
La Société Générale annonce des coupes historiques dans ses effectifs à La Défense

La chasse aux coûts est lancée à la Société Générale. Le patron Slawomir Krupa, qui a pris les rênes de la banque en mai dernier, a annoncé aux organisations syndicales représentatives vouloir supprimer 947 postes au siège à La Défense, soit près de 5% des effectifs. Une coupe franche et historique. La dernière remonte à 2012 lorsque le précédent directeur général Frédéric Oudéa avait supprimé 880 postes au sein de la banque de financement et d’investissement dans l’Hexagone.
«C’est violent», note Philippe Fournil, délégué syndical national CGT, bien que le plan annoncé par Slawomir Krupa s’opère «sans aucun départ contraint», rappelle la Société Générale dans un communiqué. «En tant qu’employeur responsable, Société Générale déploierait l’ensemble des mesures d’accompagnement en vigueur dans son pacte social au travers de mobilités internes, de transitions d’activité ou de départs volontaires», précise la banque.
«Le volume des suppressions d’emplois et le calendrier serré pour décliner ce plan nous inquiètent», ajoute Philippe Fournil. La Société Générale entend procéder à cette réorganisation dès le deuxième trimestre 2024. Un signal envoyé aux marchés à trois jours de la présentation de ses résultats pour 2023 ? «Une fois de plus, la Société Générale mise tout sur la rationalisation et l’optimisation des charges, mais n’a pas de véritable plan de développement pour générer du produit net bancaire !», regrette Frédéric Guyonnet, responsable syndical SNB CFE CGC.
Des économies additionnelles de 700 millions d’euros
Car, officiellement, il est bien question d’«efficacité opérationnelle». Le ton était donné dès le Capital Markets Day de la banque à Londres le 17 septembre dernier. Slawomir Krupa a alors promis 1,7 milliard d’euros d’économies brutes d’ici à 2026. Un milliard d’euros ont déjà été engagés à ce jour, notamment via la fusion de ses réseaux Société Générale et Crédit du Nord qui doit générer 450 millions d’euros d’économies d’ici à 2025, ou via les synergies permises par l’intégration de Leaseplan au sein d’Ayvens, son entité de location longue durée.
Restent donc 700 millions d’euros d’économies que la Société Générale entend réaliser grâce à cette «réorganisation» à la Défense. «L’objectif est de regrouper et mutualiser certaines activités et fonctions, de supprimer des strates hiérarchiques pour alléger les processus de décision et de redimensionner certaines équipes du fait de la revue de projets ou de processus», précise le groupe. «Il n’y a pas non plus des centaines de states hiérarchiques à supprimer», s’insurge Philippe Fournil. «Les managers sont en train d’organiser des amphithéâtres à la hussarde pour présenter le plan aux huit business units concernées. Nous attendons des précisions sur la déclinaison du plan», ajoute-t-il.
Des coupes dans l’informatique et les fonctions supports
Dans le détail, les plus grosses réductions d’effectifs auront lieu dans les services centraux du réseau SG, soit 288 postes supprimés. Il s’agit de la suite logique du plan Vision 2025, qui, en fusionnant neuf banques de détail, prévoit la suppression de 3.700 postes dans le réseau.
Les coupes concerneront ensuite les fonctions supports (back-offices, informatique) de la banque de grande clientèle, GBSU, dans lesquelles 185 postes seront supprimés, puis l’informatique avec 182 postes en moins. La banque d’investissement et le conseil, Global Banking & Advisory – des activités qui ont souffert d’un ralentissement dans l’ensemble du secteur depuis deux ans – verra 84 postes disparaître. La direction financière perdra 77 postes et les services RH – qui ont, par ailleurs, tendance à délocaliser à Bucarest – 58.
La banque de La Défense ayant engagé une revue stratégique de ses actifs, avec la sortie de Russie puis la vente d’une partie de ses filiales en Afrique, les services centraux dédiés à la banque à l’international seront, eux aussi, affectés avec 73 suppressions de postes.
Des cessions d’actifs en vue
La revue stratégique pourrait ne pas s’arrêter là, ce qui fait croître l’inquiétude des salariés en interne. Plusieurs rumeurs de presse font état depuis l’été dernier d’une possible cession de Société Générale Securities Services, qui compte près de 2.000 salariés à La Défense et 4.000 à l’étranger. A l’étude, le projet de cession ne serait toutefois pas imminent.
En revanche, la cession de Société Générale Equipment Finance, sa filiale spécialisée dans le financement des ventes et des biens d'équipement qui emploie 1.400 personnes, pourrait intervenir rapidement. Le groupe BPCE aurait notamment manifesté son intérêt. A Londres, Slawomir Krupa a promis qu’il n’aurait «aucun tabou» pour opérer le recentrage du groupe.
A lire aussi: Après sa fusion avec le Crédit du Nord, la Société Générale se met en ordre de marche en régions
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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse