
Les outils de profils de risque avant l’échéance du 1er octobre 2013
Lourdeur administrative supplémentaire ou opportunité commerciale ? Avant l’entrée en vigueur fixée au 1er octobre 2013 de la réglementation AMF-ACP portant sur le recueil des informations clients (1), les conseillers s’interrogent sur la pertinence d’un tel dispositif. Les fabricants de logiciels y voient plutôt une opportunité commerciale.
Jean-Philippe Robin, directeur commercial d’Harvest, avance qu’un profil de gestion prudent«n’est pas incompatible avec une part d’investissement en unités de compte car la durée du placement doit être prise en compte dans l’allocation. En effet, le temps est un facteur de limitation du risque». Jean-Pascal Amigues, le président d’AMC, se déclare d’accord sur ce point: «C’est une superbe opportunité qui est donnée aux conseillers pour vendre des unités de compte. Avec cet outil, ils sont en mesure de montrer que les préconisations qui sont basées sur le profil investisseur de leur client ne sont pas réduites à des supports sécuritaires.»Selon Jean-Philippe Robin, «une majorité - 71% - des cabinets qui ont recours à O2S, notre solution d’agrégation de comptes et de connaissance client, ont utilisé au moins une fois la fonctionnalité de profilisation. Au total, 22.500 clients ont déjà été profilés, ce qui commence à être significatif».
Complémentaires.
Le recueil et l’analyse des données clients constituant la base des bilans patrimoniaux et des logiciels d’agrégations de comptes, la création d’outils dont l’objet est de définir le profil de risque d’un investisseur à partir d’un socle identique d’informations représente un complément dans les gammes de produits des éditeurs. Ils sont trois désormais à en proposer, tous, il faut le reconnaitre, sujets à interprétations en fonction de la subjectivité des réponses des clients et de leur prise en compte de la part des conseillers.
Chez Harvest, on fait valoir que les audits menés auprès de cabinets partenaires commerciaux ont servi de base au développement de l’outil en interne. «Avec l’aide de deux chercheurs du Paris School of Economics, nous poursuivons les mises à jour en modifiant et en complétant notre questionnaire qui est disponible dans BIG et dans O2S, explique Jean-Philippe Robin.Dans les dernières versions, nous avons intégré une alerte automatique du conseiller dès que l’allocation d’actifs déterminée grâce à notre outil ne correspond plus au portefeuille du client. Dans la prochaine version (disponible en novembre), nous complétons les questions relatives à la connaissance et à l’expérience.»
De son côté, Pierre-Laurent Fleury, le président de RiskDesign, s’est associé à André de Palma et Nathalie Picard, professeurs à l'école Polytechnique (L’Agefi Actifs, n°556, pp. 22-23), auteurs d’une étude commandée par l’AMF en février 2011 (2), pour élaborer son outil de profilage, RiskTolerance, actualisé en avril dernier, qui a la particularité de mesurer la tolérance au risque et aux pertes de l’investisseur pour chaque investissement.
La société toulousaine AMC présente à son tour, à l’occasion du salon Patrimonia, une version de l’outil «DDC», pour Devoir de conseil. «Avec la nouvelle réglementation AMF-ACP, l’actualisation des données clients qui est étendue aux opérations de rachat partiel d’un contrat d’assurance vie, par exemple, doit être réalisée de manière systématique par le conseiller», rappelle Jean-Pascal Amigues.
Profilage.
Chez AMC, l’outil délivre une note à l’investisseur en tenant compte de sa connaissance et de son expérience de la Bourse et de l’assurance vie. «Pour définir ce profil score, nous nous sommes tenus au paragraphe 4.2.2 de la recommandation sur les connaissances et l’expérience du client en matière financière», poursuit le responsable.
En pratique, le client indique s’il dispose d’autres liquidités pour sa trésorerie et s’il a déjà subi une perte en Bourse. Il fait part de sa capacité à réinvestir sur une baisse et s’il accepte une baisse annuelle inférieure ou supérieure à 20%. Son état d’optimisme sur les performances à long terme est également apprécié. Cette phase d’analyse aboutit à un investissement idéal réparti selon cinq types de gestion, de sécuritaire à dynamique. Le risque de perte qui pèse sur chaque gestion est également précisé. Selon son concepteur, DDC est «totalement paramétrable car des définitions trop précises du risque ou de la liquidité, par exemple, sont une source d’insatisfaction pour les conseillers».
Finance comportementale.
«L’objectif de ce questionnaire est de confronter le client à un scénario d’investissement donc, pour bien faire, il faut tenir compte de la finance comportementale, explique Pierre-Laurent Fleury. Avec RiskDesign, nous mettons l’investisseur face à des situations de risques modérés, de pertes exceptionnelles et de gains exceptionnels afin de mesurer son niveau de tolérance au risque et de tolérance aux pertes.»La volatilité et la perte attendues du portefeuille – qui correspondent aux préférences de l’épargnant – sont matérialisées sous la forme d’une graduation. Des allocations d’actifs tenant compte des composantes – monétaire, obligations et actions – sont proposées, ainsi qu’un modèle d’optimisation de portefeuille tenant compte des préférences de l’investisseur.
(1) Recommandation 2013-R-01 de l’ACP applicable à la commercialisation des contrats d’assurance vie et position de l’AMF n° 2013-02 applicable à la commercialisation des instruments financiers.
(2)«Evaluation des questionnaires MIF en France».
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