Washington veut libérer ses réserves de pétrole et fait chuter les cours

Fabrice Anselmi
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Le cours du Brent progresse de près de 40% depuis le début de l’année.  -  Photo jpenrose / Pixabay.

L’administration Biden a annoncé auprès de plusieurs sources vouloir libérer jusqu’à 180 millions de barils en provenance de sa réserve stratégique de pétrole (SPR) sur plusieurs mois. Le président américain prononcera jeudi un discours sur les mesures précises, a déclaré la Maison-Blanche, qui tente de faire baisser les prix du carburant à l’approche de la «driving season» américaine.

Il s’agirait de la troisième fois que les Etats-Unis puisent dans leurs réserves stratégiques après décembre et début mars, et de la plus importante libération de pétrole en près de 50 ans d’histoire du SPR.

Jusqu’à présent, ces recours à la SPR n’ont pas réussi à faire baisser les prix, alors que la demande mondiale a presque atteint les niveaux prépandémiques et que l’offre s’est resserrée au niveau mondial. Les prix du pétrole ont bondi - jusqu’à 139 dollars/baril et un plus haut depuis 2008 début mars - depuis que la Russie a envahi l’Ukraine fin février. Les Etats-Unis et leurs alliés ont réagi en imposant de lourdes sanctions à la Russie, deuxième exportateur mondial de pétrole brut - les Américains ont décidé d’un embargo sur le pétrole russe, mais pas l’Union européenne (UE).

Un effet ponctuel

Les analystes doutent cependant que cela ait beaucoup d’effet au-delà du court terme : les Etats-Unis libéreraient seulement 1 million de barils/jour (mbj) pendant les six prochains mois - ce qui est également le signe d’une crise ukrainienne durable -, sur une demande attendue d’environ 100 mbj pour 2022 selon l’Agence américaine de l’énergie (EIA). Ceux de Goldman Sachs évoquent encore un déficit d’approvisionnement bien plus structurel «dans les années à venir».

Après une hausse de 3% à la suite de pourparlers décevants sur l’Ukraine, le cours du Brent européen (contrat 1 mois), a chuté jeudi matin de 111 à 106 dollars/baril (-5%), tandis que celui du brut WTI américain perdait près de 6%, de 108 à 102 dollars/baril.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l’Opep+, dont la Russie, se réunissent ce jeudi, et devraient s’en tenir à l’augmentation de production prévue de 400.000 barils/jour en avril et en mai. Les pays membres de l’Agence internationale de l'énergie (AIE) se réunissent également vendredi pour décider d’une éventuelle libération collective de réserves de pétrole.

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