Après un an de guerre, les Bourses européennes sont dans le vert

Le CAC 40 fait la course en tête des grands indices occidentaux alors que les marchés américains sont à la peine. Gare toutefois au retour de bâton alors que les incertitudes demeurent élevées.
Johann Corric
Guerre en Ukraine
La Russie a lancé son «opération spéciale» contre l’Ukraine le 24 février 2022.  -  © European Union

Le constat est paradoxal. La guerre déclenchée par la Russie aux portes de l’Union européenne a été nettement mieux digérée par les Bourses du Vieux-continent que par leurs homologues américaines.

Depuis le 23 février 2022, veille de l’invasion de l’Ukraine par Moscou, l’Euro Stoxx 50 gagne 7% (à la clôture du 23 février 2023), le CAC 40 français 8%, le Dax allemand 6% et le FTSE 100 britannique 5%. Dans le même temps, les Bourses américaines s’affichent dans le rouge. Le S&P 500 recule de 5% et le Nasdaq composite plonge de 11%.

Un contraste particulièrement contre-intuitif étant donné les difficultés rencontrées par l’Europe depuis l’offensive de Vladimir Poutine, notamment sur le plan énergétique, alors que les Etats-Unis sont plus immunisés. Les actions américaines ont en fait été particulièrement pénalisées par deux effets induits de la guerre en Ukraine : la flambée de l’inflation et son corollaire, l’augmentation des taux d’intérêt.

Scénario rose

Les grands groupes technologiques pèsent lourds à Wall Street. Ils ont largement participé à sa forte hausse des dernières années, profitant d’un environnement favorable de faibles taux d’intérêt. Le retournement de tendance, perceptible dès fin 2021 et accéléré par la guerre, a précipité leur chute. En un an, le rendement de l’obligation souveraine américaine à dix ans a quasiment doublé pour atteindre près de 4% tandis que la banque centrale, la Fed, a massivement resserré sa politique monétaire pour juguler la hausse des prix.

Le phénomène touche aussi les Bourses européennes mais dans une moindre mesure. Et elles partaient de moins haut. Le poids de certains secteurs assez peu sensibles à l’inflation, comme le luxe ou les matières premières, et la présence de quelques valeurs de défense dans les indices européens expliquent aussi une partie de la surperformance marquée de l’Euro Stoxx 50 et du CAC 40.

Malgré le régime de sanctions économiques et financières imposés par les pays occidentaux à la Russie et le coût de la guerre, la Bourse de Moscou affiche des pertes limitées. Sur un an, l’indice RTSI, libellé en dollars, perd 1%. Le Moex, libellé lui en roubles, chute tout de même de 10%. Au lendemain de l’invasion de l’Ukraine, les deux indices avaient plongé de 40% et de 33% respectivement. La devise russe, qui avait également chuté de près de moitié à l’époque, gagne désormais 7% sur un an à 75,60 roubles pour un dollar.

Les gains engrangés par les marchés actions dans un contexte encore très incertain interrogent toutefois sur leur pérennité. Les marchés semblent tabler sur un scénario rose selon lequel l’inflation sera maitrisée sans que les banques centrales n’aient besoin de poursuivre leurs resserrements monétaires au-delà de mi-2023 et que l’économie évitera la récession. Le risque d’une escalade du conflit russo-ukrainien est également totalement ignoré. Que l’une de ces variables se retourne dans le mauvais sens et les Bourses européennes tomberont sans doute de leur piédestal.

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