Euronext Growth devrait conserver le vent en poupe en 2021

Davantage de sociétés du secteur de la santé devraient rejoindre la cote parisienne. La biotech Pherecydes Pharma lance son processus d’IPO à Paris
Bruno de Roulhac
Les jeunes biotech souffrent de l’incertitude sur le calendrier de reprise des développements et essais
La biotech nantaise a mis au point une approche innovante utilisant des virus naturels tueurs de bactéries.  -  Adobe stock

En annonçant, dès le 5 janvier, son projet de cotation sur Euronext Growth, la biotech Pherecydes Pharma vient relancer l’espoir d’une année riche en introductions en Bourse sur la Place parisienne. Une bonne nouvelle alors que l’année 2020 a été décevante, avec seulement sept réelles IPO avec levées de fonds : une seule sur le marché réglementé d’Euronext (Nacon) et six sur Euronext Growth (Munic, Paulic Meunerie, Energisme, Ecomiam, Alchimie et Winfarm). Les particuliers ont montré un véritable appétit pour ces IPO sur Euronext Growth, avec un taux de souscription de plus de cinq fois sur la part qui leur était consacrée, constate Allegra Finance. En moyenne, ces sociétés ont levé 14 millions d’euros, contre 19 millions les deux années précédentes ; soit un total de 85 millions, contre 94 millions en 2019, mais loin du record de 193 millions de 2018.

Contraintes moins fortes

En outre, deux sociétés espagnoles (FacePhi Biometria et Making Science Group) ont opté pour une cotation directe sur ce compartiment. L’ancien Alternext confirme ainsi son succès. D’autant que 12 sociétés se sont transférées d’Euronext vers Euronext Growth l’an dernier – contre cinq en 2019 –, dont neuf au second semestre, et quatre en décembre. «Les contraintes d’information financière, moins lourdes sur Growth, constituent un facteur majeur de transfert, rappelle Yannick Petit, le PDG d’Allegra Finance. En outre, à capitalisation équivalente, l’activité et la liquidité sont plus fortes sur Growth que sur le compartiment C d’Euronext.» Cette accélération des transferts devrait se poursuivre cette année. Déjà DMS, Keyrus, Netgem, Tivoly et Voluntis ont annoncé leur intention de franchir le pas au premier trimestre 2021. L’an dernier, seul Solutions 30 a effectué le mouvement inverse, passant d’Euronext Growth au marché réglementé.

Les nouvelles cotations devraient aussi reprendre, cette année. «Au quatrième trimestre 2020, nous avons enregistré plus de demandes d’IPO que l’année précédente, confie Yannick Petit. Toutefois, ces entreprises doivent montrer qu’elles sont assez solides pour traverser la crise, avant de se présenter au marché, même si elles ont besoin de renforcer leurs fonds propres, notamment pour rembourser les PGE. Dans le sillage des Etats-Unis, nous anticipons l’arrivée de sociétés dans le secteur de la santé.»

Accélération dans la santé

Pherecydes Pharma donnera la tendance pour 2021. La biotech, spécialisée dans le traitement des infections bactériennes résistantes, vient de déposer son document d’information auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Créée en 2006, la biotech nantaise a mis au point une approche innovante, la phagothérapie de précision, basée sur l’utilisation de phages, des virus naturels tueurs de bactéries. Elle développe un portefeuille de phages ciblant trois bactéries parmi les plus résistantes et dangereuses, représentant plus de deux tiers des infections nosocomiales résistantes, dont le fameux staphylocoque doré. La biotech compte aussi mettre à disposition ses phages sous forme d’ATU (autorisation temporaire d’utilisation) dès le second semestre 2021.

A ce stade, Pherecydes ne précise pas le montant qu’elle souhaite lever. Mais, comme toute biotech, elle brûle du cash à un rythme soutenu. La société a affiché une perte d’exploitation de 2,7 millions d’euros en 2019, et de 2,1 millions au premier semestre 2020. Fin juin, elle disposait d’une trésorerie de 1,8 million d’euros. Les engagements des actionnaires existants permettent à la société de poursuivre son activité jusqu’au troisième trimestre 2021, précise le document d’introduction. Le capital est principalement détenu par ACE Management (Tikehau) (32%), Elaia Capital (21%), Go Capital (13%) et Omnes Capital (9%).

Guy-Charles Fanneau de La Horie, le président du directoire de Pherecydes, a déjà l’expérience de la Bourse, après avoir piloté la cotation de Neovacs en 2010. Cette biotech spécialisée dans les vaccins contre les maladies auto-immunes a toutefois depuis perdu 99% de sa valeur.

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