
Assurance-vie : les fonds en euros n’ont plus d’avenir

Les épargnants français privilégient toujours, et depuis longtemps, les contrats d’assurance-vie composés de fonds en euros, censés offrir la sécurité tant recherchée pour protéger leur capital des aléas des marchés financiers. Les chiffres sont frappants: les fonds en euros culminent à près de 1.600 milliards d’euros et représentent près de 80% des encours totaux de l’assurance-vie en France. Pourtant, le contexte a bien changé au cours des dernières années avec la baisse continue des rendements. L’irruption des taux négatifs sur les marchés obligataires souverains, y compris sur des échéances de longue durée pour les meilleures signatures, redessine les enjeux patrimoniaux. Les compagnies d’assurance-vie peuvent-elle encore garantir le capital des fonds en euros à leurs souscripteurs? Rien n’est moins sûr.
Déjà, les dispositions réglementaires ont commencé à évoluer. Depuis l’adoption de la loi Sapin 2, fin 2016, le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) a désormais la possibilité d’imposer, en cas de besoin, le rendement aux épargnants qui détiennent des fonds en euros (article 21 Bis). A titre conservatoire, il est également prévu que le HCSF puisse suspendre, retarder ou limiter les retraits sur ces contrats afin de préserver la stabilité du système financier ou prévenir des risques pouvant mettre en grande difficulté financière les compagnies d’assurance.
Les mesures prises par le législateur semblent par conséquent légitimes mais ne règlent pas le problème systémique potentiel posé par la taille des encours des fonds euros détenus par les épargnants français dans les contrats d’assurance-vie. En outre, l’enveloppe fiscale avantageuse de l’assurance-vie est actuellement dans la ligne de mire des gouvernements. Ainsi, la remise en cause des avantages fiscaux attachés aux contrats d’assurance-vie souscrits avant 1983, prévue dans le cadre de l’examen du PLF 2020, est un nouveau coup dur porté aux épargnants concernés qui comptent souvent sur ce placement ouvert il y a plusieurs décennies pour se constituer un complément de revenu à la retraite.
Créer un nouveau placement fiscalement avantageux et destiné à financer l’économie réelle
Par ailleurs, dans le contexte actuel, il est tout à fait légitime de s’interroger sur le scénario d’un relèvement brutal des taux qui ferait porter un risque de signature aux assureurs en cas de rachats massifs des contrats d’assurance vie investis très majoritairement sur des fonds en euros. Rappelons en effet que la hausse des taux fait baisser mécaniquement la valorisation des actifs obligataires. Les provisions pour participation aux excédents (PPE) et les réserves de capitalisation prises sur les plus-values se révéleraient sans doute insuffisantes pour faire face à des mouvements de retraits significatifs.
Le constat est donc éloquent: non seulement l’assurance-vie investie sur les fonds en euros n’a plus d’avenir en raison de la faiblesse des rendements versés et d’une fiscalité rognée pour les anciens contrats mais le risque systémique sur la liquidité de ces contrats est aujourd’hui bien réel. Plutôt que de poursuivre des «rafistolages» réglementaires ou encore de dissuader les Français d’investir sur les fonds en euros en proposant d’augmenter les frais de gestion, ce qui achève de réduire à néant les maigres rendements de ces placements, il conviendrait plutôt d’inciter les épargnants à réorienter leur épargne vers l’économie réelle. La prise de risque doit être véritablement récompensée, ce qui est encore loin d’être le cas en France. Cet électrochoc salutaire pourrait passer par la création d’un nouveau véhicule d’investissement, fiscalement avantageux et véritablement orienté vers le financement des entreprises.
Plus d'articles du même thème
-
Les associations d’épargnants en quête d'un nouveau souffle
Afer, Agipi, Asac-Fapes, Gaipare : comme les Trois mousquetaires, les grandes associations d’épargnants sont quatre. Pour rester dans la course face à une concurrence plus agile, elles modernisent leurs offres et ciblent un public plus jeune. Si le défi reste de taille, elles sont déterminées à réaffirmer leur rôle autant auprès des particuliers qu'au cœur du débat public. -
L’acquisition de Lombard International dope les résultats d’Utmost Wealth
La filiale du groupe britannique a doublé sa collecte en assurance vie au premier semestre 2025. -
L’assurance-vie reste un puissant moteur pour les bancassureurs français en 2025
De nouveaux records de collecte en assurance-vie ont été battus ce semestre, preuve s’il en faut de la très forte dynamique du segment pour les bancassureurs nationaux. La compétition est également rude sur l’épargne retraite. En matière d’épargne, les stratégies et priorités divergent mais la performance est au rendez-vous.
Sujets d'actualité

ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Les promoteurs immobiliers veulent croire en une reprise proche
- Tracfin a encore intensifié ses signalements en 2024
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- L’exonération du régime mère-fille dépasse le seul cadre de l’impôt sur les sociétés
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
L’aventure au poignet
Toujours propice à l’aventure, le garde-temps Santos explore de nouvelles pistes créatives. Cartier dévoile ainsi six nouvelles déclinaisons de son icône horlogère, à la fois montre de forme et de caractère. -
A cœur vaillant
Motif iconique de la Maison Poiray, le Cœur Entrelacé traverse le temps grâce à ses lignes épurées. Il se décline désormais en version titane et mini. -
Un air de Paris
Interparfums, spécialisé dans la création et la distribution de fragrances de prestige sous licence, lance Solférino Paris, sa première marque de haute parfumerie.