
JPMorgan Chase s’empare de First Republic Bank

Les interventions en urgence des autorités américaines se multiplient dans le secteur bancaire. Après les faillites successives en mars de Silicon Valley Bank et Signature Bank, les régulateurs américains ont annoncé lundi avoir saisi First Republic Bank et avoir conclu un accord en vue de céder la banque régionale à JPMorgan Chase à l’issue d’une procédure d’appel d’offres. Le groupe bancaire va reprendre 103,9 milliards de dollars (94,5 milliards d’euros) de dépôts et racheter l’essentiel des 229,1 milliards de dollars d’actifs de la banque californienne, a indiqué l’agence fédérale de garantie des dépôts (FDIC). Il s’agit de la deuxième plus importante faillite bancaire de l’histoire des Etats-Unis après celle de Washington Mutual en 2008. A l’époque, les actifs de la banque basée à Seattle avaient également été majoritairement acquis par JPMorgan.
Concernant First Republic, fondée en 1985, «notre gouvernement nous a invités, ainsi que d’autres, à intervenir, et nous l’avons fait», a déclaré dans un communiqué Jamie Dimon, PDG de JPMorgan, en expliquant que cette transaction permettra de «minimiser les coûts» pour la FDIC. L’opération implique en effet que les prêts octroyés par First Republic soient réévalués à la baisse et ceci coûtera à l’agence fédérale environ 13 milliards de dollars. Elle absorbera 80% des pertes et fournira des lignes de crédit de 50 milliards de dollars sur 5 ans à JPMorgan.
Une valeur boursière ramenée à zéro
Les 84 agences de First Republic pourront rouvrir normalement lundi et les clients de la banque conserveront la totalité de leurs dépôts, ont précisé les autorités américaines. En revanche, l’action First Republic, qui a été suspendue, ne reprendra pas la cotation, sa valeur ayant été ramenée à zéro. A la clôture de vendredi, la capitalisation boursière de la banque était tombée à 654 millions de dollars, contre plus de 20 milliards en début d’année. L’action JPMorgan gagnait 2,4% lundi en milieu de séance à Wall Street. A l’opposé, PNC Financial Services et Citizens Financial, qui faisaient figure de candidats principaux à la reprise de First Republic, chutaient de respectivement 6,5% et 5,2%.
JPMorgan a indiqué que la transaction aura un effet relutif sur son bénéfice par action dès cette année. La première banque américaine en termes d’actifs accroîtra son bénéfice net de 500 millions de dollars par an, hors prise en compte d’une plus-value exceptionnelle de 2,6 milliards de dollars et de charges de restructuration de 2 milliards de dollars. Selon Keith Horowitz, analyste chez Citigroup, l’opération semble logique d’un point de vue stratégique pour JPMorgan, car elle lui permettra «d’accélérer sa croissance dans la gestion de patrimoine aux États-Unis, où First Republic a réussi à gagner des parts de marché par le passé ».
Certains problèmes restent en suspens
De son côté, le gouvernement fédéral a déclaré dans un communiqué que le système bancaire américain restait «sain et résilient». Pour Erika Najarian, analyste chez UBS, «cette opération ne résout pas les problèmes liés au niveau des taux d’intérêt et aux turbulences réglementaires qui affectent les banques régionales». Elle juge néanmoins que la solution trouvée permettra d’apaiser les craintes des investisseurs concernant la liquidité de ces banques. Interrogé lors d’une conférence téléphonique pour savoir si d’autres banques pourraient subir le même sort que First Republic, Jamie Dimon a répondu qu’il restait quelques établissements ayant des niveaux de dépôts non garantis auprès d’une clientèle fortunée similaires à ceux de First Republic. Mais «cette partie de la crise est terminée», a ajouté le dirigeant.
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