
Epargne et transition écologique : soyons à la hauteur de l’enjeu !

Le gouvernement a annoncé son plan pour une industrie verte, avec la volonté affichée d’accélérer la ré-industrialisation du pays en s’appuyant sur les besoins et les innovations de la transition écologique. Pour y parvenir, et pour résister à la compétition des subventions de l’Inflation Reduction Act (IRA) des Etats-Unis, il va falloir investir beaucoup plus, en prenant plus de risques et à plus long terme. Les financements publics ne suffiront pas, au regard des sommes à engager. Il va donc falloir trouver le relai des investissements privés et mettre à contribution la capacité d’épargne des Français. Problème, la structure actuelle de l’épargne des Français est largement dominée par des placements liquides, sans risque, à court-terme, et largement défiscalisés. La hausse des taux récente n’a fait qu’accentuer cette tendance : au cours des 3 premiers mois de 2023, le livret A et le LDDS (Livret Développement Durable et Solidaire) ont ainsi enregistré une collecte nette de près de 25 milliardsd’euros !
Il y a quelques mois, le gouvernement nous avait promis une réponse à cette équation! Après quelques semaines d’attente, nous y voilà! En lieu et place d’un nouveau livret, il s’agit de «relooker» le livret jeune existant en le transformant en un «Plan épargne avenir climat». Destiné aux jeunes - ou plus exactement à l’argent que leurs parents placent pour eux avant leur majorité - il devrait bénéficier d’une rémunération à taux fixe supérieure à celle du livret A, sans aucune fiscalité. Avec ce nouveau livret, l’exécutif ambitionne, en vitesse de croisière, de collecter environ un milliard d’euros par an. Vous avez bien lu, c’est ce que les livrets existants ont récoltés en moyenne tous les 4 jours au cours du premier trimestre !
On attendait un signal fort de réorientation de l’épargne. La montagne accouche d’une souris. Cette annonce n’est évidemment pas à la hauteur de l’enjeu. Il y avait pourtant des mesures de bon sens à portée de décision : la première aurait été le fléchage (enfin !) du LDDS vers les investissements de la transition écologique, pour remédier à l’incongruité que le Ministre de l’Economie ne cesse de dénoncer depuis des années ; la seconde de capitaliser sur la réforme en cours du label ISR pour l’inscrire de façon volontariste dans cette direction, en conditionnant le label à un minimum d’investissement dans les solutions ou la transition.
Au-delà, l’essentiel est de réapprendre aux épargnants à investir dans le capital et l’innovation, plutôt que de les gaver de produits défiscalisés et sans risque. L’investissement en capital à impact se développe heureusement, mais il bute sur des freins, réglementaires et comportementaux. Les épargnants ont peu accès à ces produits et les réseaux bancaires et les assureurs restent réticents à les distribuer. Démocratiser réellement le private equity à impact aurait dû être le cœur du nouveau dispositif. Une idée parmi d’autres aurait été de dupliquer le mécanisme existant pour financer les entreprises de l’économie sociale et solidaire en créant des fonds 90/10 dont 10% seraient consacrés à des investissements dans des entreprises non cotées à impact.
Ce «plan d’épargne avenir climat» ne prépare pas l’avenir et ne répond pas au défi du climat. C’est une regrettable occasion manquée.
Plus d'articles du même thème
-
La chaire de triple comptabilité veut apporter sa pierre à la durabilité des entreprises
Cette nouvelle chaire vise, avec l’école d’économie Aix-Marseille et l’Institut Louis Bachelier, à apporter une caution académique à la méthodologie du cabinet conseil Goodwill Management. -
Un groupe d'investisseurs publics et privés lève son premier fonds pour 510 millions de dollars
Le fonds d'infractrures durables est géré par Pentagreen Capital. -
Le Fonds de réserve des retraites accueille sa responsable ISR
Sophie Haas va déployer la politique d'investissement responsable du FRR. Elle rejoint la direction financière.
Sujets d'actualité

ETF à la Une

BNP Paribas AM se dote d’une gamme complète d’ETF actifs
- Les promoteurs immobiliers veulent croire en une reprise proche
- Tracfin a encore intensifié ses signalements en 2024
- Sébastien Lecornu commence son chemin de croix budgétaire avec Fitch Ratings
- L’exonération du régime mère-fille dépasse le seul cadre de l’impôt sur les sociétés
- L’Union européenne cherche la clé d’une épargne retraite commune
Contenu de nos partenaires
-
RDC: à Ntoyo, dans le Nord-Kivu, les survivants des massacres commis par les ADF enterrent leurs morts
Ntoyo - Lundi soir, les habitants de Ntoyo, un village de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’apprêtaient à assister à des funérailles quand une colonne d’hommes armés a surgi de la forêt. «Parmi eux, il y avait de très jeunes soldats», raconte à l’AFP Jean-Claude Mumbere, 16 ans, rescapé d’un des deux massacres commis par les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées) dans la nuit de lundi à mardi, l’un à Ntoyo et l’autre dans un village distant d’une centaine de kilomètres. Le bilan de ces attaques, au moins 89 tués selon des sources locales et sécuritaires, a peu de précédent dans une région pourtant en proie à une instabilité chronique, victime depuis trente ans de multiples groupes armés et conflits. Les ADF, groupe armé né en Ouganda et qui a prêté allégeance à l’Etat islamique, est connu pour une extrême de violence à l'égard des civils. «Ils étaient nombreux et parlaient une langue que je ne comprenais pas. De loin, ils portaient des tenues qui ressemblaient à celles des militaires», se souvient le jeune homme, venu assister mercredi aux funérailles de sa soeur, l’une des victimes de ce nouveau massacre perpétré dans la province du Nord-Kivu. Plus de 170 civils ont été tués par les ADF depuis juillet dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, selon un décompte de l’AFP. Plus au sud, malgré les pourparlers de paix de ces derniers mois, des affrontements se poursuivent entre l’armée congolaise (FARDC) et affiliés, et le groupe armé antigouvernemental M23, soutenu par le Rwanda et son armée, qui s’est emparé des grandes villes de Goma et de Bukavu. A Ntoyo, Didas Kakule, 56 ans, a été réveillé en sursaut par les premiers coups de feu. Il dit avoir fui avec femmes et enfant à travers les bananeraies pour se réfugier dans la forêt voisine, avec d’autres habitants. Tapis dans l’obscurité, les survivants n’ont pu que contempler leurs maisons consumées par les flammes. «Les coups de feu ont retenti longtemps. Ma maison a été incendiée, ainsi que le véhicule qui était garé chez moi. Chez nous, heureusement, personne n’a été tué», dit Didas Kakule. Jean-Claude Mumbere, lui, a été touché par une balle pendant sa fuite. «Ce n’est qu’après m'être caché dans la forêt que j’ai réalisé que je saignais», affirme-t-il. «Inaction» Mercredi, Ntoyo, 2.500 habitants, n'était plus qu’un village fantôme, et la plupart des survivants partis se réfugier dans l’agglomération minière voisine de Manguredjipa. Une dizaine de corps étaient encore étendus sous des draps ou des bâches, battus par une forte pluie. Des volontaires ont creusé des tombes, assistés par des jeunes des environs, et planté 25 croix de bois dans la terre humide. Une partie des dépouilles avait déjà été emportée par les familles, les cercueils ficelés à la hâte sur des motos. Parmi les quelques proches de victimes venus aux funérailles, Anita Kavugho, en larmes devant la tombe de son oncle. Il est mort "à cause de l’inaction des autorités qui ne réagissent pas aux alertes», peste la jeune femmme, une fleur à la main. Des pickups de l’armée congolaise stationnent non loin, devant un véhicule calciné. Le déploiement de l’armée ougandaise (UPDF) aux côtés de l’armée congolaise dans le nord-est de la RDC depuis 2021 n’a pas permis de mettre fin aux multiples exactions des ADF, groupe formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais. Quatre militaires congolais étaient présents à Ntoyo au moment de l’attaque. Les renforts stationnés à environ 7 km à Manguredjipa sont arrivés trop tard. «C’est leur faillite, on signale aux militaires que les assaillants sont tout près, et ils n’arrivent pas à intervenir», lâche Didas Kakule, amer. Cette énième tuerie risque d’aggraver la «fissure» entre l’armée et la population, estime Samuel Kakule, président de la société civile de Bapere. Les ADF «se dispersent en petits groupes pour attaquer nos arrières», répond le lieutenant Marc Elongo, porte-parole de l’armée congolaise dans la région, présent à Ntoyo mercredi. Quelques jours auparavant, les forces ougandaises et congolaises s'étaient emparées d’un bastion ADF dans le secteur et avaient libéré plusieurs otages du groupe, selon l’armée. Mais comme souvent, les ADF se sont dispersés dans la forêt, et ont frappé ailleurs. Une stratégie pour attirer les militaires loin de ses bases, selon des sources sécuritaires. © Agence France-Presse -
En eaux troubles
Pourquoi Emmanuel Macron se trompe de A à Z sur le compte des socialistes
Les stratèges de l’Elysée se fourvoient doublement : sur le degré supposé de fébrilité des députés PS en cas de dissolution et sur l’importance pour Olivier Faure de ne pas se dissocier des écologistes à six mois des municipales. -
En formation
Après les véhicules électriques, la Chine défie l'Europe et les Etats-Unis dans le transport aérien
L'avionneur chinois pourrait prochainement enregistrer sa première commande à l'étranger pour son C919, concurrent direct de l'A320 et du B737