
La Société Générale abaisse sa cible de marge d’intérêt et subit la sanction du marché

Dans un contexte où la banque de détail reste chahutée en France, la Société Générale a enregistré au deuxième trimestre 2024 un résultat net part du groupe en hausse de 24% à 1,1 milliard d’euros. Il est supérieur aux attentes, les analystes tablant en moyenne sur 937 millions d’euros selon le consensus Factset.
Un ajustement de l’objectif de marge nette d’intérêt, revu en baisse de 300 millions d’euros pour l’ensemble de l’année, a toutefois déçu le marché. En milieu de matinée jeudi, l’action Société Générale chutait de 7%, à 22,2 euros.
Les revenus de la banque sont de leur côté ressortis en hausse de 6,3% à 6,7 milliards d’euros au deuxième trimestre, en ligne avec les attentes, grâce notamment au dynamisme des activités de marché.
Sur le premier semestre, le résultat net part du groupe a grimpé de 1,4% à 1,8 milliard d’euros et les revenus ont progressé de 2,9% à 13,3 milliards d’euros.
Le produit net bancaire (PNB) au deuxième trimestre a été tiré par la bonne performance de la grande clientèle dont les revenus progressent de 10% à 2,6 milliards d’euros, grâce notamment au dynamisme des marchés actions et au métier de transaction banking.
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La banque de détail à l’international résiste avec des revenus stables à 1 milliard d’euros, tandis que son activité de mobilité, sous la marque Ayvens, a été pénalisée par un effet de base au deuxième trimestre, dans un contexte de normalisation des prix sur le marché des véhicules d’occasion. Ses revenus sont en baisse de 4% au deuxième trimestre à 1,1 milliard d’euros.
A l’image de ses concurrentes, la banque de détail en France reste pénalisée par la hausse du coût de la rémunération des dépôts, tandis que l’attentisme de la clientèle provoqué par les incertitudes politiques a freiné la production de crédit. Dans un contexte de pincement des marges, la Société Générale s’est aussi montrée volontairement sélective sur l’octroi de crédit. De ce fait, le PNB de la banque de détail en France – un périmètre qui comprend aussi l’assurance et la banque privée – progresse de 1,1% à 2,125 milliards d’euros.
Hausse de la marge nette d’intérêt
La marge nette d’intérêt dans les réseaux en France a toutefois commencé à rebondir (+10% par rapport au deuxième trimestre 2023), la Société Générale replaçant ses dépôts à un taux plus élevé. Ses couvertures à court terme, mises en place avant 2022 sur la base d’un scénario de baisse des taux, sont arrivées à échéance en mai 2024. Leur impact résiduel sur la banque de détail est de -150 millions d’euros sur le trimestre.
La Société Générale revoit sa cible en légère baisse sur la marge nette d’intérêt pour 2024. Elle sera en progression par rapport à 2023, mais elle devrait atteindre 3,8 milliards d’euros, et non 4,1 milliards d’euros comme annoncé au précédent trimestre, du fait d’un transfert plus important des dépôts à vue vers l’épargne réglementée.
Le coût du risque ressort stable à 26 points de base au deuxième trimestre, pénalisé par quelques dossiers de place.
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Cible revue à la hausse pour le CET1
La Société Générale maintient ses cibles de résultat et de revenus pour 2024. Elle revoit, par ailleurs, à la hausse son objectif de ratio de capital CET 1, qui devrait s’établir au-dessus de 13% pour l’année, grâce à la génération organique de capital et à la transformation du modèle voulue par Slawomir Krupa, les métiers consommant moins d’actifs pondérés des risques (RWA).
La Société Générale poursuit la maîtrise de ses coûts grâce à la fusion de son réseau avec celui du Crédit du Nord, une gestion maîtrisée de la politique salariale et des coûts informatiques. Ses frais généraux progressent de 2,9% au deuxième trimestre, et de 0,7% seulement en excluant l’impact de l’intégration de Leaseplan et de Bernstein. Le coefficient d’exploitation s’établit à 68,4% au deuxième trimestre 2024.
La Société Générale a, par ailleurs, finalisé son programme de rachats d’actions d’un montant de 280 millions d’euros au deuxième trimestre.
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Alors que les responsables du projet avaient réclamé un budget de plus de 21 milliards de roupies pour 2026 (1,1 million d’euros), ils vont devoir se contenter de 6,3 milliards de roupies (327.000 euros). Le budget était encore de 2,2 milliards d’euros en 2024. Obtenir des financements étrangers s’avère également difficile. «Prabowo estime que ce n’est pas son héritage. Ce n’est pas son principal objectif», souligne à l’AFP un responsable impliqué dans la construction de la ville sous couvert d’anonymat. «Je suis toujours partagé à 50-50 sur la possibilité que le projet aille à son terme», ajoute ce responsable, qui craint que «beaucoup de choses restent inachevées». - Déménagement avant 2029 - Joko Widodo avait relancé le projet de déplacement de la capitale lors de son deuxième mandat. Mais malgré des efforts pour accélérer les travaux, la ville n’a pas été inaugurée comme nouvelle capitale en 2024 comme prévu. «Sous Joko Widodo, ça allait très vite ; maintenant avec Prabowo (...) ce n’est pas aussi rapide,» constate Sofian Sibarani, le designer de la ville. Seuls 800 des 6.600 hectares dédiés aux bâtiments gouvernementaux ont été développés ou préparés pour la construction, précise-t-il. Pour autant, les responsables de Nusantara se veulent optimistes. Ainsi, assure Basuki Hadimuljono, à la tête de l’administration locale, les projets dans une zone abritant le palais et les ministères sont «déjà achevés à 97-98 %». Selon lui, Prabowo veut y déménager en 2028, avant la prochaine élection présidentielle prévue en 2029. Une fois élu, Prabowo avait déclaré qu’il souhaitait «continuer, si possible finir» le déménagement de la capitale. Mais depuis sa prise de fonction en octobre dernier, il n’a pas montré de volonté de signer le décret présidentiel nécessaire au transfert officiel de la capitale. Certains employés gouvernementaux sont peu enthousiastes à l’idée de déménager dans une ville inachevée et située à plus de 1.000 kilomètres de Jakarta. Quant aux équipements collectifs, ils ne sont pas tous prêts: certes trois hôpitaux fonctionnent, ainsi que des cafés, mais l’aéroport attend le feu vert pour accueillir des vols commerciaux. Un centre commercial et un cinéma doivent également sortir de terre Pourtant, Helena, employée de la nouvelle ville et qui comme de nombreux Indonésiens porte un seul nom, l’assure: son immeuble en construction offre «un niveau de confort incroyable». «Heureux et fier» «Je suis heureux et fier, IKN est vraiment super,», confie Ronald Telaumbanua, 38 ans, arrivé des Célèbes et qui fait partie des dizaines des touristes venus découvrir le nouveau site. 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États-Unis : plus de 300 Sud-Coréens arrêtés dans une usine Hyundai-LG sur le point d’être rapatriés
Séoul - Les plus de 300 Sud-Coréens arrêtés jeudi dans une usine aux Etats-Unis par la police de l’immigration vont bientôt être libérés et rapatriés dans leur pays, a annoncé dimanche Séoul. «Grâce à la réponse rapide et unie… les négociations pour la libération des travailleurs arrêtés ont été conclues», a déclaré dimanche Kang Hoon-sik, chef de cabinet du président Lee Jae Myung. «Il ne reste plus que les procédures administratives. Une fois celles-ci terminées, un vol charter décollera pour rapatrier nos ressortissants», a-t-il ajouté. Samedi, Séoul avait estimé leur nombre à «plus de 300". La police de l’immigration américaine a annoncé vendredi avoir mené jeudi un raid dans une usine de fabrication de batteries pour automobiles des groupes sud-coréens Hyundai et LG Energy Solution à Ellabell, dans l’Etat de Géorgie (sud-est). Les personnes interpellées sont soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Il s’agit de l’opération la plus importante jamais menée sur un seul site dans le cadre de la campagne d’expulsion d’immigrés initiée par le président américain Donald Trump. 475 personnes au total ont été arrêtées dans l’usine. «On leur donne à manger et on leur permet de prendre une douche, mais les conditions (de rétention NDLR) sont mauvaises», a depuis affirmé à l’agence de presse sud-coréenne Yonhap un responsable d’un sous-traitant de LG Energy Solution, qui s’est entretenu avec l’un des travailleurs arrêtés. Selon lui, ils ne sont pas menottés. Des images du raid, diffusées par les autorités américaines, ont montré des employés arrêtés, menottés et avec des chaînes aux chevilles, en train d’embarquer dans un bus de transport privé. Un cadre supérieur de LG Energy Solution s’est envolé dimanche pour la Géorgie. «La priorité immédiate est la libération rapide de nos employés LG Energy Solution et de ceux de nos entreprises partenaires», a déclaré Kim Ki-soo aux journalistes avant de monter à bord de l’avion. Environ 250 des personnes arrêtées seraient des employés de sous-traitants de LG Energy Solution, et Sud-Coréens pour la plupart, avait indiqué samedi l’entreprise. Et 47 (46 Sud-Coréens et un Indonésien), sont des salariés directs de LG, selon l’entreprise. Vendredi, Hyundai avait dit penser qu’aucune des personnes arrêtées n'était «directement employée» par le groupe. Quatrième économie d’Asie, la Corée du Sud est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. En juillet, Séoul avait promis d’investir 350 milliards de dollars aux Etats-Unis, à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. © Agence France-Presse