
Les 29 pistes de l’IPS pour sauver la protection sociale française

Comme annoncé dans L’Agefi Actifs (lire l’article sur le site en date du 28 novembre), l’Institut de la Protection Sociale (IPS) livre ce jour ses 29 propositions pour repenser la santé, la prévoyance, la retraite et la dépendance de demain. Ce recueil se veut comme chaque Livre Blanc pragmatique avec des réflexions issues du terrain. L’objectif, une fois de plus, n’est pas de casser le modèle de la protection sociale auquel la majorité des Français reste attaché, mais bien de l’adapter à un environnement économique, social, démographique, culturel mais aussi technique et technologique qui a largement évolué depuis 1946. L’ampleur des dépenses et le poids de l’endettement interpellent au-delà des clivages politiques sur la survie même des dispositifs souligne les membres de l’IPS.
Proposition n°1: Créer deux profils de protection
Il est proposé de supprimer la notion de régimes distincts entre salariés et indépendants pour les remplacer par deux profils de protection sociale. Le premier profil, regroupant les salariés en situation de dépendance économique, jouira d’un système plus protecteur comparable au régime général d’aujourd’hui. Le deuxième profil, regroupant les cadres, bénéficiera, sur option, d’un système plus léger proche de celui dont bénéficient les travailleurs non-salariés actuellement.
Proposition n°2: Mettre en place un système de protection à la carte
Une fois financé un socle incompressible, l’assuré pourrait affecter une part de ses cotisations obligatoires de santé et de prévoyance à un ou à des risques déterminés en fonction de l’âge et de la composition familiale.
Proposition n°3: Assouplir l’âge de départ en retraite
Il est proposé d’introduire plus de souplesse dans le choix de l’âge de départ en retraite. Ainsi, la liquidation à un âge plus élevé que l’âge minimal devrait conduire à une majoration de toutes les retraites par le biais, par exemple, du taux de liquidation. Il est proposé d’introduire la possibilité de demander à liquider une ou plusieurs années de congés sabbatiques rémunérés ou congés formation en contrepartie d’un départ en retraite plus tardif.
Proposition n°4: Faciliter le cumul emploi/retraite
Il est proposé de libéraliser et de simplifier le cumul emploi/retraite. Ce cumul sera autorisé sans plafonnement à l’âge minimal même lorsque l’intéressé n’a pas le taux plein. Il permettra d’établir l’acquisition de droits à retraite nouveaux, y compris dans le régime au sein duquel la retraite a été liquidée.
Proposition n°5: Différencier les modes de paiement de la retraite
Il est proposé d’introduire différents modes de paiement de la retraite : fixe, progressive ou dégressive. Les paramètres de progressivité ou de dégressivité ne seraient pas ceux de la revalorisation, mais un mécanisme intégré au calcul de la retraite, faisant en sorte que, quel que soit le schéma, au terme de la durée de vie moyenne probable, les montants versés seraient équivalents.
Proposition n°6: Création d’un compte individuel retraite
Il est proposé de créer un compte individuel retraite, alimenté quel que soit le dispositif souscrit. Ce dispositif permettra d’avoir une vision rapide à tout âge des droits à retraite par capitalisation et par répartition. Ce capital, accumulé tout au long de sa vie active et converti en rente viagère, partielle ou totale au moment du départ en retraite viendra compléter sa retraite par répartition.
Proposition n°7: Harmoniser les conditions de sortie des contrats supplémentaires
Il est proposé de laisser plus de libre choix en sortie, par exemple de permettre une sortie partielle en capital dans les contrats Madelin pour éviter les transferts vers le PERP.
Proposition n°8: Modifier les règles de fonctionnement en matière d’épargne retraite
Il est proposé de modifier les règles de fonctionnement en matière d’épargne retraite, notamment de clarifier les passerelles entre dispositifs de retraite collectifs, individuels et d’épargne salariale (PERCO).
Proposition n°9: Repenser les règles de réversion
Il est proposé que soit offerte à chacun la possibilité d’obtenir une retraite non réversible ou une retraite réversible. Le coût de la réversibilité serait imputé sur le montant de la retraite de l’intéressé et non plus via une mutualisation générale. Ainsi les droits à réversion doivent être servis sans la moindre condition de ressources. Enfin, la réversibilité devrait également être élargie au concubin et au partenaire de PACS.
Proposition n°10: Sécuriser et élargir le dialogue social
Il est proposé d’encourager le référendum social pour la mise en place des régimes santé, de prévoyance et de retraite. Toute remise en cause d’une décision référendaire par une modification législative ou de branche sera impossible. Les décisions référendaires pourraient avoir les mêmes effets que ceux accordés aux accords collectifs passés entre les partenaires sociaux.
Proposition n°11: Suppression du forfait social
Il est proposé de supprimer le forfait social afin d’envoyer un signal fort pour encourager les mécanismes d’épargne salariale, de retraite supplémentaire et de prévoyance. Il est également proposé de donner plus de souplesse aux entreprises avec la possibilité de modifier les cotisations retraite, par exemple, en fonction de l’âge de ses salariés, sans remettre en cause le caractère collectif du contrat et d’abonder un contrat retraite avec des aides reçues / ou des primes non chargées et donner au salarié l’option de versement personnel générant, par exemple, un crédit d’impôt.
Proposition n°12: Sécuriser les contrats de protection complémentaire
Il est proposé de sécuriser les entreprises qui mettent en place des couvertures de protection complémentaire pour leurs salariés en les mettant à l’abri des changements réglementaires et législatifs grâce à un mécanisme sur le modèle de celui qui existe en matière d’épargne salariale (art. L. 3345-2 et s. du code du travail).
Proposition n°13: Ouvrir le rescrit social aux projets de contrats de protection complémentaire
Il est proposé d’étendre le champ d’application du rescrit social aux projets de contrats de protection complémentaire.
Proposition n°14: Sécuriser les redressements Urssaf
Il est proposé de confier un rôle d’alerte préventive aux URSSAF lors des contrôles via un mécanisme d’observations.
Proposition n°15: Gérer le partage des données
Afin d’assurer la confidentialité de ces informations, il est proposé de confier la conservation des données de santé partagées à l’Institut des Données de Santé. L’incitation à communiquer ces données devra avoir pour contrepartie une interdiction de sélection médicale.
Proposition n°16: Evaluer la place des opérateurs avec les solutions possibles pour le pilotage de la santé et de la prévoyance
Il est proposé de s’interroger sur les moyens d’optimiser les opérateurs gestionnaires de la protection sociale obligatoire pour les risques santé et prévoyance majeur. Ce débat ne pourra se faire sans passion. Mais ce n’est pas une raison pour l’occulter tant les impacts de la santé connectée modifient profondément la donne. Cette question doit faire l’objet d’une étude objective et documentée.
Proposition n°17: Supprimer la sélection médicale sur les risques lourds
Il est proposé de supprimer la sélection médicale pour les risques lourds. Deux solutions sont possibles pour les affections de longue durée (ALD), soit celles-ci sont prises en charge par l’Etat et financées par la CSG, soit aucune sélection médicale n’est effectuée au sein des contrats individuels et collectifs sur les risques liés aux ALD.
Proposition n°18: Dissocier les charges lourdes de ce qui est du libre choix
Il est proposé de s’interroger sur l’affectation de la CSG. A quel risque affecter la CSG ? Ne serait-il pas opportune de la réserver au socle santé - famille et lui ajouter une CSG sur la valeur ajoutée ou une TVA sociale. Les contributions personnelles et d’entreprise seraient réservées aux risques liés au maintien de revenu (retraite - prévoyance).
Proposition n°19: Augmenter les salaires en allégeant les charges
Il est proposé de rompre avec cette politique d’allégement sur les bas salaires. Cela permettrait de minimiser les charges obligatoires au fur et à mesure que la rémunération progresse. Cela afin de redonner du pouvoir d’achat aux salariés.
Proposition n°20: Instituer un mécanisme de compensation
Il est proposé d’instituer un mécanisme de compensation. A chaque modification de texte lié au changement d’une obligation sociale et génératrice de coûts pour l’entreprise, l’Etat devra compenser financièrement l’entreprise, sous la forme d’un crédit annuel imputable sur les cotisations obligatoires. Le chiffrage moyen de ce coût généré sera établi par une instance de la profession comptable.
Proposition n°21: Créer une présomption irréfragable de conformité
Il est proposé que, pour les entreprises qui confient la gestion des payes et des obligations comptables à un cabinet d’expertise comptable, le respect des formalités sociales soit considéré comme acquis par les Urssaf sans possibilité de redressement.
Proposition n°22: Mettre fin aux modifications d’assiette
Il est proposé d’autoriser le législateur à modifier les taux des prélèvements mais pas les assiettes de cotisations, cela afin de mieux maîtriser l’impact d’une modification de la législation.
Proposition n°23: Créer une cohérence des assiettes
Il est proposé d’harmoniser l’assiette des prestations avec celle des cotisations. Il est également proposé de réduire le nombre d’assiettes de cotisations.
Proposition n°24: Déductibilité totale des cotisations obligatoires
Il est proposé que l’ensemble des prélèvements obligatoires soit déductible socialement, sans exception aucune.
Proposition n° 25: Formalisme : sécuriser les entreprises
Il est proposé de passer d’une présomption de non-conformité à une présomption de conformité en matière de formalisme. Les nouvelles obligations de formalisme ne s’appliqueront obligatoirement que pour les régimes postérieurs à la date d’entrée en vigueur du texte. L’entreprise a la possibilité d’opter pour le nouveau dispositif, mais il ne peut lui être imposé.
Proposition n°26: Alléger le formalisme
Il est proposé de mettre en place un principe de présomption de conformité de tout acte fondateur dès lors qu’il répond aux exigences légales et réglementaires en vigueur au moment de sa mise en place. Il est proposé d’alléger le contenu des actes fondateurs au moyen de cinq mentions obligatoires. La présomption de conformité pourra être parfaite via une transmission de l’acte à la DIRECCTE.
Proposition n°27: Supprimer la fiscalisation des complémentaires santé
Il est proposé de supprimer toute fiscalisation de la contribution salariale à la complémentaire santé. Il est également proposé de supprimer toute fiscalisation de la complémentaire santé qui nuit au développement de cette protection. Enfin, comme le financement de la protection sociale représente une charge pour l’entreprise, la contribution de l’employeur devra être complètement déductible d’un point de vue fiscal.
Proposition n°28: Mise en place d’un compte individuel dépendance
Il est proposé de créer le PEDEP (Plan d’Epargne pour la Dépendance Personnalisé). A l’exemple du PERP qui permet d’améliorer les besoins en couverture de retraite, une déduction fiscale fortement incitative mais néanmoins plafonnée, serait octroyée à tout épargnant. Le PEDEP pourrait être alimenté par des versements volontaires et surtout libres de ses souscripteurs. Le capital ainsi constitué serait utilisable pour financer toute mesure liée à la prise en charge d’une situation de dépendance. S’il n’est pas utilisé pour financer la dépendance du souscripteur, ce contrat serait transmissible à ses ayants-droit dans un principe de solidarité intergénérationnelle, en exonération de droits de succession. Le PEDEP serait d’ailleurs utilisable pour l’épargnant, son conjoint, ses ascendants ou descendants.
Proposition n°29: Faciliter le financement de la construction de MAPAD
Pour inciter à la construction de MAPAD (maison d’accueil pour personnes âgées dépendantes) ou EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), il est proposé de mettre en place un dispositif spécifique.
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Accusé de partialité, Thomas Legrand assume de "s'occuper journalistiquement" de Rachida Dati
Paris - Le journaliste et chroniqueur Thomas Legrand, mis en cause dans des images diffusées par le média conservateur L’Incorrect, a reconnu samedi des «propos maladroits» à l'égard de Rachida Dati mais assumé de «s’occuper journalistiquement» de la ministre de la Culture. Dans une vidéo diffusée vendredi et filmée en juillet à l’insu des participants dans un restaurant parisien, les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen échangent avec deux responsables du Parti socialiste: son secrétaire général, Pierre Jouvet, et le président de son conseil national, Luc Broussy. Au cours de cette discussion, M. Legrand, qui travaille pour France Inter et Libération, déclare notamment: «Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick (Cohen) et moi». «Je comprends que la diffusion de cette vidéo, enregistrée à l’insu des protagonistes et qui plus est tronquée, puisse susciter de la suspicion», a réagi Thomas Legrand dans un message transmis samedi à l’AFP. «Je tiens des propos maladroits. (...) Si la tournure, extraite d’un échange tronqué et privé, est malheureuse, j’assume de m’occuper journalistiquement des mensonges de Madame Dati», écrit-il, quelques heures après avoir été suspendu "à titre conservatoire» d’antenne par France Inter. «Il est possible, par l’intermédiaire d’une vidéo volée, de mettre en cause l’ensemble d’une profession. Ceux et celles qui tomberont dans ce piège évident fouleront les principes qui fondent notre espace public, à commencer par celui de la liberté de la presse», ajoute-t-il. «L’ironie de l’histoire, c’est que ce rendez-vous avait été sollicité par le PS, enfin par la direction du PS, parce qu’ils ne sont pas contents du traitement du PS et d’Olivier Faure (premier secrétaire du parti, NDLR) sur l’antenne de France Inter. Donc c'était tout sauf une réunion conspirative», a pour sa part réagi Patrick Cohen, éditorialiste politique sur France Inter et C à vous (France 5), sollicité par l’AFP. Rachida Dati, investie comme candidate des Républicains à la mairie de Paris, avait de son côté demandé vendredi que des mesures soient prises envers les deux chroniqueurs. «Des journalistes du service public et Libération affirment faire ce qu’il faut pour m'éliminer de l'élection à Paris. Des propos graves et contraires à la déontologie qui peuvent exposer à des sanctions. Chacun doit désormais prendre ses responsabilités», avait-elle réagi sur X. L’Incorrect, fondé en 2017 par des proches de Marion Maréchal, s’affirme comme «conservateur» et prône une union des droites. © Agence France-Presse -
A Pau, François Bayrou face à la fronde locale pour les municipales
Pau - Après le vote de confiance lundi et la probable chute de son gouvernement, le retour de François Bayrou dans son fief de Pau ne sera «pas paisible», préviennent ses opposants qui axent déjà la campagne municipale sur «son budget brutal» et le scandale Bétharram. «Son passage à Matignon a montré toutes les limites de sa méthode et de sa façon de penser le monde, c’est un homme politique de la fin du XXe siècle», tance Jérôme Marbot (PS), chef de file de l’opposition municipale, candidat malheureux de la gauche et des écologistes au second tour en 2020 face à François Bayrou. «Il va payer le prix de ce budget si brutal pour les plus faibles», avec un effort financier de 44 milliards d’euros, renchérit l'écologiste Jean-François Blanco, avocat et autre figure d’opposition locale. Même si le maire de Pau, élu une première fois en 2014, n’a pas annoncé sa candidature -déclarant seulement dans les médias que ses «aventures» politiques n'étaient pas «finies"-, «il est déjà en campagne», considèrent ses opposants. «Pas un retour paisible» Lundi matin, pour la rentrée des classes, François Bayrou a visité deux écoles à Pau. «Tout le monde a compris qu’il serait candidat, ce n’est pas un sujet, mais il n’aura pas un retour paisible», lui promet M. Blanco, déjà candidat en 2020 (14% des suffrages au premier tour). Le contexte national est venu «percuter» la campagne des municipales, analyse-t-il également, anticipant un scrutin «très politique» en mars prochain. François Bayrou qui a, dès son arrivée à Matignon, souligné qu’il voulait rester maire de Pau, glissant que c'était un titre «plus durable» que celui de Premier ministre, a vanté plusieurs fois ces derniers mois (vœux aux habitants, conférences de presse), en vidéo, «les dix ans de réalisations» dans la ville. Depuis deux ans, et après plusieurs années de déclin, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a gagné 3.000 habitants, selon des chiffres de l’Insee, atteignant désormais près de 80.000 habitants. Jean-François Blanco, avocat de victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram, est convaincu que cette affaire qui empoisonne le chef du gouvernement, ministre de l’Education à l'époque d’une première plainte contre l'établissement privé béarnais où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants, «sera un marqueur de la campagne» des municipales. «Elle aura des conséquences», abondent les Insoumis, qui reconnaissent à M. Blanco d’avoir «affronté Bayrou sur le terrain de Bétharram», en lien avec le député LFI Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire au printemps. La gauche divisée Reste que si la gauche paloise parle beaucoup de «rassemblement» pour reprendre la ville, dirigée par le PS de 1971 à 2014, ce n’est encore qu’un vœu pieux. La France insoumise «ne discute pas avec le PS», le socialiste Jérôme Marbot veut fédérer en ayant «vocation à être tête de liste», mais sans «en faire une condition sine qua non», tandis que Jean-François Blanco, mandaté par Les Ecologistes, veut unir derrière lui. «La porte est ouverte», insiste Jérôme Marbot, qui revendique le soutien de six formations de gauche, dont Génération.s ou Place Publique. «On veut présenter un programme de gauche de rupture. L’union pour l’union, sans la cohérence, ça ne marchera pas», avertissent de leur côté les Insoumis palois Jean Sanroman et Jade Meunier. De l’autre côté de l'échiquier politique, le Rassemblement national, qui avait réuni moins de 7% des voix aux municipales d’il y a cinq ans, espère capitaliser sur son score des dernières législatives (29%) avec comme candidate Margaux Taillefer, 26 ans, arrivée du parti Reconquête d'Éric Zemmour, et dont le nom a été dévoilé samedi. François Bayrou «va être dépositaire de son échec au gouvernement, ce sera plus difficile pour lui qu’en 2020", espère Nicolas Cresson, représentant régional du RN. Carole SUHAS © Agence France-Presse -
Un décret interdit les sachets de nicotine en France à partir de mars 2026
Paris - Dénoncés pour leur toxicité et leur caractère addictif en particulier pour les enfants et adolescents, les sachets, billes et gommes de nicotine seront interdits en France à partir de mars 2026, une «victoire» pour les associations anti-tabac. Le décret d’interdiction, paru au Journal officiel samedi, fait suite au bannissement des cigarettes électroniques jetables, prohibées à la vente depuis fin février, et à l’interdiction de fumer dans les espaces publics comme les jardins et parcs, les plages ou encore aux abords des écoles en vigueur depuis le 1er juillet. Le bannissement des sachets «vise à protéger la santé publique: la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse en raison de ses effets nocifs, et son usage à visée récréative présente un risque d’initiation au tabagisme, notamment chez les jeunes», a justifié à l’AFP le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. La ministre «Catherine Vautrin confirme ainsi son engagement» contre les «risques liés aux addictions», selon cette source. Le gouvernement Barnier avait annoncé à l’automne 2024 son intention de bannir les sachets de nicotine, également appelés pouches, en raison notamment d’un accroissement des intoxications chez les adolescents. Le marché mondial des pouches a été évalué par Global Markets Insights à 6,6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros) pour l’année 2023, et pourrait atteindre 27,4 milliards de dollars (23,4 mds d’euros) en 2032. Apparus récemment, les sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes et se glissent entre la lèvre et la gencive. L’interdiction prise par le gouvernement vise l’ensemble des «produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositif médicaux». Elle ne s’applique pas aux tabacs à chiquer. «Eldorado financier» Il s’agit notamment des «sachets portions» ou «sachets poreux», «pâte, billes, liquides, gomme à mâcher, pastilles, bandelettes ou toute combinaison de ces formes», énumère le texte. L’Alliance contre le tabac, une fédération d’associations anti-tabac, a salué une «victoire». «Il s’agit d’une mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d’une industrie qui prospère sur le marché de l’addiction, au détriment de la santé publique», a-t-elle estimé dans un communiqué. «Face à la baisse de la consommation de cigarettes dans les pays développés, les sachets de nicotine et les nouveaux produits nicotiniques (tabac chauffé et cigarettes électroniques) constituent le nouvel eldorado financier des cigarettiers», souligne l’organisation pour qui, «loin d’être des outils de sevrage, les sachets de nicotine et leurs dérivés (billes, perles) n’ont pour objectif que d’étendre le marché de l’addiction à la nicotine». Les fabricants British American Tobacco France et Philip Morris France ont dénoncé l’interdiction. Le premier a critiqué une «approche dogmatique, sans débat ni concertation» de la France, qui «prend le risque (...) de priver les fumeurs adultes d’alternatives encadrées» au tabac. Pour le second, «la France s’entête dans une stratégie d’interdiction inefficace». La confédération des buralistes y voit une «victoire annoncée pour les trafics». En novembre 2023, l’Anses avait appelé à une vigilance particulière» sur ces sachets en soulignant que ces produits, comme les billes aromatiques, entraînaient de plus en plus d’intoxications. «Les enfants et adolescents sont les principales victimes», avait constaté l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Comme les snus (tabac sous forme de sachet à usage oral interdit à la vente en Europe), les sachets de nicotine «peuvent provoquer des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères: vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire», selon l'étude qui précise que la majorité des personnes intoxiquées ont entre 12 et 17 ans. Les billes aromatiques présentent aussi un risque d’accident domestique, en particulier pour les enfants de moins de trois ans qui les ingèrent. Le nombre d’appels au centres anti-poisons concernant ces produits était passé de trois en 2020 à 86 en 2022, selon l’Anses. Boris CAMBRELENG © Agence France-Presse