
Le secteur technologique remet la Bourse de Paris dans le jeu

Quasiment gelé depuis l’arrivée de la Française des Jeux fin 2019, mis à part quelques poignées d’opérations de plus petite taille sur le segment non réglementé d’Euronext Growth et le cas spécifique de 2MX Organic pas considéré comme une introduction en Bourse (IPO) classique, le marché des IPO à la Bourse de Paris reprend vie.
Coup sur coup, trois groupes français considérés depuis des années comme des prétendants naturels à la Bourse ont officiellement annoncé réfléchir à une cotation dans les prochains mois sur Euronext Paris : le spécialiste du stockage de données OVHcloud, le site de vente de voitures Aramis Group et la chaîne de garages PHE (ex-Autodis). Cette dernière est prête à tenter sa chance à nouveau après avoir dû rebrousser chemin une première fois en 2018.
Ces trois candidats s’ajoutent au groupe de musique Believe dont le projet de cotation avait été révélé fin 2020. La liste aurait pu s’allonger si Vivendi avait choisi une IPO à Paris plutôt qu’une scission pour Universal Music Group, avec une cotation à Amsterdam.
Effet Covid
Ces ambitions boursières interviennent au moment où les marchés financiers s’inquiètent des conséquences de la remontée des taux pour la valorisation des actions, sans pour autant étonner Alexis Le Touzé, responsable de l’activité primaire actions (equity capital market, ECM) pour la France chez BNP Paribas : «La volatilité est certes plus élevée qu’avant le Covid mais elle reste relativement stable, sous les 25 pour l’indice européen V2X, ce qui est tout à fait acceptable pour mener à bien une introduction en Bourse.» La banque française a recensé une cinquantaine de dossiers de mise en Bourse potentiels d’ici à cet été pour la région Europe-Moyen Orient-Afrique.
Les récentes introductions en Bourse réalisées en Europe ont montré que les investisseurs étaient disposés à suivre ce type de projet. Pour le groupe polonais de traitement des colis InPost ou le site de vente de voitures allemand Auto1, la demande d’actions a dépassé plus de dix fois le nombre de titres mis en vente. Et les actions de ces groupes cotent aujourd’hui au-dessus de leurs prix de mise en Bourse.
Ces arrivées et ces projets confirment la tendance espérée par les banquiers en début d’année : la prédominance du secteur technologique dans les IPO, déjà visible sur d’autres marchés européens, que ce soit Deliveroo à Londres, InPost à Amsterdam, Auto1 et Vantage à Francfort ou, moins récemment, Allegro à Varsovie. Mis à part PHE, OVHcloud, Aramis et Believe ont une dimension «digitale» et ont tous profité de l’effet Covid sur lequel ils comptent s’appuyer pour obtenir la meilleure valorisation possible.
Believe croit en Paris
Pour la Bourse de Paris, ces projets de cotation tombent à pic au moment où Londres est prêt à assouplir les règles du London Stock Exchange pour lui permettre de retrouver une partie des attraits perdus avec le Brexit, et face à la concurrence d’Amsterdam dans les actions, même si la Bourse néerlandaise appartient aussi à Euronext. Le LSE reste tout de même la place de référence pour les IPO en Europe, avec 38 dossiers depuis le début de l’année, pour une valeur de 8,7 milliards d’euros, contre 12 introductions et 5,4 milliards d’euros en Europe continentale, selon les données de Dealogic.
Ces dernières années, les groupes de technologie français, à l’image de Criteo, avaient aussi tendance à se laisser séduire par la promesse de valorisations meilleures à New York. «L’argument selon lequel New York permettrait d’obtenir des valorisations supérieures ne se vérifie pas nécessairement dans les chiffres. L’allemand Auto1 par exemple est entré en Bourse sur les mêmes niveaux de valorisation que l’américain Vroom», indique Alexis Le Touzé. Selon lui, les investisseurs américains mais aussi asiatiques hésitent moins aujourd’hui à s’engager au capital de sociétés européennes. Un exemple récent : le fonds américain Digital Colony et son confrère asiatique RRJ se sont engagés avant l’IPO à acheter ensemble la moitié des actions mises en vente par Vantage, la filiale de Vodafone.
Autre signe positif pour Euronext, Believe, qui hésitait encore récemment entre Paris et New York, aurait finalement opté pour Paris, a appris L’Agefi de sources de marchés. La Société Générale et HSBC travaillent déjà sur le sujet, aux côtés de Rothschild, la banque conseil du groupe de musique.
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Gaza - L’armée israélienne a appelé samedi matin les habitants de la ville de Gaza à l'évacuer vers une zone déclarée «humanitaire» plus au sud, en prévision d’un assaut au sol sur cette agglomération, la plus grande du territoire palestinien dévasté par près de 23 mois de guerre. Le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée, a lancé cet appel sur les réseaux sociaux alors que l’ONU, qui estime à environ un million les résidents de la région, a averti d’un «désastre» à venir en cas d’expansion de l’offensive sur Gaza-ville. L’armée israélienne, qui dit contrôler environ 75% de la bande de Gaza et 40% de cette agglomération, affirme vouloir s’en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages qu’il retient encore. L’appel à évacuer intervient après que le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi que les Etats-Unis étaient «en négociation approfondie avec le Hamas», dont l’attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre. «Nous leur disons: +Libérez-les (otages NDLR) tous immédiatement», sinon «ça va être terrible», a-t-il dit. M. Trump a également avancé que certains des otages pourraient être «morts récemment». L’armée israélienne estime à ce stade que 25 des 47 captifs restants à Gaza - sur 251 enlevés le 7-Octobre - sont morts. Le mouvement islamiste palestinien avait donné son accord en août à une proposition de trêve et libération des otages présentée par les médiateurs (Egypte, Etats-Unis et Qatar). Le gouvernement de Benjamin Netanyahu exige qu’il rende les armes et dit vouloir prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza. «L’armée ment» Dans son message, le colonel Adraee précise que pour «faciliter le départ des habitants» de la ville de Gaza, le secteur côtier d’Al-Mawasi, dans le sud du territoire, est déclaré «zone humanitaire». Selon l’armée, cette zone comprend des «infrastructures humanitaires essentielles», et est approvisionnée «en nourriture, tentes, médicaments et équipements médicaux». Depuis le début de la guerre, qui a ravagé la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l’ONU, l’armée a souvent bombardé des zones déclarées «humanitaires» et «sûres», affirmant y viser des combattants du Hamas. «L’armée ment aux gens, quand nous allons chercher de l’aide (...) ils ouvrent le feu», s’indigne Abdelnasser Muchtaha, 48 ans, déplacé à l’ouest de la ville de Gaza après avoir quitté son quartier pilonné de Zeitoun. Il affirme vouloir «pour l’instant» rester sur place. Déja déplacé à Al-Mawasi, avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, assène que la zone n’est «ni humanitaire ni sûre». «C’est là qu’il y a chaque jour le plus de martyrs, il n’y a pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d’eau, pas d’assainissement, pas d’aide alimentaire», dit-il. Vendredi, l’armée israélienne a encore intensifié ses opérations dans la ville de Gaza bombardant, après un appel à évacuer, une tour d’immeuble dans le centre, qui s’est écroulée comme un château de cartes. Selon l’armée, le Hamas y avait installé «des infrastructures» pour «préparer et mener des attaques» la visant. Elle avait auparavant prévenu qu’elle ciblerait «dans les jours qui viennent» des «infrastructures terroristes», en particulier dans des tours d’immeubles. Le Hamas a rejeté comme «des prétextes fallacieux et des mensonges éhontés» les affirmations d’Israël selon lesquelles il utilisait ces bâtiments. «Propagande diabolique» La Défense civile du territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait état de 42 personnes tuées vendredi par des tirs ou bombardements israéliens, dont la moitié dans la ville de Gaza. Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile. Le Hamas a dans le même temps diffusé une vidéo montrant deux otages - Guy Gilboa-Dalal et Alon Ohel - au moment où les proches et soutiens de ces captifs se mobilisaient à travers Israël pour marquer leurs 700 jours de détention et réclamer leur retour. La séquence montre M. Gilboa-Dalal demandant à M. Netanyahu de ne pas mener d’offensive dans la ville de Gaza. «Aucune vidéo de propagande diabolique ne nous affaiblira ni n'émoussera notre détermination», a réagi le Premier ministre israélien, après s'être entretenu avec les parents des deux hommes, selon son bureau. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Equipe de l’AFP dans la bande de Gaza © Agence France-Presse -
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