
Les notaires affirment leur rôle devant la ministre

C’est autour du thème «des familles, des solidarités et du numérique» que les 3.000 congressistes se sont réunis du 17 au 20 septembre dernier. Les équipes du congrès ont présenté, lors de trois commissions, 12 propositions. Celles-ci ont vocation à être exposées aux pouvoirs publics. Les officiers publics ont pu voter cette année, non pas à la main, mais par SMS.
Un tirage au sort au cœur de la discorde. Lors de la séance solennelle d’ouverture Didier Coiffard, président du Conseil supérieur du notariat (CSN), s’est exprimé devant Nicole Belloubet, garde des Sceaux. Il souhaite que l’on revienne sur le tirage au sort instauré par la loi Macron pour attribuer les 1.002 nouveaux offices prévus par la loi Macron, qualifiant la procédure de « jeu de courte paille». Nicole Belloubet, qui a salué l’organisation de ces tirages au sort, et qui s’est fait huer par l’assemblée des notaires pour cela, répond que ce n’est qu’un «moyen objectif de départager des candidats qui remplissent par ailleurs toutes les conditions légales et les compétences pour être nommés notaires ». La ministre affiche ainsi sa confiance quant à l’utilité de cette réforme. «D’après les estimations de mes services, au 16 novembre 2017, les 1.002offices qui auront été créés dans le délai d’un an qui nous était imparti seront, pour 75 à 85% d’entre eux, des offices individuels ou à associé unique tenus par de nouveaux notaires libéraux dont une très grande part sont aujourd’hui notaires assistants», précise Nicole Belloubet. Cette dernière ajoute que plus de 12.000notaires seront comptabilisés fin 2017, dont 9.600 libéraux, dans 5.600offices, «soit 23% de plus qu’au 1er janvier 2015». Elle s’interroge sur la nécessité d’augmenter encore ce nombre, soulignant que «c’est une vraie question». Dans tous les cas, elle indique que «l’horizon des 1.650 notaires préconisés» doit être respecté, mais que c’est une augmentation «progressive» qui sera faite, sachant qu’elle veillera à ce que «les offices existants ne soient pas fragilisés». La ministre s’est fait applaudir par les congressistes sur ce point.
Formation. A noter qu’une réforme de la formation des notaires est demandée par le CSN au ministère de la Justice, afin de réunir en un seul établissement la voie d’accès au diplôme du notaire. Certains commentateurs relèvent que cette réforme pourrait permettre aux notaires de contrôler davantage les nouveaux entrants dans la profession notariale, et ainsi contrer indirectement la procédure de tirage au sort.
Pour un divorce devant notaire. Didier Coiffard a ensuite abordé la question du divorce par consentement mutuel sans juge, qui a été confié au avocats, les notaires étant chargés d’enregistrer la convention de divorce sous signature d’avocat. Relevant que des alliances en bonne entente se sont formées sur le terrain entre avocats et notaires, pour fluidifier l’opération de divorce au bénéfice du client, Didier Coiffard indique qu’il veut croire que la garde des Sceaux ne donnera pas suite aux «revendications agressives du Conseil national des barreaux (CNB) de disposer de la force exécutoire». Pour mémoire, Pascal Eydoux, président du Conseil national des barreaux, s’était indigné du comportement des notaires, leur reprochant de ne pas accepter d’être des «prestataires de services sur un marché concurrentiel» à l’instar des avocats. Didier Coiffard ajoute qu’il serait «pertinent de faire un véritable divorce devant notaire tel qu’il se pratique en Espagne, en Roumanie ou dans bien d’autres Etats européens». Pour Nicole Belloubet, la réforme du divorce n’est pas «une occasion ratée», les métiers d’avocat et de notaire étant complémentaires.
Par ailleurs, pour Didier Coiffard, il y a bien des domaines où le notaire pourrait se substituer au juge, tels que l’adoption de l’enfant de son conjoint ou encore le changement du régime matrimonial en présence d’un enfant mineur. Nicole Belloubet répond que ses services y réfléchissent.
Appel à une interprofessionnalité dans un cadre sécurisé. Le président du CSN a ensuite abordé la structuration des études, et plus particulièrement la société pluriprofessionnelle d’exercice (SPE), qui permet au métier du droit et du chiffre d’exercer au sein de la même structure. Celle-ci «souffre encore d’imprécisions», notamment sur la question de la responsabilité civile professionnelle du professionnel. En effet, les notaires «bénéficient automatiquement du contrat national par le CSN pour des montants inégalés», rappelle Didier Coiffard. Le règlement de cet aspect permettrait, selon ce dernier, d’avancer aux côtés des experts-comptables, afin d’offrir aux chefs d’entreprise le «regard croisé dont ils ont besoin». Il indique s’être entretenu avec le président du Conseil supérieur des experts-comptables Charles-René Tandé à cette fin.
5.000 demandes d’habilitation familiale. Nicole Belloubet a également rappelé l’enjeu significatif de la protection juridique des personnes vulnérables, et le rôle que pourraient avoir les notaires dans la réflexion actuelle de changer le régime du contrôle de comptes de gestion d’une personne sous tutelle. En outre, l’habilitation familiale, introduite par une ordonnance du 15octobre 2015, comptabilise 5.000demandes, informe la ministre. Une proposition a d’ailleurs été faite par la commission « Solidarités » sur ce dispositif. En effet, si l’habilitation familiale peut être qualifiée de «tutelle allégée», il reste que ce dispositif, à la lecture des textes, pourrait être interprété comme étant accessible uniquement aux personnes vulnérables en forte perte d’autonomie. En pratique, les juges ont tendance à refuser la mesure au prétexte que la personne montre du discernement. Pour permettre au dispositif d’être prononcé dans les mêmes conditions d’accès que les autres mesures de protection, une modification du texte de loi a donc été proposée et acceptée par 100% des notaires présents.
Mandat de protection future et mesure de publicité. Pour redonner de l’efficacité au mandat de protection future, les notaires ont également voté, à 89,7% des voix, le fait de permettre au mandant de doter son mandataire du pouvoir de vendre son logement. Enfin, les officiers publics ont plébiscité à 97,2% l’inscription de toutes les mesures judiciaires au répertoire civil, dont mention est portée en marge de l’acte de naissance. La commission famille espère que le «registre spécial» qui doit être adopté par décret pour le mandat de protection future prévoit une publicité non seulement au moment de sa mise en œuvre mais aussi lors de sa signature.
Développer le prêt viager hypothécaire. Parmi les autres mesures soumises au vote des notaires, il y a la promotion du prêt viager hypothécaire. Les conditions financières - taux d’intérêt élevé, et demande de garantie supérieure à la valeur du bien - n’ont pas permis à ce jour son développement. La commission «solidarité» propose de créer un fonds de garantie de l’Etat - en refléchant les fonds utilisés pour financer l’adaptation du logement - dont le rôle serait de prendre en charge la différence entre le montant total de la créance et la valeur du bien donné en garantie, afin d’assurer aux banques le remboursement total de la dette de l’emprunteur. Ce fonds de solidarité ne jouerait un rôle que de manière subsidiaire. La proposition est restreinte au financement de l’adaptation du logement à la perte d’autonomie. La commission «famille» (lire l’encadré) et la commission «numérique» ont également adopté un certain nombre de propositions. Concernant cette dernière, il a été proposé de voir reconnaitre un caractère patrimonial à de la donnée numérique. Plus politique, les notaires ont également proposé que soit faite une distinction sans équivoque entre Blockchain et authenticité.
Plus d'articles du même thème
-
La Chancellerie souhaite déjudiciariser le règlement des successions vacantes
Le garde des sceaux entend transférer ces prérogatives aux professions du droit qui apportent des « garanties » en termes de compétence et de responsabilité. -
La Cour d’appel de Paris condamne des notaires au civil dans l’affaire Apollonia
Cette décision intervient alors que le procès pénal contre les responsables d'Apollonia a commencé fin mars devant le tribunal correctionnel de Marseille. -
Les «frais de notaire» vont augmenter en 2025
Le plafond des droits de mutation sera augmenté de 0,5 point pendant trois ans.
Sujets d'actualité

ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- Le logement en France : une crise durable
- L’outil fiscal a un effet marginal sur l'expatriation des hauts patrimoines
- Andera officialise la cession de Patrimmofi à Vyv
- Le Médiateur de l’assurance alerte sur les «trous de garanties» lors des substitutions des couvertures emprunteurs
- Les ménages face au nouveau paradigme immobilier
Contenu de nos partenaires
-
Wall Street recule face au ralentissement de l'emploi malgré la perspective de baisses de taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). La place américaine se montre quelque peu «angoissée» face à un possible «ralentissement économique» aux Etats-Unis, a souligné Jose Torres, analyste d’Interactive Brokers. Le marché du travail a continué à se dégrader en août aux Etats-Unis, avec un taux de chômage en progression, à 4,3%, selon les données officielles publiées vendredi par le ministère du Travail américain. La première économie mondiale a créé seulement 22.000 emplois le mois dernier, un niveau bien inférieur à ceux auxquels les Etats-Unis étaient habitués. Les analystes s’attendaient à 75.000 créations d’emploi, selon le consensus publié par MarketWatch. Les investisseurs demeurent prudents, ne connaissant pour le moment pas encore «toutes les implications de cette faiblesse persistante du marché du travail», notent les analystes de Briefing.com. Le flou autour des droits de douane de Donald Trump risque de continuer à freiner les embauches, a relevé par ailleurs Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management. Mais ce rapport sur l’emploi donne aussi le feu vert à un assouplissement monétaire de la part de la banque centrale américaine (Fed) lors de sa réunion de septembre, avec la possibilité d’un futur coup de fouet pour l'économie. Il «laisse également entendre que d’autres mesures seront nécessaires pour stabiliser le marché du travail avant la fin de l’année», a noté Samuel Tombs, analyste de Pantheon Macroeconomics. Les acteurs du marché s’attendaient déjà à ce que le Fed réduise ses taux dans une fourchette de 4,00% à 4,25% lors de sa prochaine réunion. Désormais, ils sont aussi une majorité à anticiper d’autres baisses lors des réunions d’octobre et de décembre, selon l’outil de veille FedWatch CME. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, les taux d’intérêt ont nettement reculé. Vers 20H15, le rendement de l’obligation d’Etat américaine à échéance 10 ans tombait à 4,09%, contre 4,16% jeudi en clôture. A deux ans, il reculait à 3,52% contre 3,59%. Au tableau des valeurs, le géant des semi-conducteurs Broadcom a brillé (+9,41% à 334,89 dollars) après l’annonce de résultats supérieurs aux attentes pour le troisième trimestre de son exercice décalé, tant au niveau de son chiffre d’affaires que de son bénéfice net par action. Le groupe pharmaceutique Kenvue a chuté (-9,15% à 18,66 dollars) après parution d’informations de presse assurant que le ministre américain de la Santé pourrait lier son médicament phare, le Tylenol, au développement de l’autisme chez l’enfant. Selon le Wall Street Journal, le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, contesté pour ses positions antivaccins, s’apprêterait à lier la prise d’acétaminophène (ou paracétamol) - principe actif du Tylenol aux Etats-Unis ou Doliprane en France - chez les femmes enceintes au développement de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, dont l’autisme. Le spécialiste des véhicules électriques Tesla (+3,64% à 350,84 dollars) a été recherché après que son conseil d’administration a proposé un plan de rémunération inédit sur dix ans pour son patron Elon Musk, qui pourrait lui rapporter plus de 1.000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise. L'équipementier sportif Lululemon Athletica a plongé (-18,58% à 167,80 dollars) en raison de prévisions ne convainquant pas les analystes. L’entreprise s’attend à un bénéfice net par action compris entre 12,77 et 12,97 dollars pour l’année complète, alors que les anticipations étaient de 14,15 dollars. Nasdaq © Agence France-Presse -
Wall Street clôture en baisse après des chiffres décevants de l'emploi américain
Washington - La Bourse de New York a clôturé en baisse vendredi après la dégradation du marché du travail en août aux Etats-Unis, l’inquiétude d’un ralentissement économique prenant le pas sur l’optimisme quant à une baisse des taux de la Fed. Le Dow Jones a reculé de 0,48% et l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,32%. L’indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a terminé proche de l'équilibre (-0,03%). Nasdaq © Agence France-Presse -
Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse