de dollars sur les 37 milliards de dollars de profit net anticipés par la banque suisse pour 2023.

Rattrapage en cours

Comment, dans ce contexte, expliquer la solide performance boursière de TotalEnergies ? D’abord, «l’action n’est pas corrélée au prix du pétrole spot mais bien plus aux futures à deux ou trois ans», explique Bertrand Hodée, analyste chez Kepler Cheuvreux. Le cours du Brent pour livraison en décembre 2024 est en effet beaucoup moins sous pression. Il est stable depuis le début du mois et perd moins de 12% depuis juin. Surtout, la récente hausse de l’action tient à un effet de rattrapage selon Ahmed Ben Salem d’Oddo BHF : «le titre a sous-performé ses pairs depuis la crise russe au point de se payer avec une décote alors qu’il mérite une prime». Une analyse partagée par Bertrand Hodée. «La tendance s’est inversée en septembre après la tenue par l’entreprise d’un très bon capital market day. Les dirigeants se sont notamment engagés sur un solide retour à l’actionnaire (compris entre 35-40% du cash flow operationnel) alors que les investisseurs américains s’inquiétaient de l’impact sur le dividende, payé en euro, de l’appréciation du dollar. L’annonce du paiement d’un coupon exceptionnel de 1 euro en décembre permet de plus que compenser cet effet», décortique le spécialiste de Kepler Cheuvreux.

Porté par le GNL

La publication de solides comptes trimestriels fin octobre a également rassuré les investisseurs. Les résultats du groupe ont été portés par «une performance exceptionnelle de l’activité de gaz naturel liquéfié (GNL), qui pourrait se répéter au cours des prochains trimestres», estime Bertrand Hodée. TotalEnergies bénéficie d’une position favorable dans le domaine. Ses contrats d’enlèvement de GNL sont supérieurs à ceux de livraison ce qui lui permet de vendre «beaucoup de gaz sur le marché spot à des prix élevés», explique l’analyste.

Autant de succès qui ne sont pas de nature à éteindre la polémique sur la taxation des superprofits en France. L’Institut des politiques publiques a d’ailleurs publié jeudi une étude remettant en cause l’estimation de ce que devrait rapporter la contribution exceptionnelle européenne sur les raffineurs au niveau hexagonal, l’estimant à au moins 3 milliards d’euros contre… 200 millions selon Bercy. De son côté, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a indiqué sur LCI que la facture pour son groupe avoisinerait 150 millions d’euros en France.

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