
Priorité à la prévention et aux risques psychosociaux
L’Observatoire «Entreprise et Santé» mené par la société d’études et de conseil Viavoice et le groupe Harmonie Mutuelle a pour objectif d’apporter un regard croisé entre salariés et dirigeants sur les actions de santé au sein de l’entreprise. Il apporte plusieurs enseignements sur les attentes des deux parties, intéressantes en cette période de préparation à la généralisation de la complémentaire santé en entreprise.
Une mauvaise connaissance des actions de santé par les salariés. Une très large majorité de salariés et de dirigeants – 92 % des salariés, 98 % des dirigeants du privé et 85 % des managers du public – pensent que l’état de santé des collaborateurs est globalement bon dans leur entreprise. En revanche, leur perception diverge sur l’importance des actions réellement menées en matière de santé dans les entreprises. Celles-ci paraissent nombreuses pour 79 % des dirigeants du privé alors que seuls 35 % des salariés partagent cet avis.
Pour autant les salariés admettent disposer de peu d’informations: seul un salarié sur deux (49 %) se déclare « bien informé » sur les dispositifs de santé présents dans son entreprise. Ainsi, les actions de santé apparaissent par ailleurs paradoxalement plus souvent comme quelque chose de « vraiment important » pour les dirigeants (75 % dans le privé et 62 % dans le public) que pour les salariés eux-mêmes : 55 %, contre 32 % pour lesquels il s’agit de quelque chose de « pas vraiment important », tous les salariés (selon leur âge, leurs soucis de santé respectifs) n’étant pas nécessairement confrontés aux mêmes besoins, relève l’étude.
Un impact fort sur l’ambiance de travail. 70 % des salariés, 78 % des dirigeants du privé et 75 % des managers du public jugent que ces actions ont un impact notable sur le climat de confiance dans l’entreprise. Ils sont par ailleurs respectivement 68 %, 76 % et 75 % à les juger importantes pour l’ambiance de travail, mettant ainsi en exergue le lien fort existant entre bien-être individuel et bien-être collectif, mais aussi entre santé et propension à aller vers les autres et travailler avec les autres. De même, 67 % des salariés, 74 % des dirigeants du privé et 69 % des managers du public pensent que les actions de santé ont un impact considérable sur la « productivité » et 56 % des salariés et 68 % des dirigeants du privé sur la « situation économique de l’entreprise ».
Enfin, pour l’avenir et l’attractivité de l’entreprise, 59 % des salariés, 71 % des dirigeants du privé et 66 % des managers du public voient dans les actions menées en matière de santé un facteur essentiel d’attachement des collaborateurs à l’entreprise.
Priorité, pour l’avenir, à la prévention et aux risques psychosociaux. Parmi les mesures déjà existantes dans une majorité d’entreprises, les salariés jugent particulièrement essentiels l’accès à une complémentaire santé, à des équipements de protection individuels et à des services de santé au travail. Pour l’avenir, leurs attentes comme celles des managers du public se portent davantage vers une meilleure prise en compte des aspects relationnels (entre salariés et vis-à-vis du management) et des risques psycho-sociaux (moins de pression sur les objectifs, mesures contre le stress…).
Enfin, les dirigeants du privé envisagent de leur côté avant tout une meilleure prévention et une meilleure information, notamment pour réduire les risques (actions de prévention, investissement dans du matériel, des outils d’information, des défibrillateurs, etc.), même si les mesures contre le stress restent fortement présentes dans l’esprit d’un certain nombre d’entre eux, 28 % en faisant même une priorité.
Des disparités importantes selon la taille d’entreprise. Des différences notables s’observent. Ainsi 48% des salariés de grandes entreprises (plus de 250 salariés) pensent qu’un certain nombre d’actions sont menées dans leur entreprise, contre 33 % dans les entreprises de 50 à 249 salariés, et 24 % seulement dans les entreprises de moins de 50 salariés. Concrètement, ces différences s’expliquent par le fait qu’un certain nombre de dispositifs soient beaucoup moins présents dans les TPE-PME.
Les salariés des grandes entreprises se sentent mieux pris en charge en matière de santé. Pour autant, ils signalent également certains problèmes de manière plus fréquente, notamment le stress ou la pression managériale. Ainsi, 42 % des salariés de grandes entreprises souhaiteraient une réduction de la pression sur les objectifs, contre seulement 26 % dans les entreprises de moins de 50 salariés ; 34 % des salariés des grandes entreprises souhaiteraient également une amélioration des relations de management, quand ils ne sont que 19 % à exiger de même dans les plus petites entreprises.
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Réchauffement climatique, surtourisme, divergences générationnelles: en Grèce, sur l'île d'Egine, la culture de la pistache menacée
Aegina - Sur l'île grecque d’Egine, quatre ouvriers agricoles, bâton en main, frappent les branches d’un pistachier pour faire pleuvoir les fruits sur des bâches. La récolte des pistaches bat son plein. Pourtant l'équipe fait grise mine. «Il y a peu de pistaches», déplore auprès de l’AFP Daso Shpata, un Albanais de 47 ans, sous un soleil de plomb qui fait chanter les cigales. Le changement climatique a fait fondre les récoltes. D’autres problèmes sont venus se greffer: de nouvelles générations peu enclines à reprendre les exploitations familiales et des arbres sacrifiés pour construire de lucratives résidences de vacances dans une Grèce où le tourisme va de record en record. «La culture traditionnelle (des pistaches) telle que nous la connaissons (ici) n’est plus viable», se désole Eleni Kypreou, la propriétaire du verger de cette île de près de 13.000 habitants, proche d’Athènes et connue dans toute la Grèce pour ses fameuses pistaches. «Si nous voulons sauvegarder les pistachiers, il faut trouver ce dont ils ont besoin (...) Sinon, ils appartiendront au passé et pourront entrer dans un musée», tranche-t-elle. La production de pistaches à Egine est infime en comparaison de celle des États-Unis ou de l’Iran où sont récoltées plusieurs centaines de milliers de tonnes chaque année. Mais ces fruits produits sur ce territoire situé à une heure en ferry du port du Pirée sont considérés comme particulièrement savoureux. «Les pistaches d’Egine ont un goût spécial», assure Mme Kypreou. «Ca vient de la terre et de l’eau. L’eau est un peu salée». Cette femme de 88 ans chérit ses 750 pistachiers au point de leur chanter et de leur parler. «Les deux dernières années, nous n’avions presque rien», poursuit-elle, soit 20 kg seulement en 2024 après 100 kg en 2023. «Nous attendions une bonne récolte cette année. Mais elle n’est pas bonne», soupire-t-elle. «Planter des maisons» En 2023, la Grèce a produit près de 22.000 tonnes de pistaches, contre 12.000 seulement en 2015, selon l’office grec des statistiques Elstat. Mais à Egine, la production a baissé pour passer de plus de 2.600 tonnes à 2.300 tonnes. Le nombre d’arbres en âge de production et les hectares de terre ont également diminué. «Ces deux dernières années ont été mauvaises» principalement en raison des hivers particulièrement cléments qu’a connus le pays méditerranéen, diagnostique Kostas Peppas, président de la coopérative des producteurs de pistaches d’Egine. Or les arbres ont besoin pendant «certaines heures de températures en dessous de 10 à 12°C. Pour dormir, pour se reposer. Donc si l’hiver est doux, ce n’est pas bon», assure-t-il. La coopérative vend les pistaches dans les magasins et supermarchés dans tout le pays et, à Egine, tout particulièrement notamment auprès des nombreux touristes, ainsi que dans son propre kiosque sur le port. Pour M. Peppas, il ne fait pas de doute que la plupart des vendeurs du port ont acheté des pistaches ailleurs, faute de pouvoir s’approvisionner auprès des producteurs locaux. Le dirigeant de la coopérative possède 230 arbres, principalement des femelles, qui produisent les pistaches, avec deux mâles plus grands pour la pollinisation. A Egine, «ils coupent des arbres et construisent des maisons à la place,» soutient ce capitaine de bateau à la retraite, âgé de 79 ans. Avec le boom du tourisme en Grèce, qui a accueilli 40 millions de visiteurs en 2024, les locations de courte durée, lucratives, explosent à Athènes et sur les îles. Thanasis Lakkos, 53 ans, soulève une branche de l’un de ses 3.500 pistachiers qu’il arrose avec l’eau de pluie collectée en hiver pour l’aider à grandir. La plupart des producteurs suivent le savoir faire ancestral en se disant «mon grand-père faisait comme ça, moi je vais continuer à faire comme ça», explique-t-il. «Mais ce n’est pas comme cela que ça marche», souligne-t-il, invitant les producteurs à chercher de nouvelles techniques. Il compte «continuer aussi longtemps que possible» malgré les difficultés. Dans son entourage, certains lui disent «mieux vaut vendre la terre et gagner un million d’euros et se reposer pour le reste de sa vie». Son fils est devenu DJ et les jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture sont rares, constate M. Lakkos qui fait partie de «la dernière génération» qui récoltera les pistaches à Egine. «La tradition va se perdre», prédit-il désolé. Anna Maria JAKUBEK © Agence France-Presse