
Des gestions s’allient pour accélérer la féminisation des instances dirigeantes

Les gestions montent au créneau. Alors que le gouvernement semble avoir renonce à l’idée de quota obligatoire de femmes dans les comités exécutifs – comme il l’avait fait pour les conseils d’administration – Amundi, Axa IM, La Banque Postale AM, Sycomore AM, Mirova et Ostrum AM, représentant près de 3.000 milliards d’euros d’actifs sous gestion, créent le 30% Club France Investor Group afin de promouvoir une meilleure diversité femmes-hommesau sein des instances dirigeantes – comités exécutifs ou comités de direction – des sociétés du SBF 120. L’objectif est clair : un minimum de 30% de femmes dans ces instances en 2025. «Ce niveau de 30% n’est pas un objectif final, mais une étape de la promotion des femmes dans l’entreprise, explique à L’Agefi Marie Fromaget, co-présidente, avec Amundi, du 30% Club France Investor Group et analyste Capital Humain et Diversité chez AXA IM. D’ici 2025, nous rendrons des comptes régulièrement, en nous appuyant notamment sur les bonnes pratiques. Nous allons également construire une base de données pour monitorer la part des femmes dans les politiques RH».
«Nous ne voulons pas de quotas obligatoires, mais attendons une démarche volontaire des entreprises. Nous allons dialoguer avec elles – avec la direction générale, les RH, le conseil, et le comité de nomination – pour les inciter à mettre en place une politique concrète de féminisation à tous les niveaux de l’entreprise, et pas seulement au comex, notamment en cultivant un vivier de talents féminins, poursuit Marie Fromaget. Si les engagements des entreprises sont au point mort ou si elles refusent de dialoguer, chaque société de gestion se réserve la possibilité d’exprimer son désaccord en assemblée générale». Si cette coalition d’investisseurs n’a pas encore décidé de la façon dont pourrait s’exprimer ce désaccord, elle pourrait consister en une opposition aux renouvellements d’administrateurs, en particulier les membres du comité de nomination, et de manière ad hoc et non concertée.
Plus loin que le code Afep-Medef
Le code Afep-Medef prévoit expressément que le conseil «détermine des objectifs de mixité au sein des instances dirigeantes» et décrit, dans le rapport sur le gouvernement d’entreprise, «les objectifs de cette politique, leurs modalités de mise en œuvre, les résultats obtenus au cours de l’exercice écoulé, en incluant le cas échéant, les raisons pour lesquelles les objectifs n’auraient pas été atteints et les mesures prises pour y remédier». Pour autant, «seuls 17% du SBF 120 ont publié des objectifs», constate Marie Fromaget.
Au-delà de ses six membres fondateurs, le 30% Club France Investor Group souhaite accueillir d’autres gestions. «Nous avons déjà reçu des marques d’intérêt de gros gestionnaires d’actifs britanniques», confie Marie Fromaget. En effet, Axa IM n’est pas novice dans ce lobbying. La société de gestion a rejoint en 2017 le 30% Club Investor Group créé en 2011 au Royaume-Uni. Outre-Manche, cette action a porté des fruits. Au sein du FTSE 350, les comités exécutifs comptent aujourd’hui 20,8% de femmes, contre 17,6% en 2017, et les conseils ont 33% de femmes, contre 9,5% en 2011, une seule société ne compte aucune administratrice. «Au Royaume-Uni, le groupe d’investisseurs bénéficie en outre du soutien explicite de certaines entreprises à travers le Club des dirigeants», ajoute Marie Fromaget. Le 30% Club Investor Group est également actif au Japon, au Canada, au Brésil et en Australie.
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Les Norvégiens aux urnes pour des élections législatives à suspense
Oslo - Les Norvégiens votent lundi pour des législatives très disputées, où les troubles géopolitiques liés à la politique de l’administration Trump et à la guerre en Ukraine pourraient bénéficier au gouvernement de gauche sortant. Les sondages donnent une courte avance à la gauche emmenée par le Premier ministre travailliste Jonas Gahr Støre. Dans un paysage politique fragmenté, l’issue du scrutin dépendra de la capacité des neuf principaux partis à se hisser au-delà des 4% des votes, seuil qui assure une représentation au Parlement. Alors qu’un record de 1,9 million de Norvégiens, soit plus de 47% du corps électoral, ont déjà voté par anticipation, les premières projections devraient être connues à 21H00 (19H00 GMT) à la fermeture des derniers bureaux de vote. Dans cette nation prospère de 5,6 millions d’habitants, la campagne a tourné autour de questions intérieures comme le coût de la vie, les inégalités, les services publics et la fiscalité, notamment l’impôt sur la fortune. «Ce qui a vraiment préoccupé les gens, c’est leur situation quotidienne, leur économie personnelle, vous savez, comment faire face à la hausse des prix», a déclaré M. Støre aux médias après avoir voté, avec son épouse, dans un lycée d’Oslo. Pour le politologue Johannes Bergh, le dirigeant de 65 ans, fort de son expérience de Premier ministre depuis 2021 et de ministre des Affaires étrangères avant cela, a bénéficié du besoin de stabilité de la population face à l'élection de Donald Trump, aux droits de douane et à la guerre en Ukraine. Membre de l’Otan mais pas de l’Union européenne, la Norvège partage une frontière commune avec la Russie dans l’Arctique, et son économie est très dépendante des exportations. Selon une moyenne des sondages de septembre réalisée par www.pollofpolls.no, les travaillistes et leurs alliés pourraient remporter 88 mandats, soit trois de plus que la majorité, sur les 169 sièges au Storting, le Parlement monocaméral. Entrepreneur de 78 ans, Knut Aga est un de ces électeurs qui dit vouloir «de la stabilité». «L’Europe est plus ou moins en guerre. La situation n’est pas très bonne aux Etats-Unis (...) C’est pourquoi je veux être plus en sécurité», a-t-il dit à l’AFP à la sortie d’un bureau de vote à Oslo. «Reprendre le contrôle» M. Støre a aussi bénéficié de l’implosion en début d’année de l'épineuse coalition qui liait les travaillistes au parti du Centre, formation eurosceptique axée sur les intérêts ruraux, et de l’arrivée au gouvernement de l’ex-chef de l’Otan, le populaire Jens Stoltenberg, devenu ministre des Finances. «Nous avons besoin d’une nouvelle politique en Norvège», a au contraire affirmé une de ses principales rivales, l’ex-Première ministre conservatrice Erna Solberg, en votant dans sa ville natale de Bergen (ouest). Mathématiquement, s’il reste aux manettes, M. Støre aura vraisemblablement besoin de l’appui de l’ensemble des quatre autres forces de gauche, y compris le parti du Centre, les écologistes et les communistes. Or, les points de discorde foisonnent: les travaillistes sont notamment favorables à la poursuite des activités pétrolières qui ont fait la fortune du royaume, tandis que les écologistes s’y opposent. Ces deux formations sont en revanche d’accord pour entretenir des liens étroits avec l’UE, laquelle fait figure d'épouvantail pour le parti du Centre et l’extrême gauche. Cette dernière réclame, elle, que le fonds souverain du pays, le plus gros au monde, se retire totalement d’Israël, ce que les travaillistes rejettent. En face, la droite est également divisée: le parti conservateur de Mme Solberg est distancé dans les sondages par le parti du Progrès (FrP) de Sylvi Listhaug, formation populiste anti-immigration et désormais première force d’opposition. Contrairement à la gauche unie derrière une candidature unique, tant Mme Listhaug, 47 ans, que Mme Solberg, 64 ans, lorgnent le poste de Premier ministre. La première peut faire valoir de meilleures intentions de vote que la seconde, mais elle est également plus clivante, notamment pour les électeurs modérés. «Veut-on continuer comme avant, dépenser toujours plus et garder des impôts et taxes très élevés sans en avoir plus pour notre argent que dans les pays voisins ou veut-on reprendre le contrôle et arrêter le gaspillage?», a-t-elle dit lundi au micro de la chaîne TV2. Pour ne rien arranger, le bloc de droite compte aussi deux petits partis de centre droit, dont les Libéraux qui s’opposent au FrP sur de nombreux sujets comme le climat, l’UE et l’immigration. Jonathan KLEIN et Pierre-Henry DESHAYES © Agence France-Presse