
Vivendi détaille son projet de scission et voit monter la grogne de minoritaires

Le groupe de médias et de divertissement Vivendi a annoncé mardi que son conseil de surveillance avait arrêté les résolutions qui seront soumises aux actionnaires lors de l’assemblée générale mixte qui se tiendra le 9 décembre pour approuver la séparation de Canal+, d’Havas et de Louis Hachette Group.
«Pour Canal+ et Louis Hachette Group, celles-ci porteront sur une opération d’apport partiel d’actifs soumis au régime des scissions partielles, emportant attribution directe aux actionnaires de Vivendi des titres émis à l’occasion de cet apport», a indiqué le groupe dans un communiqué. «L’adoption de ces deux résolutions requerra la majorité des deux tiers», a précisé Vivendi. Louis Hachette Group regroupera la participation de 66,53% dans Lagardère et de 100% de Prisma Media.
«Dans le cas d’Havas, il s’agira d’une résolution de distribution en nature des actions de la société holding de tête du groupe Havas, Havas NV, de nationalité néerlandaise», a ajouté Vivendi, en précisant que l’adoption de cette résolution nécessitera la majorité simple.
«Chaque actionnaire de Vivendi ayant droit à participer à l’opération de séparation recevra, pour chaque action Vivendi détenue, une action Canal+, une action Havas NV et une action Louis Hachette Group, tout en conservant son action Vivendi», selon les conditions d’attribution et de distribution détaillées par le groupe.
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Scission le 16 décembre
Vivendi a en outre indiqué qu'à la date de la scission le 16 décembre, la dette nette d’Havas NV sera «quasi-nulle», tandis que celle de Canal+ sera «de l’ordre de 400 millions d’euros, dont 255 millions d’euros sont liés à son investissement dans [le diffuseur sud-africain, ndlr] MultiChoice depuis le 8 avril 2024".
Louis Hachette Group n’aura pour sa part pas d’endettement financier propre tandis que Vivendi aura une dette nette de 1,9 milliard d’euros, après déduction d’un prêt de 540 millions d’euros consenti à Lagardère en juin de cette année, a ajouté Vivendi.
En cas de vote favorable le 9 décembre, la première cotation de Canal+, Havas et Louis Hachette Group aura lieu le 16 décembre, a également rappelé Vivendi.
Concernant la gouvernance des différentes entités, Vivendi fait les annonces suivantes : Yannick Bolloré et Arnaud de Puyfontaine demeureront respectivement président du conseil de surveillance et président du directoire de Vivendi. Yannick Bolloré sera en outre président du conseil de surveillance de Canal+ et PDG d’Havas NV. Maxime Saada restera président du directoire de Canal+, tandis qu’Arnaud de Puyfontaine deviendra président non exécutif du conseil d’administration d’Havas NV. Chez Louis Hachette Group, le poste de PDG sera occupé par Jean-Christophe Thiery et celui de directeur général délégué par Grégoire Castaing.
Grogne de minoritaires
Dans la perspective de ce rendez-vous du 9 décembre, certaines voix commencent à s'élever pour contester le bienfait de l’opération d'éclatement. Le fonds Ciam a annoncé mardi son intention de saisir l’Autorité des marchés financiers (AMF) afin de s’assurer que les droits des actionnaires soient respectés.
Le fonds qui s'était déjà impliqué dans plusieurs dossiers sensibles en termes de gouvernance - Scor, Atos, etc. - indique détenir moins de 1% de Vivendi. Mais il conteste la logique de l’opération et estime que ces scissions pourraient contourner les lois boursières françaises protégeant les actionnaires minoritaires. Le Yalta des actifs de Vivendi permettrait, selon Ciam, à Bolloré d'échapper à la réglementation applicable aux OPA obligatoires tout en renforçant son contrôle sur les activités de Vivendi.
Ciam, qui a l’intention de «contester vigoureusement» le projet lors de l’assemblée générale des actionnaires en décembre, réclame le lancement d’une OPA sur les actions Vivendi.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse