
Une hausse d’impôt coûterait plusieurs centaines de millions d’euros aux banques françaises

Les banques françaises n’échapperont pas à l’effort collectif. Lors de son discours de politique générale le 1er octobre, le premier ministre a confirmé sa volonté d’augmenter la fiscalité des grandes entreprises et, selon Le Monde, une hausse de l’impôt sur les sociétés de 8,5 points serait envisagée pour les groupes réalisant au moins 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Les rachats d’actions seraient également taxés à hauteur de 8% du montant nominal de la réduction de capital.
Si de telles mesures étaient confirmées, elles pourraient coûter plusieurs centaines de millions d’euros aux banques françaises selon des estimations d’analystes. Les spécialistes de Deutsche Bank et d’Oddo BHF ont fait tourner leurs modèles et ils arrivent à des conclusions similaires pour les trois groupes bancaires français cotés.
Près de 400 millions d’euros
Pour BNP Paribas, qui est la banque la moins exposée des trois au marché français, l’impact serait largement gérable, à environ 1% du profit net. En valeur absolue, le montant atteindrait tout de même 110 millions d’euros si on se base sur les 11,3 milliards d’euros de bénéfice net anticipé par le consensus Factset pour cette année.
La facture serait un peu plus salée pour la banque verte et pour celle de La Défense. Deutsche Bank la voit plus proche de 3% du profit net pour les deux entreprises et Oddo BHF l’estime à 3,8% maximum pour le Crédit Agricole et 3,7% pour la Société Générale. Rapporté aux 6,2 milliards et 3,3 milliards d’euros de profit net anticipé pour ces deux banques en 2024, un taux de 3% représenterait un manque à gagner de 180 millions d’euros pour le Crédit Agricole et de 100 millions pour la Société Générale.
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Selon Oddo BHF, BNP Paribas génère environ 25% de ses revenus en France pour moins de 10% de son profit net, contre 46% et 33% pour Crédit Agricole SA. La Société Générale enregistre pour sa part près de 50% de ses ventes dans l’Hexagone et elle pourrait y réaliser 8% de son bénéfice net en 2024 et 32% en 2025 après une perte l’an dernier.
Le courtier rappelle que ses estimations concernant l’impact potentiel d’une hausse de taxe sont théoriques et ne tiennent pas compte des éventuelles pratiques d’optimisation que pourraient mettre en œuvre les banques. «Une partie de leur activité de financement et d’investissement pourrait facilement être délocalisée à l'étranger», imaginent notamment les analystes.
Quelques millions pour les rachats d’actions
Concernant la taxation des rachats d’actions, Deutsche Bank estime que la contribution de BNP Paribas ne dépasserait sans doute pas quelques millions d’euros «et encore moins pour la Société Générale étant donné que la base de calcul pourrait reposer sur la réduction nominale du capital plutôt que sur le montant réel des rachats d’actions».
Pour les autres banques françaises non cotées en Bourse, l’impact d’une hausse du taux d’impôt sur les sociétés pourrait être plus sensible car elles réalisent une plus large part de leurs revenus dans l’Hexagone. Groupe BPCE a ainsi enregistré 78% de son produit net bancaire en France en 2023, Crédit Mutuel Alliance Fédérale 75% et plus de 74% pour La Banque Postale.
En appliquant un impact de 4% sur les profits nets cumulés par ces trois banques en 2023, la facture globale pourrait atteindre 350 millions d’euros, soit un total potentiellement supérieur à 700 millions d’euros pour l’ensemble du secteur.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse