
L’Esma met à mal l’indépendance des CGPI
La position finale du régulateur européen des marchés financiers (Esma) sur les modalités pratiques de la directive MIF II s’agissant de la protection des investisseurs (articles 24 et suivants) a été publiée en décembre dernier. A l’appui de cet avis, la Commission européenne doit adopter ses actes délégués au plus tard en janvier 2017, étant précisé que le Parlement européen et le Conseil peuvent exercer leur droit d’opposition dans un délai de trois mois.
Une indépendance onéreuse.
Cet avis technique rend difficile la préservation du «I» des conseils en gestion de patrimoine indépendants (CGPI). En effet, la directive MIF II enjoint au professionnel d’informer son client –avant la fourniture d’un conseil en investissements financiers– de la nature indépendante ou non de cette prestation. Lorsqu’il s’agit d’un conseil indépendant, il ne peut percevoir de commissions de ses fournisseurs. Dans l’hypothèse où il en aurait perçues, il doit les reverser à son client dans un délai raisonnable et l’informer de cette interdiction et/ou de son reversement.
A cette fin, le régulateur impose la mise en place d’une politique visant à s’assurer que les commissions reçues sont bien transférées aux clients. La pratique consistant à établir un mandat entre le client et la plate-forme afin que le CGPI puisse toujours percevoir un versement de la part d’une plate-forme, dès lors que celle-ci encaisse au nom et pour le compte du CGPI la rémunération de ce dernier payée par le client, devra être entérinée.
Quant aux avantages en nature mineurs, la Commission est invitée à dresser une liste exhaustive de ceux qui sont autorisés –au titre desquels figureraient les informations fournies sur les instruments financiers ou les services, la participation à des conférences, séminaires et autres activités de formation portant sur les avantages et les caractéristiques d’un instrument financier spécifique ou un service d’investissement.
Par ailleurs, les exigences organisationnelles pénaliseront les plus petites structures. Le conseil indépendant doit mettre en place un process de sélection d’un éventail suffisant d’instruments financiers disponibles sur le marché, ces derniers devant être assez diversifiés quant à leurs types et à leurs émetteurs pour garantir que les objectifs d’investissement du client puissent être atteints de manière appropriée.
L’Esma indique que ces produits financiers ne doivent pas être constitués uniquement de fonds maison ou de fonds d’entités ayant des liens étroits (juridiques ou économiques) avec le professionnel délivrant le conseil. Lorsque tel est le cas, l’entreprise devrait distinguer, pour chaque type d’instrument financier, la proportion en architecture ouverte. Plus généralement, l’information globale du client sur une analyse large ou restreinte des produits financiers a été rejetée par le régulateur qui estime que les clients, qu’ils soient professionnels ou non, doivent avoir suffisamment de détails sur le nombre d’instruments financiers et de fournisseurs analysés pour chaque type de produit.
Le cumul des prestations encadré.
Perçu par plusieurs associations comme une échappatoire, le cumul des prestations de conseil indépendant et non indépendant –le commissionnement étant possible dans ce dernier cas– est certes autorisé par l’Esma mais bien encadré. Ainsi, l’entreprise devra expliquer la portée de ces deux prestations afin de permettre au client de comprendre la différence entre celles-ci et éviter de se présenter comme un conseiller en investissement indépendant. A cette fin, le professionnel ne doit pas mettre en avant «de manière excessive» dans sa communication ses services de conseil indépendant par rapport aux autres.
Enfin, l’autorité de contrôle européenne impose la mise en place d’une organisation adéquate assurant la séparation des activités. Ainsi, un collaborateur ne devrait pas rendre les deux prestations. Pour Jérôme Sutour, associé chez CMS Bureau Francis Lefebvre, «les exigences de l’Esma qui empêcheraient à un individu de fournir, selon le cas, un conseil dépendant ou indépendant sont contradictoires avec le principe de choix visé dans le préambule de MIFII. Cela peut rendre délicat le maintien des structures de CGPI unipersonnelles et l’architecture ouverte».
Commissionnement du conseil non indépendant.
Les professionnels rendant des conseils non indépendants pourront percevoir des commissions dans la mesure où l’Esma est revenue sur sa position, très largement contestée, visant à ne les autoriser que lorsqu’elles ne constituent pas la principale source de revenus du cabinet.
L’Esma recommande à la Commission de clarifier, à travers une liste non exhaustive d’exemples, la notion d’amélioration du service fourni au client justifiant la perception de commissions. S’inspirant largement de la recommandation n°2013-10 de juillet 2013 de l’Autorité des marchés financiers, l’existence d’un suivi du conseil sur le long terme contribuerait à l’amélioration du service rendu. Le régulateur inclut également l’accès à un large éventail d’instruments financiers adaptés, notamment en architecture ouverte, ou à des informations périodiques permettant au client de gérer son investissement. La société devrait être en mesure de démontrer le respect de cette exigence d’amélioration de la qualité du service rendu et les mesures prises pour ne pas nuire à l’obligation d’agir dans l’intérêt du client en maintenant une liste interne des commissions et avantages en nature perçus.
Lorsqu’un suivi de la prestation est fourni, la société doit en définir les modalités. L’Esma prône un réexamen au moins annuel de la pertinence des recommandations formulées, étant précisé que la fréquence doit être plus importante en fonction du profil de risque du client et du type d’instruments financiers recommandés.
Transparence.
L’information ex ante sur les coûts et frais liés aux instruments financiers et aux services doit être donnée aux clients en temps utile. Les coûts et les charges globales devraient être totalisés et exprimés à la fois en montant et en pourcentage. Lorsque ces frais sont basés sur des hypothèses, ils doivent être accompagnés d’une mention selon laquelle ces projections peuvent s’écarter des frais qui seront réellement supportés par le client. Ce dernier devra avoir une information ex post au moins annuelle et personnalisée dès lors qu’il a ou a eu une relation continue avec son conseiller au cours de l’année.
L’Esma estime que les rétrocommissions sont des frais supportés par le client et doivent être ainsi communiquées au client de manière distincte des autres coûts. Enfin, les entreprises d’investissement indiqueront l’effet de ces coûts sur le retour sur investissement par le biais d’une illustration. Il est laissé aux Etats membres le soin de définir le format des informations à fournir en sachant que c’est à la Commission qu’il appartiendra de résoudre toute incohérence entre les obligations de transparence des frais issues de la directive MIF II et du règlement Prip.
Politique de gestion des conflits d’intérêts.
Faisant fi des critiques formulées quant à la rigidité d’une telle norme, l’Esma maintient une revue au moins annuelle de la politique de gestion des conflits d’intérêts, estimant que cette réévaluation s’inscrit naturellement dans la mission de contrôle des risques de l’entreprise et est notamment compatible avec l’obligation de contrôle annuel de la politique de réception-transmission d’ordres. Elle considère également ne pas aller au-delà des recommandations de la directive en prescrivant la communication au client de la nature et/ou de la source des conflits d’intérêts et du risque en découlant pour celui-ci. Enfin, pour répondre aux associations de consommateurs qui estimaient que la directive n’était pas suffisamment précise quant au fait que tout type de commissionnement est en soit une source de conflit d’intérêts, le régulateur européen rappelle que tous les commissionnements sont soumis aux règles des inducements (CESR 07-228b - p 4).
Politique de rémunération.
Quant à la politique de rémunération des réseaux, l’Esma maintient un champ d’application large puisqu’est concernée toute personne qui peut avoir une incidence, directe ou indirecte, sur l’investissement et les services auxiliaires fournis par l’entreprise d’investissement, que le client soit de détail ou professionnel, et inclut les incitations non financières comme la promotion de carrière. La politique de rémunération des entreprises doit tenir compte des intérêts de tous les clients afin que ces derniers soient traités équitablement et que leurs intérêts ne soient pas altérés par les pratiques de rémunération adoptées par l’entreprise, que ce soit à court, moyen ou long terme.
L’Esma recommande que la rémunération variable ne soit pas uniquement basée sur des critères commerciaux quantitatifs mais également qualitatifs, reflétant la conformité à la réglementation applicable, le traitement équitable des clients et la qualité des services fournis aux clients… Par ailleurs, un équilibre approprié entre les composantes fixes et variables de la rémunération doit être maintenu en tout temps.
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Anthropic règle un litige majeur sur le droit d’auteur en IA avec un accord à 1,5 milliard de dollars
New York - La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi. Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans le débat sur l’utilisation de données pour développer et entraîner les grands modèles d’IA générative. «Cet accord historique est le plus élevé pour une affaire de droits d’auteur», a commenté auprès de l’AFP l’avocat des détenteurs de droits, Justin Nelson, du cabinet Susman Godfrey. «C’est le premier de son genre dans l'ère de l’IA». Fin juin, le juge californien saisi du dossier avait néanmoins estimé que le fait d’alimenter un logiciel d’IA générative avec des oeuvres en théorie protégées par le droit d’auteur ne constituait pas une infraction. Il avait seulement retenu contre Anthropic le téléchargement et le stockage de livres issus de librairies pirates en ligne, reconnaissant la société californienne coupable de ne pas avoir acheté ces ouvrages. «Nous sommes en désaccord avec l’opinion du tribunal selon laquelle on peut séparer le téléchargement d’une oeuvre de son utilisation», a indiqué une porte-parole d’Anthropic. Mais «nous pensons que cet accord va nous permettre de nous concentrer sur notre mission essentielle, plutôt que sur un long contentieux», a-t-elle ajouté. Le montant sur lequel se sont accordées les parties sera au minimum de 1,5 milliard de dollars et pourrait augmenter si la liste définitive des livres concernés, qui n’est pas encore arrêtée, dépassait 500.000, auquel cas Anthropic verserait 3.000 dollars de plus par ouvrage. L’accord doit encore être homologué par le juge William Alsup. Une audience est prévue lundi au tribunal fédéral de San Francisco. «Un début» Cette transaction permet à Anthropic d'éviter un procès, qui devait démarrer début décembre pour déterminer le montant des dommages et intérêts. La start-up risquait d'être condamnée à débourser une somme bien supérieure à celle décidée avec les détenteurs de droit, au point de mettre en péril son existence même. L’accord «va assurer à chaque (plaignant) une indemnisation significative», a fait valoir Justin Nelson, «et il établit un précédent en matière de paiement des détenteurs de droits.» De nombreux autres dossiers sont encore en cours devant des tribunaux américains, initiés par des écrivains, musiciens ou éditeurs de presse pour utilisation non autorisée de leur production. Vendredi, deux écrivains ont lancé un recours, qu’ils souhaitent collectif, contre Apple, accusant le géant de la Silicon Valley d’avoir utilisé des oeuvres contenues dans des bibliothèques pirates pour entraîner les modèles d’IA intégrés dans ses appareils. La plupart des grands acteurs de l’IA générative s’appuient sur la notion juridique d’utilisation équitable («fair use» en anglais), susceptible de limiter l’application du droit de propriété intellectuelle. Dans sa décision de juin, le juge Alsup avait estimé qu’en entraînant ses modèles d’IA, baptisés Claude, avec des milliers de livres, Anthropic s’inscrivait dans le cadre de l’utilisation équitable. «Le principe juridique selon lequel le développement de l’IA sur des oeuvres protégées relève d’une utilisation équitable demeure intact», a souligné la porte-parole d’Anthropic. Cet accord «ne fait que régler un différend sur la façon dont certains documents ont été obtenus», a-t-elle poursuivi. En juin, dans une autre affaire de ce type, concernant Meta, devant la même juridiction, un autre magistrat fédéral avait donné raison au géant des réseaux sociaux, mais tout en expliquant que les plaignants auraient pu soulever des arguments recevables. Les créateurs de contenu, qu’il s’agisse de musique, de livres ou d’articles, s’inquiètent de voir la valeur marchande de leur travail s’effondrer avec l'émergence des interfaces d’IA générative. «Nous espérons qu’il s’agisse du premier exemple d’une longue série de sociétés d’IA à qui on demande des comptes pour le vol de contenu créatif», a réagi l’organisation Human Artistry Campaign, qui milite pour un développement responsable de l’IA. «Ce n’est qu’un début», a écrit l’association sur X, «mais il est marquant et historique.» Thomas URBAIN © Agence France-Presse -
Donald Trump rebaptise le Pentagone en « ministère de la Guerre » pour afficher la puissance américaine
Washington - Donald Trump a signé vendredi un décret visant à rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre», ajoutant qu’il voulait par là envoyer un «message de victoire» et «de force» au reste du monde. Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. «Les mots comptent», a dit le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le Bureau ovale, assurant que cette nouvelle appellation devait permettre de «restaurer une éthique guerrière». Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation «supplémentaire», selon un document distribué dès jeudi par la Maison Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait «plus clair» au fur et à mesure de sa mise en place. Peu après la signature du décret présidentiel, les mots «ministère de la Défense» ont été immédiatement retirés d’un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme «ministre de la Guerre» sur X. «Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès», a prévenu Donald Trump. «Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de le faire». «Trop défensif» Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d'étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. «Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs», avait-il déclaré. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l’armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires. Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d’une dérive autoritaire. Contre le «politiquement correct» Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l’armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l’a qualifié d’"aspirant dictateur». Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat. Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s’entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d’un discours viriliste et d’opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l’objectif de l’armée américaine était d’atteindre «une létalité maximale, pas une létalité tiède». Il a dit vouloir aller à l’encontre du «politiquement correct». Aurélia END © Agence France-Presse -
Australie : la chasse à l’homme d’un « citoyen souverain » recherché pour le meurtre de deux policiers
Sydney - Les autorités australiennes ont promis samedi une récompense de plus de 500.000 euros pour toute information pouvant mener à l’arrestation du meurtrier présumé de deux policiers, un adepte des théories du complot dont la cavale depuis près de deux semaines tient le pays en haleine. Desmond Freeman, 56 ans, est recherché par plus de 450 policiers dans le bush australien depuis une fusillade mortelle le 26 août lors d’une perquisition à son domicile dans la petite ville de Porepunkah, dans le sud-est du pays-continent. Après avoir multiplié les appels à la reddition et interrogé ses proches, la police de l’Etat de Victoria a annoncé qu’elle paierait un million de dollars australiens (environ 560.000 euros) en échange d’informations permettant de le retrouver, un montant sans précédent pour cette force. «Cette somme reflète la gravité de ce crime violent et notre engagement à localiser Freeman dès que possible afin qu’il cesse de représenter un risque pour la population», a expliqué l’inspecteur Dean Thomas, insistant sur une récompense «susceptible de changer une vie». Freeman est soupçonné d’avoir abattu Neal Thompson, 59 ans et Vadim De Waart, 35 ans, qui faisaient partie d’une équipe de de dix agents venus perquisitionner chez lui dans une affaire non précisée, et d’en avoir blessé un troisième. Les victimes appartiennent à une section de la police chargée des délits et crimes à caractère sexuels et pédophiles. Ces faits sont exceptionnels dans un pays où les armes automatiques et semi-automatiques sont interdites depuis qu’un tireur isolé a massacré 35 personnes, en 1996, sur l'île de Tasmanie. Le monument national qui rend hommage aux policiers tués en service liste le dernier cas de décès par balle en 2023. «Terrain difficile» La police considère que Desmond Freeman, en fuite dans une zone de forêt dense, est lourdement armé. Les médias australiens décrivent le suspect comme un adepte de théories du complot radicalisé, qui a fait état de sa haine envers la police. Selon eux, il ferait partie de la mouvance complotiste des «citoyens souverains», dont les membres refusent l’autorité de l’Etat et de se soumettre aux lois. Sa femme Amalia Freeman et leur fils adolescent ont été brièvement placés en garde à vue par les enquêteurs, avant d'être relâchés. L'épouse du suspect a lancé un appel public pour qu’il se rende. "À ce stade, rien n’indique que Freeman soit assisté par une personne spécifique, néanmoins, compte tenu du terrain difficile et des besoins de s’approvisionner, cela reste une possibilité», a souligné la police samedi dans un communiqué, n’excluant pas non plus l’hypothèse d’un décès. Apparue aux Etats-Unis dans les années 1970, la mouvance des «citoyens souverains» se répand aujourd’hui en ligne, notamment sur Facebook dans des groupes où se côtoient des activistes mais aussi des opportunistes cherchant par exemple un moyen de s’affranchir du règlement de certaines factures. En France, ses adeptes estiment que l’Etat n’existerait pas en tant qu’entité publique mais serait en réalité une entreprise de droit privé créée en 1947, à laquelle ils n’auraient pas à se soumettre sans consentement. L’un deux a été condamné en avril à cinq mois de prison pour avoir refusé un contrôle de gendarmerie. © Agence France-Presse