
Ampere, la branche électrique de Renault, testera l’appétit des investisseurs

Renault a confirmé mardi la création en 2023 d’une filiale dédiée au véhicule électrique et aux logiciels afin d’accélérer sa transition vers le tout électrique en Europe. Cette branche, baptisée Ampere, sera créée juridiquement au premier semestre de l’année prochaine et sera basée en France, a précisé à L’Agefi le directeur financier de Renault, Thierry Piéton. Elle emploiera environ 10.000 personnes. «Nous créons une entité autonome qui développera, fabriquera et commercialisera des véhicules 100% électriques, sous la marque Renault. Mais à la différence d’autres ‘pure players’, nous ne partons pas de zéro», a souligné le dirigeant.
La production sera localisée dans le nord de la France, au sein du pôle ElectriCity créé par Renault en 2021. Ce pôle produit déjà la Megane E-Tech, lancée en avril, qui constitue la première d’une gamme de six véhicules dont les lancements sont prévus d’ici à 2030. «Les quatre premières voitures - Renault 5, Renault 4, Scenic et un autre véhicule du segment B - sont toutes à un niveau de développement avancé. Nous savons combien elles vont coûter, [en dehors de] l'évolution des matières premières, et combien les clients sont prêts à payer», a également souligné Thierry Piéton.
De quoi crédibiliser, selon le directeur financier, les objectifs ambitieux de rentabilité et de flux de trésorerie que s’est fixés le constructeur. Ampere doit atteindre un flux de trésorerie opérationnel positif en 2025 et une marge opérationnelle de 10% en 2030. A cet horizon, le pôle espère vendre 1 million de véhicules électriques par an, soit environ dix fois plus que les ventes de véhicules électriques à l'échelle du groupe en 2021.
Une IPO prévue fin 2023
Pour accompagner cette montée en charge, Renault a noué des partenariats de long terme avec certains fournisseurs pour les principaux composants : Verkor, Envision pour les batteries; Vulcan, Terrafame pour les matières premières; Valeo pour les motorisations électriques, parmi d’autres. Le groupe entend également faire du véhicule électrique un «smartphone sur roues», dans lequel des développeurs pourront proposer de nouveaux services et qui fera l’objet de mises à jour régulières. Dans cette optique, il a annoncé mardi l’approfondissement de son partenariat avec le fabricant américain de puces électroniques Qualcomm, qui prendra une participation minoritaire au sein d’Ampere.
D’autres investisseurs pourraient s’inviter au capital, afin de réduire les coûts et les délais de développement de nouveaux véhicules. C’est notamment le cas de Nissan et Mitsubishi, les partenaires japonais de Renault, qui discutent avec le constructeur des conditions de leur entrée. Renault a également confirmé mardi vouloir introduire en Bourse son futur pôle électrique. L’opération pourrait avoir lieu «à la fin 2023, sous réserve des conditions de marché», a précisé Thierry Piéton. «L’objectif en accédant à du capital externe est d’accélérer le développement d’Ampere en investissant dans une plus grande partie de la chaîne de valeur du véhicule électrique», a souligné le directeur financier.
Renault conserverait une participation importante, supérieure à 50% du capital, tout en laissant une place attractive à d'éventuels partenaires industriels et en assurant un flottant suffisant, a-t-il ajouté. Si ce projet de scission peut sembler alléchant au vu des valorisations boursières obtenues par les fabricants de véhicules électriques, il pourrait se heurter à des difficultés techniques, notamment pour séparer les activités électriques du reste de la production, soulignent les analystes de RBC. De fait, peu de constructeurs généralistes ont sauté le pas jusqu'à présent. Le projet de Renault fera figure de test.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse