La société de gestion alternative Quantology Capital Management fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire depuis le 10 novembre 2022, selon les informations de L’Agefi. Le hedge fund systématique parisien, qui gère trois fonds ouverts, se trouve en cessation de paiement depuis le 25 octobre. La firme ne compte plus que quatre salariés, ayant enregistré les départs du responsable de la R&D et co-fondateur Julien Messias et d’un analyste quantitatif, qui ont démissionné quelques jours avant que la cessation de paiements ne soit constatée. La période d’observation de la procédure de redressement judiciaire sera clôturée le 10 mai 2023. Le hedge fund n’a pas donné suite aux sollicitations de L’Agefi. Fin 2021, Vincent Fourcaut, président et co-fondateur de Quantology Capital Management, confiait à NewsManagers, vouloir s’exporter hors de France et viser le leadership de la gestion systématique en Europe, le marché institutionnel français se montrant peu réceptif à l’offre du hedge fund. Il tablait alors sur une collecte de 400 à 500 millions de dollars auprès d’investisseurs étrangers. La société gérait une vingtaine de millions d’euros à l’époque. Cette procédure de redressement judiciaire est une nouvelle étape dans la vie de la firme qui avait connu une première vie entre 2013 et 2017 sous le nom d’Uncia AM. Une période durant laquelle la société avait, sans grand succès, proposé deux fonds sur les actions internationales avant de rebondir dans la gestion systématique. Si le fonds de performance absolue de Quantology est parvenu à limiter la casse l’an dernier, les deux autres fonds ouverts du gestionnaire ont souffert en 2022. En particulier celui investi sur la thématique du métavers que la firme avait présenté comme le premier fonds Ucits sur ce thème lors de l’annonce officielle de son lancement en décembre 2021. Pénalisé par la forte correction des valeurs technologiques l’an dernier, le fondsa troqué son appellation d’origine «Quantology Metaverse» pour «Quantology US Equity» en cours de route. Sa performance a perdu près de 50% sur l’année. Hedge funds, l’hécatombe L’année 2022 a vu la disparition de plusieurs hedge funds de la place parisienne. Eraam et John Locke Investments, deux gestionnaires qui comptaient chacun plus de 20 ans d’existence, ont été liquidés. Le hedge fund Verrazano Capital, qui s’était reconverti en family-office en 2018, a aussi été dissous l’an dernier. En outre, Revel AM, fondé en 2018 par un ancien de Verrazano Capital, a été liquidé, tout comme Rivoli Fund Management, dont le fondateur Thaddée Tyl faisait partie des conseillers de Quantology. D’autres boutiques de gestion alternatives parmi lesquelles Sagara Financière, qui avait repris la suite de Day Trade Asset Management, et Correl Invest, dont un des fondateurs avait ensuite rejoint Quantology avant d’en partir en 2021, ont également disparu au cours des cinq dernières années. Dans un entretien à NewsManagers, en mars 2022, Denis Beaudoin, fondateur et président de la société de gestion quantitative Finaltis, faisait le constat d’une place quantitative de Paris«plutôt en attrition». «La gestion quantitative porte une quasi-obligation de résultat: elle nécessite de réaliser ses objectifs sous peine de renforcer le soupçon de «boîte noire». Vous pouvez manquer une année mais, si vous sous-performez à moyen terme, vos investisseurs remettent en question la pertinence de votre modèle d’autant plus vite que leur analyse initiale a été courte, et vous affrontez un risque de liquidation», expliquait-il. En revanche, le Brexit suscite depuis plusieurs trimestres une vague d’installation de hedge funds britanniques à Paris. Des hedge funds américains ont aussi ouvert des bureaux dans la capitale française.