
Contre les poussées de fièvre souverainiste, prenez un Doliprane

Personne ne prétend plus, en 2024, vouloir brader la souveraineté sanitaire et industrielle de la France. Depuis quatre jours, l’annonce de la vente du Doliprane au fonds américain CD&R donne pourtant lieu à une hystérie collective dont le pays a le secret. Le piège s’est refermé sur le gouvernement, apôtre du produire tricolore, mais soucieux de ne pas faire fuir les investisseurs étrangers : le voilà sommé de bloquer le rachat des activités grand public de Sanofi alors qu’aucune logique industrielle ne le justifie.
Le célèbre médicament ne représente qu’une fraction des revenus d’Opella, la division dont Sanofi a choisi de céder la moitié du capital. Mais il est présent dans toutes les armoires à pharmacie de nos concitoyens. Au nom de la défense de l’outil industriel et de ses 1.700 salariés en France, nullement menacés à ce jour, voilà promue grande cause nationale une molécule, le paracétamol, qui existe depuis 140 ans et dont les déclinaisons et les équivalents génériques abondent. Le laboratoire lyonnais Seqens, détenu par un fonds d’investissement, a même prévu d’en relocaliser la production sur le territoire d’ici deux ans. Dès lors, il est permis de penser que l’avenir de notre industrie pharmaceutique se joue ailleurs que dans la petite boîte jaune.
Les responsables politiques devraient plutôt s’interroger sur le pourquoi et le comment de ces enchères. Opella ne dispose pas sur ses marchés de marques assez puissantes et de notoriété mondiale. Il n’a attiré aucune offre de rachat de la part d’un industriel. Prétendre que le français PAI Partners, le second fonds en lice, aurait dû être préféré à CD&R au nom du patriotisme économique, est un argument spécieux. Ces deux acteurs du private equity s’engagent sur des horizons de temps équivalents dans l’optique d’une revente, et rendent des comptes à des investisseurs institutionnels dont la plupart sont étrangers.
Assurer la souveraineté sanitaire, c’est faire en sorte que des laboratoires et leurs actionnaires trouvent un intérêt à développer, produire et vendre des molécules innovantes en France, par exemple le prochain Ozempic qui fait la fortune du danois Novo Nordisk. C’est éviter, chez Sanofi, de revivre l’humiliation de la crise sanitaire, durant laquelle le groupe s'était montré incapable de lancer en temps et en heure un vaccin anti-Covid. Du tarif des médicaments au crédit d’impôt recherche, en passant par le prélèvement annuel sur les revenus des laboratoires, le champ de réflexion est vaste du côté de la puissance publique. A l’heure où s’engage la discussion sur les budgets 2025 de l’Etat et de la Sécurité sociale, il mérite d’autres débats que les éternelles rodomontades de la classe politique et syndicale.
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Décès de Rick Davies, voix de Supertramp, créateur de tubes rock mondiaux
New York - Le chanteur et cofondateur du groupe de rock britannique Supertramp Rick Davies («Breakfast in America») est décédé samedi à l'âge de 81 ans après dix ans de lutte contre le cancer, a annoncé la formation. Auteur de nombreux tubes comme «Goodbye Stranger» ou «Bloody Well Right», Rick Davies, né en 1944 à Swindon en Angleterre, est décédé à son domicile de Long Island aux Etats-Unis. Le chanteur et auteur-compositeur est mort «après avoir combattu un myélome multiple pendant plus de dix ans», indique le groupe dans un message publié dans la nuit de dimanche à lundi sur Facebook. «En tant que coauteur aux côtés de son partenaire Roger Hodgson, il était la voix et le pianiste derrière les chansons les plus emblématiques de Supertramp, laissant une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique rock», indique encore le groupe. En 2015, Rick Davies avait annoncé souffrir d’un myélome multiple, un cancer de la moelle osseuse, débutant un «traitement agressif» qui avait contraint Supertramp à renoncer à une tournée européenne. Il en a ensuite souffert pendant plus d’une dizaine d’années, et le groupe n’est plus remonté sur scène. Avec le chanteur et bassiste Roger Hodgson, il avait fondé ce groupe de rock progressif à Londres en 1969, après avoir passé une petite annonce pour recruter des membres. Après «Crime of the Century» (1974) et «Crisis? What Crisis?» (1975), Supertramp avait connu un succès planétaire en 1979 avec l’album «Breakfast in America», qui s’est vendu à des dizaines de millions d’exemplaires et a remporté deux Grammy Awards. Au chant et au clavier, Rick Davies était le seul membre fondateur de Supertramp encore à bord depuis le départ de Roger Hodgson en 1983, peu après la sortie de «Famous Last Words». Il n’avait, en théorie, plus le droit de jouer les chansons de ce dernier sur scène, comme le tube «The Logical Song». Le groupe s'était dissous en 1988 après une tournée mondiale, puis s’est reformé en 1996, produisant deux albums supplémentaires et alternant des périodes de pause et de tournée jusqu’en 2012. «Après avoir fait face à de graves problèmes de santé qui l’ont empêché de continuer à tourner avec Supertramp, (Rick Davis) a continué de jouer avec des amis de sa ville natale sous le nom de Ricky and the Rockets ", a indiqué le groupe dans sa déclaration. © Agence France-Presse -
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Nouvelle-Zélande: la police abat un père en cavale avec ses enfants depuis 2021
Piopio - Un Néo-zélandais, disparu depuis près de quatre ans avec ses trois jeunes enfants, a été tué lors d’une confrontation armée avec la police, ont annoncé lundi les autorités, épilogue d’une cavale qui avait tenu le pays d’Océanie en haleine. Tom Phillips s'était enfui avec ses enfants en décembre 2021 après une dispute avec son ex-compagne, un fait divers qui avait particulièrement secoué la ville de Waikato, sur l'île du Nord, où l’on soupçonnait qu’il se cachait. Tôt lundi matin, la police a été appelée pour un vol dans un magasin de cette ville située dans le nord de l'île, apparemment commis par deux personnes à bord d’un quad. M. Phillips avait jusqu’ici réussi à échapper à toute interpellation, malgré plusieurs signalements, notamment pour une précédente tentative d’effraction dans un magasin le mois dernier. La police a immobilisé le quad à l’aide d’une herse posée sur la route, après quoi des coups de feu ont été tirés. Jill Rogers, commissaire adjointe pour la région des districts du Nord a indiqué qu’une «deuxième patrouille est arrivée et a engagé le combat» avec le fugitif, qui est ensuite décédé, après avoir grièvement blessé par balle un policier. Enfants retrouvés M. Phillips était accompagné d’un de ses enfants. Celui-ci n’a pas été blessé et a été pris en charge. Les deux autres ont été retrouvés vers 16H30 (04H30 GMT), après une journée entière de recherches, dans un camping isolé dans la brousse. Ils auraient 9, 10 et 12 ans, selon les médias néo-zélandais. Environ 50 agents avaient été affectés à leur recherche. La police soupçonnait Tom Phillips d’avoir commis plusieurs infractions depuis sa fuite, et l’avait accusé de vol aggravé, de blessures graves et de possession illégale d’une arme à feu. Deux policiers ont rapporté à l’AFP sous couvert d’anonymat que les autorités craignaient depuis longtemps que l’affaire ne se termine par une fusillade. Selon ces sources, la police aurait reçu divers témoignages sur la santé des enfants, ce qui l’a incitée à ne pas lancer de recherches à grande échelle afin de ne pas menacer leur sécurité. Elle pense que des habitants ont offert au fugitif et à ses enfants le gîte et le couvert depuis sa fuite. La mère des enfants, prénommée Cat, a exprimé du soulagement en évoquant ses enfants: «ils nous ont énormément manqué chaque jour, et nous attendons avec impatience de les accueillir à la maison,» a-t-elle confié à la radio RNZ. «En même temps, nous sommes attristés par la tournure des événements d’aujourd’hui. Nous avons toujours espéré que les enfants puissent revenir en paix et en sécurité.» La mère a demandé de respecter le droit à la vie privée de la famille pour que les enfants se réintègrent dans un «environnement stable et aimant» après avoir «enduré une période longue et difficile». Ben STRANG © Agence France-Presse